LES ABEILLES

Oui, c'est vrai, il y a très peu de ruches sur la commune ... et pourtant il existe à Saint-Illide une ancienne tradition apicole. Des textes attestent d'une importante production de miel à Albart au XIXe siècle et d'anciennes ruches en paille ont été retrouvées au Bouissou (voir ci-dessous).
Les abeilles élevées à l'époque étaient de la race locale "apis mellifica mellifica" dite aussi "abeille noire". Ce petit insecte, rustique et laborieux, parfaitement adapté au climat auvergnat, présentait l'inconvénient de piquer beaucoup, c'est pourquoi l'abeille jaune italienne (apis mellifica ligustica), plus pacifique, a fini par la supplanter.

 

 

Les ruches en paille retrouvées au Bouissou.

 

Mais pourquoi, en Auvergne comme ailleurs, les populations d’abeilles sont elles en constante diminution voire menacées de disparition ?

Un mot d’abord sur la façon dont l’abeille se nourrit : deux nutriments principaux , d’une part le nectar source de glucides qui se transforme en miel , d’autre part le pollen unique source de protides pour la ruche ( plus de 50.000 individus ) qui en consomme de 20 à 30 kilos par an et dont la valeur nutritive varie en fonction de la fleur butinée , d’où l’importance d’avoir à sa disposition une flore la plus variée possible .
Pour en revenir aux causes des mortalités importantes constatées , on a incriminé , à juste titre , les produits de traitements phytosanitaires utilisés en agriculture ; certains sont , en effet , des poisons violents pour l’abeille et leurs épandages massifs et systématiques ( on est allé jusqu’à « arroser » par hélicoptère des zones entières ! ) ont été la cause directe de la disparition de colonies complètes . Quel drame pour un apiculteur de voir devant ses ruches des tas d’abeilles mortes ( les ouvrières rejettent à l’extérieur tout résidu ou cadavre ) !
Il faut dire que certains de ces produits , parmi les plus nocifs , ne sont plus utilisés et que les autres le sont de façon beaucoup plus raisonnée mais il ne faut pas se faire d’illusions , on ne reviendra pas aux pratiques agricoles d’antan car il faut nourrir une population en augmentation rapide sur nôtre planète et seule une agriculture intensive peut y faire face.
Elle n’est pas incompatible avec de notables progrès en matière de respect de l’environnement , citons comme exemple l’utilisation de semences enrobées d’engrais et de produits de traitement qui dispensent d’épandages ultérieurs importants .
Heureusement le Cantal a été beaucoup moins touché que les pays de grandes monocultures mais les nécessaires progrès de l’agriculture n’ont pas été là aussi favorables aux abeilles : les prairies naturelles ont été souvent semées en graminées et en légumineuses sélectionnées d’où un appauvrissement notable de la flore naturelle , moins de jardins et surtout moins de haies remplacées par du barbelé ou des clôtures électriques autant de sources de pollen qui ont disparu , sans parler de la pollution diffuse qui progresse et atteint maintenant des zones que l’on croyait totalement à l’abri .
Par ailleurs l’abeille est victime de nombreuses maladies ou parasites ( citons le redoutable varroa ) qu’heureusement l’homme sait combattre de façon souvent efficace pour défendre ses ruchers ; il n’en est , hélas , pas de même pour les abeilles sauvages qui ont pratiquement disparu or la capture de ces essaims sauvages a été de tous temps la possibilité pour les hommes de créer et de renouveler leurs ruches .
Pour toutes ces raisons l’abeille est une espèce en voie de disparition et c’est bien le cas dans de nombreux pays et en particulier en Amérique du Sud .
En France , heureusement , les progrès de la recherche et surtout la présence de nombreux passionnés de l’apiculture font que de gros efforts sont mis en œuvre pour maintenir les populations ; une des voies actuellement pratiquées est la création de véritables « naisseurs » qui sélectionnent les reines et les multiplient de façon à en fournir aux apiculteurs qui ainsi peuvent créer de nouvelles colonies et renouveler celles qui existent .
On prête (à tort) à Albert Einstein la phrase suivante : « si l’abeille venait à disparaître de la surface de la terre, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre ». Si cette affirmation est bien excessive, il est pourtant vrai , que notre sort et celui de ces petits insectes pollinisateurs sont étroitement liés.

Souhaitons que les Miraliers s'en souviennent et accordent aux ruches une place plus importante sur la commune.