Les ateliers de charité

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les ateliers de charité ne sont pas nés pendant la Révolution. Leur création remonte à l'ancien régime, vers 1685 quand Louis XIV, voulant diminuer le nombre des gens oiseux, truands et mendiants de toute sorte, décida d’organiser des chantiers de travail permettant de rémunérer, même faiblement, les indigents. Ces ateliers furent créés à Paris et dans les provinces, notamment en Haute-Auvergne.

Au cours du XVIIIe siècle ce dispositif prit une dimension vraiment importante.
Il est vrai que la situation était urgente, M. Monthyon, intendant d’Auvergne écrivait en 1770 : « La province d’Auvergne contient 600 000 âmes dont les cinq sixièmes sont en état de demander des secours et même d’y avoir, au moins en apparence, tous les droits que peut donner l’indigence ». N'oublions pas que la misère et la faim ont durement frappé notre région - et la France entière - pendant les cinquante années qui précédèrent la Révolution.

Mais pour pouvoir aider les « nécessiteux valides », encore fallait-il trouver une tâche qui fut à la fois utile et facile à exécuter, une tâche que le premier venu, sans apprentissage ni formation, soit capable de mener à bien. En Haute-Auvergne, le choix des contrôleurs généraux se porta presque exclusivement sur des travaux d’amélioration des routes et des chemins vicinaux, travaux auxquels  presque tout homme valide était à même de participer.
Autre point important : les ateliers ne devaient pas faire concurrence à l’industrie privée, les salaires devaient donc être très faibles. On prescrivait d’autre part le travail à la tâche et on interdisait le travail à la journée qui aurait pu favoriser la paresse …
Cependant, en pratique, la plupart des « nécessiteux valides » refusèrent de travailler à la tâche et en bien des endroits, comme à Saint-Illide, ils furent autorisés à travailler à la journée à un tarif d’environ 10 sols (ou 10 sous). Mais vous verrez plus bas qu'à Saint-Illide, les hommes étaient payés 16 sols par jour, les femmes 10 sols et les enfants 6.

Quelques points de repère :


Les ateliers de charité fermèrent vers 1792.
Le documents ci-dessous fait état des derniers ateliers ayant eu lieu à Saint-Illide

Je soussigné commissaire de l’atelier de charité de la paroisse de Saint-Illide, district d’Aurillac, déclare et certifie que dans le courant du mois de février, présente année 1792, j’ai occupé à travailler et à réparer la route qui conduit d’Aurillac à Pleaux la quantité de cent vingt six pauvres valides de tout âge et de tout sexe pendant six jours.

Savoir trente et un hommes à raison de 16 sols par jour d’après la taxe fixée et arrêtée par la municipalité ce qui fait la somme de cent quarante huit livres seize sols [1livre = 20 sols].

Plus soixante et onze femmes à raison de 10 sols chacune par jour ce qui fait la somme de deux cent treize livres ; et enfin vingt quatre enfants ou filles à raison de six sols chacun par jour ce qui fait la somme de trente huit livres quatre sols.

Revenant les dites trois sommes unies ensembles à celle de quatre cent livres, laquelle dite somme de 400 livres fut donnée et délivrée à la susdite paroisse dans le courant du mois d’août dernier pour icelle être employée à occuper les susdits pauvres en foi de quoi ai figuré le compte ci-dessus et de l’autre part à Saint-Illide ce 4 mai 1792.

Buc, commissaire