De nouvelles certitudes sur le prieuré


Ces renseignements sont issus pour l’essentiel de « Notre Saint-Illide », bulletin paroissial mensuel tenu depuis 1932 par l’abbé SARGES, curé de la paroisse (précedemment vicaire à l’abbaye St Géraud d’Aurillac) puis par son successeur l’abbé LAUZET jusqu’en 1964. L'auteur de ces recherches et des articles sur le Prieuré serait le savant chanoine Pierre Bouyssou, né à St Illide et curé de la paroisse jusqu'en 1919. Il passa sa retraite dans la maison Lamartinie, au sein de sa famille, jusqu'à son décès en 1942.

D’abord, une liste presque complète des prieurs de St Illide depuis 1323, en plus des quatre prieurs précédemment cités :
- 1323 à 1335 : Aymeric de Montal est le premier prieur dont le nom soit parvenu jusqu’à nous. Nommé par bulle du 16 août 1335 du pape Benoît XII,
- 1340 : Pierre de Folioles,
- 1344 à 1348 : Guy de Veyrac. En procès avec les habitants de plusieurs villages de la paroisse pour des litiges relatifs à la Dîme,
- 1353 à 1355 : Pierre de Vayrac, moine de l’Abbaye de St Géraud,
- 1368 à 1387 : Rigaud de Velhan, originaire de la paroisse de St Geniès,
- 1369 : Guy de Montjou, né au château de Cropières, paroisse de Raulhac,
- 1404 : Gérard de Chaumon ( grâce au récent dépouillement des archives du Vatican ),
- 1415 : Jean Ehemeric,
- 1428 : Louis de Gercamoy,
- 1428 : Jean Lassalle, moine d’Aurillac, presque aussitôt révoqué,
- 1428 : Jean Lavaissière, moine d’Aurillac,
- 1433 : Jacques Le Loup, évêque de St Flour fait une tentative (qui échoue ) pour annexer le prieuré de St Illide au chapitre de la cathédrale,
- 1442 : Antoine de La Salle,
- 1459 à 1473 : Jean de La Salle, moine d’Aurillac,
- 1486 à 1500 : Guillaume de La Salle succéde à Jean de La Salle. En 1500, il se démet du prieuré de St Illide, en faveur de Jean de Lagarde, avec réserve d’une pension,
- 1500 à 1523 : Jean de Lagarde consent une quittance de lodz (bail) en faveur de maître Géraud Vayssié, notaire de St Illide et de Géraud Darnitz, son gendre,
- 1523 à 1530 : Louis de Caissac,
- 1530 à 1540 : Antoine de Caissac, né au Château de Sédaiges,
- 1540 : Guillaume de Caissac, nommé le 15 avril 1540 par le pape Paul III prieur commendataire de St Illide, c’est-à-dire qu’il percevait les revenus du prieuré sans autorité spirituelle sur les moines,
- 1552 à 1566 : François II de Caissac. Le 26 juillet 1562, au village de Lagarde, paroisse de St Serny (St Cernin), il investit Antoine Darnitz de St Illide pour l’acquisition d’une maison appelée, « lo Combro »,
- 1566 : Denys Aurouze. Il laissait tomber en ruines le prieuré et l’église, aussi les principaux seigneurs de la paroisse, Guy de Barriac et Antoine de Prallat se plaignirent : tous les arrérages furent saisis pour subvenir aux réparations. C’est de son temps que les titres du prieuré furent pillés par les protestants,
- 1568 : ? Boudet,
- 1572 à 1578 : Nicolas de Caissac,
- 1578 à 1615 : Charles de la Panouze. Il fut condamné par le bailliage d’Aurillac à payer aux chanoines du Chapitre de St Géraud les redevances dues par les prieurés ruraux à l’Abbaye mère, soit 40 setiers (un setier = 152litres) de froment en décembre et 30 setiers en mars, outre 5 livres et 12 deniers pour la pitancerie (nourriture) et 5 deniers par livre de cire.
Ce prieur était mineur à sa nomination.
- Gabriel Enfabre, clerc et bourgeois de Maurs,
- 1625 à 1669 : Pierre de La Valette-Parisot, lui aussi jeune enfant à sa nomination en qualité de prieur de St Illlide,
- 1669 à 1713 : Jean-Jacques de La Valette, neveu du précédent,
- 1713 à 1750 environ : Jean-Baptiste de La Valette-Parisot qui fut le dernier prieur.

Les bâtiments du prieuré sont alors vendus par ce même prieur à la famille Cloux (Claux ?) qui les cèdent un peu plus tard à la famille Lagoutte. Les descendants de cette famille , souhaitant « rendre à Dieu ce qui venait de Dieu », en auraient fait don, probablement au début du XIXéme siècle, à l’église. En réalité, les comptes de la Fabrique démontrent que cette donation est un peu plus tardive.

Les comptes de 1857 mentionnent en effet : "Pour l'expédition de la donation de la maison du Couvent à la Fabrique et pour différentes réparations faites à la cuisine de la dite maison, 85,50 francs"
Cette indication de date est précieuse à un autre titre : elle permet en effet de vérifier que le terme "couvent" encore souvent utilisé aujourd'hui par les Miraliers, ne vise pas l'ancien logement des soeurs de l'école Ste Virginie, construite plus tard, mais bien l'ancien couvent des moines bénédictins.
Son souvenir a disparu de la mémoire collective mais le terme demeure pour désigner le lieu où le prieuré se dressait...

La date de fondation du prieuré, selon l’abbé BOUYSSOU, peut être fixée assez précisément. Le premier des soins des religieux qui, sur ordre de l’Abbé de St Géraud, sont venus défricher « ce coin perdu des dépendances du Monastère, fut de bâtir une église pour y célébrer les offices divins prescrits par la règle et y réunir les fidèles confiés à leurs soins. L’église que nous leur devons, heureusement subsistante, nous donne la date de leur installation dans notre paroisse : entre 1100 et 1150. » Cela fait 900 ans..

L’emplacement du prieuré ne fait non plus guère de doute. Pour l’abbé BOUYSSOU, il était situé dans l’actuel enclos de l’école Ste Virginie, tout près de l’église et de l’ancien cimetière.
Le confirme aussi le cadastre communal de 1823, consultable en Mairie, où on peut noter à l’emplacement de l’actuelle école libre, deux bâtiments d’assez grande superficie, sans qu’il soit évidemment possible de savoir dans quel état ils se trouvaient à l’époque, avant leur démolition préalable à la construction de l’école Ste Virginie vers 1885.

Le souvenir des bénédictins a survécu jusqu’à nos jours à travers la dénomination de certains fonds leur ayant appartenu et attenant au prieuré, et notamment le pré du Domerguier (pré du Seigneur), devenu par déformation phonique, le Démérier. L’abbé SARGES cite également le ou les prés des Monals ( des moines), dont nous ignorons l’emplacement.
Il serait intéressant d’être autorisé à visiter les fondations et les caves de l’école privée qui, sans doute, gardent des traces de ces bâtiments disparus, s’il ne s’en trouve pas lors des travaux de réalisation de la future maison de retraite, en même temps que des signes de l’existence de l’ancien cimetière.
Le seul indice matériel, bien ténu mais réel tout de même , est cette belle pierre , sans doute une tête de colonne en corniche, trouvée par M. Desfargues lors des travaux qu'il a effectués dans la partie de l'école Ste Virginie dont il est propriétaire.

On a pu noter que, malheureusement, après le zèle apostolique des premiers siècles, les soucis du prieur de St Illide n’étaient guère religieux.
Sa désignation, souvent un tout jeune enfant, était le fruit d’arrangements financiers et de privilèges nobiliaires ou bourgeois.
Dès lors, son comportement, au moins à partir du XVéme siècle, était peu édifiant : souvent prieur « commendataire », ne résidant pas à St Illide mais jouissant des revenus du prieuré et très attentif à défendre ses intérêts financiers, le prieur se déchargeait sur un vicaire du service spirituel de la paroisse.
Il faut encore ajouter les préoccupations féodales du prieur qui se qualifiait, non sans raison, de « gros décimateur » ou principal seigneur de St Illide, sans cesse en rivalité et en chicanes avec les deux principales familles du lieu, les seigneurs de Barriac et de Prallat.