Le culte de la Raison

En ce jour du quatorze pluviôse de l’an II de la République (2 février 1794), le citoyen Parra, Maire de Saint-Illide, a réuni dans l'église tous les citoyens adultes de la commune (hommes et femmes). Il prend solennellement la parole et annonce à ses administrés une nouvelle bien étrange : Là-haut, à Paris, un nouveau culte vient de voir le jour. Ce sont les Hébertistes* qui en sont à l’initiative : il s’agit du culte de la Raison et de la Philosophie.

A Paris, une fête a été célébrée le 20 brumaire an II (10 novembre 1793) dans la cathédrale Notre-Dame , transformée pour l’occasion en temple de la Raison. L’idée a fait son chemin jusqu’en Auvergne et un représentant du peuple, le citoyen Châteauneuf-Randon, a fait une proclamation sur le sujet à Clermont le 4 nivôse (24 décembre) et une autre à Saint-Flour quelques jours plus tard.
Le Maire expose aux habitants de Saint-Illide combien la pratique de ce nouveau culte pourrait être avantageuse pour la commune qui ferait ainsi la preuve de son zèle patriotique et révolutionnaire.

Il laisse néanmoins le choix à ses concitoyens et procède à un vote un peu particulier : ceux qui souhaitent pratiquer le nouveau culte de la Raison se dirigeront vers l’autel, ceux qui préfèrent continuer à exercer l’ancien culte (chrétien) se regrouperont vers la porte d’entrée. Le compte-rendu du Maire nous dévoile le résultat de ce vote :

« De par cette opération, il est résulté que tous les citoyens et citoyennes, au nombre d’environ six cents, sont passés du côté de la porte d’entrée et qu’il n’en a pas resté un seul du côté de l’autel … »

Les Miraliers, unanimes, ont donc décidé de pratiquer l’ancien culte … Malgré ce choix, l'église fut fermée et la pratique religieuse, pour un temps interdite (voir aussi nos articles Le nouveau calendrier, Saint-Illide terre d'asile et le retour de la religion).

Un mois plus tard, les Hébertistes* montaient sur l’échafaud, entraînant dans leur chute le culte de la Raison.

Cependant, dans les semaines qui suivirent, quelques communes du Cantal, dont Saint-Cernin, organisèrent des "fêtes de l'agriculture" comportant des allégories sur la déesse Raison.

* Les révolutionnaires les plus extrèmes, appelés aussi "les exagérés" et dont Carrier, député du Cantal faisait partie.