L'arbre d'honneur des élus

Il n'y a pas pas si longtemps qu'on croisait sur les routes, à St Illide et dans les villages, plantés devant une ou plusieurs maisons, des arbres hauts, bien droits, minces et ébranchés, sauf la houpe du sommet.
Ces arbres, presque toujours des sapins, étaient ornés de rubans, d'un ou plusieurs drapeaux français et d'une pancarte portant l'inscription: " Honneur à notre élu " ou une formule voisine.
Je me souviens d'en avoir vu au fil du temps, plus ou moins imposants, à Albart, au Bel-Air, à Lacroqueille, etc..
 
Ces arbres d'honneur, souvent appelés Mâts d'honneur ou Mais d'honneur, car fréquemment dressés en mai dans beaucoup de provinces du Midi, signalaient la maison d'un édile local, récemment élu, maire, adjoint ou conseiller...
 
Cette pratique serait très ancienne car, déjà sous l'Ancien Régime, les seigneurs recevaient de leurs sujets des marques de respect plus ou moins spontanées, sous forme d'arbres d'honneur devant leur demeure ou leur château.
 
La Révolution lui a évidemment donné un autre sens avec ses valeurs de démocratie et de suffrage universel.
Mais, finalement, il s'agit toujours de porter le symbole de l'autorité que la communauté reconnaît aux hommes qu'elle a choisis pour la représenter et la diriger.
 
Après les résultats de l'élection, les hommes de la commune allaient chercher l'arbre dans la forêt, l'ébranchaient et, après l'avoir décoré, faisaient un trou en terre puis dressaient l'arbre devant la maison de l'élu.
L'heureux élu devait régaler généreusement ses électeurs et ces rudes travailleurs. Un solide vin d'honneur représentait évidemment le minimum pour asseoir sa popularité...
 
L'arbre ou le mât, plus ou moins haut, restait là, à la vue de tous, plus ou moins longtemps, au moins quelques mois et l'élu, malgré la difficulté de ses fonctions, s'en trouvait honoré et réconforté.
 
Ce geste de confiance populaire, naïve penseront certains, a quasiment disparu aujourd'hui. L'époque ne respecte plus rien ou presque...
On ne pense plus à honorer et remercier nos élus locaux, alors que leurs responsabilités sont de plus en plus lourdes et ingrates.
 
Pourquoi ne pas s'en souvenir et renouer avec ce beau symbole de l'arbre d'honneur lors des toutes prochaines élections municipales de mars 2014 ?