Le château de Barriac
(Remerciements à M. Poujol)

 

Au hameau d’Albart se trouvait un château appartenant à une famille dont le plus ancien membre connu, le chevalier Raymond d’Albars, vivait en 1259.
Au milieu du XIVème siècle, le château devint la propriété de la famille de Barriac, qui quitta sa paroisse d’origine de Barriac (aujourd'hui Barriac-les-bosquets), près de Pleaux, pour venir s’installer à Albart.
Astorg de Barriac fut ainsi seigneur de St-Illide en 1349 et le château d’Albars prit le nom de château de Barriac.
En 1540, le hameau du Bouissou appartenait entièrement à Guy de Barriac.
Les Barriac étaient « seigneurs de Cardillac, du Caila et du Perle, paroisse de St Illide, Haute-Auvergne ».

Le vieux blason de Raymond d'Albars : D'argent, à trois jumelles de gueules, à la bordure de sable.
Vitrail de l'église de St Christophe-les-gorges représentant l'alliance entre les familles d'Albars et de St Christophe.
Le curieux blason de la famille de Barriac : De gueules, à trois bandes ondées d’argent, au chef cousu d’azur, chargé de deux étoiles d’or.
Les trois bandes ondées d'argent représenteraient trois ruisseaux de la commune de Barriac-les-bosquets (terre d'origine de la famille) : le ruisseau des Mouleyrgues, l’Escladine et l’Incon.
Précisons que ces armoiries existaient
bien avant la création du drapeau des Etats-Unis et avant même la découverte de l'Amérique ...

C’était une famille distinguée par des services militaires importants. Guyon de Barriac eut commission du roi Henri II pour commander le ban de la haute Auvergne en 1555. Jean de Barriac fut appelé auprès d’Henri IV en 1589 et 1597. Guyon II servit longtemps dans les chevau-légers dans les années 1630. Antoine-Jean de Barriac fut capitaine d’infanterie au régiment de Bourgogne et rendit hommage au roi de ses fiefs de Barriac, Perle, Saint-Christophe, Saint-Illide, Saint-Cernin et autres en 1670. Un autre Guyon de Barriac servait à la même époque aux gardes-françaises.

Ils s’unirent aux familles de Meallet de Fargues, de Scorailles Mazerolles, de Prallat, de Turenne, de Lavalette-Cornusson, etc...

Les Barriac étaient probablement apparentés aux prieurs de Saint-Illide et avaient le privilège d'être enterrés à l'intérieur même de l'église du village, sous le maître-autel. C'est là que fut inhumé, le 14 avril 1754, le dernier représentant de cette famille, Joseph-François de Barriac, marquis de La Valette-Cornusson. Mort sans postérité, il légua ses biens (dont le château de Barriac) à son cousin au cinquième degré, Jean-André de Meallet, comte de Fargues, né en 1713, qui fut donc seigneur de Barriac jusqu’en 1789.

Jean-André de Meallet n’a jamais habité au château de Barriac (qui était déjà en ruine lorsqu’il en hérita) mais vivait au château de Fargues, sur la commune de Vitrac, où il décéda le 1er janvier 1792 en pleine période révolutionnaire.

Outre les restes du château de Barriac, le comte de Fargues avait des possessions à Albart, au Bouissou, Camps, Lacaze, Lalande, Carmonte, Le Fau, Lafon, le Poux, Parieu Haut et sans doute dans d'autres hameaux de la commune. Ces terres furent également vendues comme biens nationaux.

Jean-Baptiste Deribier du Châtelet dans son « dictionnaire statistique du Cantal » nous donne une description du château de Barriac : « Son corps de logis principal était encadré par deux tours ; celle de gauche avait une chapelle voûtée ; l’autre renfermait l’escalier à vis. Les étages supérieurs étaient divisés en appartements, ainsi que le corps de logis ; on y entrait de plain-pied ; de beaux jardins et des vergers étaient à l’entour ».

Après la Révolution, ce château qui était déjà une ruine ne devint plus qu’un tas de pierre même si certaines parties étaient encore habitées en 1805. On trouve dans des maisons construites à l'époque des pierres de récupération qui pourraient bien provenir de ces ruines.

Ces pierres, à l'évidence "recyclées", sont visibles dans la souillarde de la maison Darnis au Bouissou. La maison a été construite en 1801 par Jean Lalande (frère d'Antoine Lalande qui avait racheté les ruines).

De nos jours, il ne reste plus trace du château et presque tout le monde semble avoir oublié son existence. Quelques sites à Saint-Illide ont conservé le nom de Barriac, notamment un moulin sur la Bertrande, une forêt près de Lapauze et un pré au Bouissou.

Voyons maintenant ce qui reste de ce domaine :

Le château de Barriac se trouvait en plein coeur d'Albart et se dressait sans doute à l'emplacement de ce pré surélevé. Il n'en reste plus rien d'autant plus que l'usage de l'époque voulait qu'on réutilise les ruines dans la construction de nouveaux bâtiments. Seules des fouilles approfondies permettraient peut-être de mettre à jour des vestiges de l'édifice.
Le pré où devait se dresser le château.

En lisant attentivement le compte-rendu de la vente du domaine de Barriac, on trouve le passage suivant :
"... une maison à la mansarde, à un étage, couverte de tuiles plattes, en bon état de longueur de neuf toises (environ 17 mètres), sur trois et demi de large (6,50 mètres), avec son pâtus (pré, pâture), d'autre maison à l'usage du fermier, à un étage, couverte de tuiles plates, avec son pâtus, de 7 toises trois-quarts de long (14,7 mètres), sur trois et demi de large ; d'une grange appelée l'Ecurie, couverte de tuiles plattes, d'une longueur de 13 toises (24,70 mètres) sur quatre trois-quarts de large (9 mètres), les dits bâtiments en très bon état."

Chose très rare à l'époque, sur un autre document, intitulé "Plan visuel du corps de domaine de Bariac", figure un dessin des trois bâtiments :

Il semble bien que ces constructions existent toujours, formant un alignement aisément reconnaissable.

La maison "à la mansarde"
La maison du fermier
l'Ecurie (le linteau indique 1749)

Ce sont sans doute les seuls vrais vestiges du domaine de Barriac.

 

Plus bas, après Lapauze et en descendant vers la Bertrande, non loin du bois de Barriac (ce n'est sans doute pas un hasard si le nom est resté), existait une tour de guet et des murailles qui dépendaient peut-être du domaine de Barriac mais cette tour cache un mystère qui mérite un article à lui tout seul (voir le mystère de la tour).

Voilà donc le peu qui reste du prestigieux château de Barriac, orgueil de Saint-Illide pendant plus de 500 ans. Peut-être fera-t-on un jour d'autres découvertes. En attendant, si vous voulez en savoir plus et pour parodier Alphonse Daudet, allez donc le demander aux sources bavardes qui courent invisibles dans la mousse ...