Les Champignons
Qu’est ce qu’un champignon ?
Un mycologue vous répondra en vous
expliquant comment il naît et se développe avec des mots savants
tels que mycélium, spore, mycorhize, eucaryote …
Il vous citera également la longue liste des familles et des espèces
.
Tout cela est certes intéressant mais pour le commun des mortels et en
particulier pour l’enfant qui part à sa recherche , le champignon
c’est d’abord le mystérieux cadeau que nous fait la Nature
.
Les champignons n’ont pas de chlorophylle comme les plantes , ils trouvent donc leur nourriture en la prélevant sur d’autres plantes et sur d’autres êtres vivants ou morts ; ceux qui nous intéressent vivent par exemple grâce à une association avec les racines de certains arbres . Loin de n’être que de mauvais parasites , ils ont pour la quasi-totalité , du champignon microscopique au plus gros , un rôle important en nettoyant et en transformant les sols , fabriquant ainsi l’humus qui permet aux autres végétaux de pousser . Ils ont donc toute leur place dans la longue chaîne du Vivant .
Maintenant , faisons un rêve :
Nous sommes à Saint Illide au mois
de septembre , il a fait une longue période de chaleur suivie , ces derniers
jours , de pluies d’orage abondantes .
Ce matin le ciel est clair , il fait frais et le soleil qui se lève nous
promet une belle journée ; c’est le moment de partir dans les bois
munis de l’équipement indispensable à savoir un couteau
pliant dans la poche , une musette en bandoulière ( certains préfèrent
le panier ) et un bâton à la main . Nous traversons des prés
où l’herbe encore mouillée des dernières pluies nous
trempe les bottes puis bientôt nous arrivons au talus qui marque la lisière
du bois ; avant d’y pénétrer , nous ‘’ faisons
‘’ toute cette lisière car cette précaution nous a
permis certains jours d’y ramasser l’essentiel de notre cueillette
.
Dans le bois , les rayons du soleil filtrent à travers les feuilles des
arbres qui commencent à prendre leurs teintes d’automne , du jaune
pâle au rouge suivant les espèces .
Dans
ce clair obscur il faut marcher lentement en regardant attentivement le sol
couvert de feuilles mortes ; de temps en temps on soulève avec précaution
du bout du bâton tel renflement de la mousse ou des feuilles qui pourrait
cacher un jeune champignon ; nous poursuivons notre quête lorsque , tout
à coup , au pied d’un chêne et caché par une touffe
de fougères apparaît le chapeau brun foncé d’un magnifique
cèpe , découverte qui chaque fois procure cette surprise heureuse
que connaissent bien les chercheurs de champignon .Il faut alors s’agenouiller
pour couper soigneusement et à ras du sol la queue renflée du
cèpe puis , de la pointe du couteau la débarrasser des brindilles
, de la terre et même de cette petite limace qui y avait commencé
son repas , avant de déposer notre cueillettes dans la musette préalablement
garnie d’un lit de fougères .
La matinée continue ainsi et , quel
soit le résultat , ce sera un long moment de bonheur à marcher
sous les arbres dans le silence de la forêt , seulement interrompu par
le chant d’un coucou et le craquement des brindilles sur lesquelles nous
posons nos pieds .
Attention de ne pas enlever en les dispersant ceux trop abîmés
ou trop vieux ; laissés en place , ils assureront la reproduction de
l’espèce .
Nous nous garderons bien aussi de révéler , fût ce à notre meilleur ami , le "coin " où nous en avons trouvé tout un groupe , coin que nous visiterons à chacune de nos sorties ; il est des secrets qui ne se partagent pas !
Le retour à la maison ne sonne pas la fin de l’aventure, un régal nous y attend !
Que ce soit poêlés à
la flamme du cantou avec du persil et un soupçon d’ail ou que ce
soit pour parfumer une omelette , nos champignons nous offrent cette ultime
récompense .
Les saisons où la récolte est abondante , les cèpes sont
coupés en lamelles qui , avec une grosse aiguille , sont enfilées
sur un cordon pour former des guirlandes que l’on met à sécher
au soleil avant de les enfermer dans des bocaux au couvercle hermétique
; ainsi , tout au long de l’année nous aurons de quoi parfumer
certains plats avant de les déguster en pensant aux beaux jours où
nous les avons cueillis .
Il est temps d’être un peu
plus précis et d’énumérer brièvement les quelques
espèces que nous récoltons ; tout d’abord , il faut dire
que nous classons les champignons que nous rencontrons en ‘’ bons
‘’ et en ‘’ mauvais’’ classification simpliste
qui ferait bondir les spécialistes car à leurs yeux nombre de
ceux que nous écartons sont loin d’être vénéneux
et sont même pour certains tout à fait comestibles .
J’en conviens volontiers mais je m’en tiens à ceux que ,
par prudence , nos ancêtres se limitaient à ramasser et que nous
allons évoquer :
Pour commencer , nous citerons les rosés des prés ou psalliote qui , dés le mois d’août , est le premier champignon récolté : il se reconnaît à son chapeau blanc aux lamelles roses devenant noires en vieillissant et à son pied portant un anneau à sa partie supérieure; à ne pas confondre quand elles sont petites avec les vesses de loup, champignon sans intérêt et qui , devenu vieux , fait l’amusement des enfants quand , d’un coup de pied , ils en font sortir un nuage de spores brunes .
C’est aussi dans les prés mais plutôt en bordure que se rencontrent les coucourles ou coulemelles au chapeau en forme d’ombrelle et au pied long et maigre , champignon sans intérêt culinaire .
Quant aux champignons des bois , à tout seigneur tout honneur , je veux parler du cèpe ou bolet qui comporte de nombreuses variétés ; celles que nous apprécions se distinguent par leur pied renflé et leur chapeau dont la couleur va du brun très clair au marron presque noir ( tête de nègre ) ; celui au pied plus mince couvert de taches grises ( cambre gris ) est , paraît il , comestible mais écarté de notre récolte ; le bolet satan , à la chair qui bleuit lorsqu’on la coupe est totalement exclu et réputé comme dangereux .
Si le cèpe est le roi de nos bois , la girolle ou chanterelle en est la princesse ; champignon en forme d’entonnoir au pied couvert de plis saillants de la même couleur c'est-à-dire allant du jaune vif à l’orange foncé ; elle est excellente et j’avoue avoir du mal à la départager avec le cèpe ; contrairement à ce dernier , on la trouve le plus souvent par groupes .
Je citerai le pied de mouton au chapeau
bosselé et de couleur en général crème , certains
lui reprochent la fermeté de sa chair .
Plus rare le lactaire délicieux au chapeau de couleur crème ,
en forme d’entonnoir et dont la chair vire au vert lorsqu’on la
coupe
La trompette de la mort , paraît il , comestible mais dont la couleur
noir violacé suffit à rebuter .
Quant à l’oronge , je n’en ai jamais trouvé ; ce champignon faisait les délices des empereurs romains mais j’avoue que si par extraordinaire j’en rencontrais , je me garderais bien de la ramasser tant il est vrai que la fausse oronge est un des rares champignons mortels .
Je terminerai par la morille au goût exceptionnel mais qu'on ne trouve que très rarement à Saint-Illide. En voici tout de même une, ramassée à Albart.
A ceux qui auront la chance de se trouver à Saint Illide cet automne , il ne me reste plus qu’à souhaiter une bonne cueillette mais qu’ils sachent que dans de nombreuses forêts en France on peut lire "cueillette des champignons interdite" !