Le cimetière - Conclusion

Nous terminerons notre traversée du bourg en allant nous recueillir au cimetière situé un peu plus bas après les jardins du Puech (plus tard lotis par la commune).
L’ancien cimetière se trouvait, comme c’est l’usage dans nos villages, derrière l’église et à l’emplacement de l’actuelle mairie ; le nouveau cimetière avec son mur d’enceinte et le bâtiment, à côté du portail d’entrée, destiné à abriter le corbillard a été créé entre 1870 et 1875 comme l’attestent les premières tombes situées prés de l’entrée et datées de ces années là ( Toinette Lalande décédée en 1874 ).
Pendant les années quarante, les enterrements se déroulent suivant l’antique cérémonial : après la messe en l’église paroissiale un cortége se forme pour accompagner à pied le défunt jusqu’au cimetière ; en tête , le curé revêtu de sa grande cape de velours noir brodé de larmes d’argent, puis les deux enfants de chœur portant la croix processionnaire et le seau d’eau bénite avec son goupillon ; un porte drapeau accompagne les anciens combattant jusqu’à leur dernière demeure, suit le corbillard tiré par un cheval caparaçonné de noir, viennent ensuite tenant un drap noir quatre hommes (ou quatre femmes suivant les cas), enfin, les membres de la famille du défunt puis les amis ainsi qu’au moins un représentant de chaque famille du village ; après l’inhumation, les condoléances se font à la sortie du cimetière.
Le fossoyeur est M Anatole de Lacroqueille (beau père de M Poujol, le secrétaire de mairie). .
M Mercier lui succédera.
C’est dans ce cimetière que, générations après générations, sont désormais inhumés les miraliers ; quant à ceux qui ont dû partir au loin en France ou dans le monde et y fonder une famille, nombreux sont ceux qui désirent à la fin de leur vie reposer dans cette terre d’Auvergne où sont leurs racines familiales profondes et où tant des leurs les ont précédés.
A propos de cette route qui nous a conduit à travers le bourg jusqu’au cimetière, il faut regretter que les deux rangées de gros platanes qui l’ombrageaient jusqu’à Albart aient disparu, geste d’autant plus incompréhensible de la part de la municipalité qu’aucun projet d’élargissement de la route ne le nécessitait.
Je ne voudrais pas achever cette longue énumération sur le bourg de Saint Illide sans souligner qu’il y a aussi de nombreux artisans et commerçants dans divers hameaux de la commune ; parmi eux et en ayant le sentiment que je ne suis certainement pas exhaustif : le café-restaurant de la gare à Parieu-Bas tenu par Pélagie, le café –restaurant Claux à Lacroqueille, le café Bouissou à Labontat, le café d'Yves Delterme à Lalande, le café de Marie Verniole au Bel Air.
Deux couvreurs Irénée Riviére à Laveissiére et Victor Seryes à Lapause( il fait également le plombier-zingueur).
Trois menuisiers-charpentiers à Lacroqueille (c’est Anatole que l’on va chercher lorsqu’il y a un décès , M . Mercier lui succèdera comme fossoyeur) , J.Desfargues et Pradal au Couderc; un menuisier-ébéniste M. Denis dans la maison Marty (Mme Marty est matelassière) au Bouissou
La scierie de M. Claux à Lacroqueille également entrepreneur de battage et de travaux agricoles, Antonin Claux sera garagiste au même endroit; la fromagerie coopérative de M. Verniole ( qui a succédé à Gaston Gaillard ) également marchand de vin au Bel-Air aidé pour le ramassage du lait par M. Dauzonne.
Des moulins sur la Bertrande et la Soulane à Treize Vents , Barriac, Caussin , et Puech Mége.
Un rempailleur et fabricant de paniers en osier à Albart dans la maison Andrieu (travail également effectué par des romanichels qui passaient périodiquement dans la commune et dont les gens se méfiaient beaucoup), enfin, cerise sur le gâteau, un guérisseur à Albart (qui, avant de mourir, a légué son don d’enlever le feu d’une brûlure à une personne de la commune dont, par discrétion, je tairai le nom).
Je viens de citer le nom de Marcel Verniole décédé en septembre 2009 ; en saluant ici sa mémoire je tiens à souligner tout qu’il a été et a fait pour la commune : maire pendant plus de 30 ans, conseiller général, conseiller régional, il a beaucoup œuvré pour Saint Illide ; pour de nombreux miraliers il a été plus qu’un élu, un véritable ami doté de grandes qualités humaines.
Je voudrais, enfin, avoir une mention toute particulière pour la famille Défargues d'Encazes pendant les années quarante, Jean Pierre y exerce le métier de menuisier, son fils Pierre vient travailler avec lui en 1956 et lui succède à sa mort en 1966 ; l'épouse de Pierre, Suzanne a dirigé pendant de longues années l'école Sainte Virginie et est décédée en 1996.
Pierre a eu le bonheur de voir ses fils Philippe et Marc le rejoindre, il est décédé à la suite d'une longue maladie ce 5 décembre 2009 .
Que de maisons à Saint Illide et dans les environs ont bénéficié de leur travail que ce soit pour leur construction, leur rénovation ou leur embellissement !
Cette longue lignée d'artisans par ses compétences et sa fidélité au pays fait honneur à la commune de Saint Illide .
Par contre, il faut aller jusqu’à Saint Cernin pour trouver le pharmacien ainsi que le médecin (docteur Garouste) et M Louisfer, garagiste alors qu’autrefois (début du 19éme siècle) il y eut à Gounoulés un notaire (maître Basile Rengade) , un docteur (Joseph Darnis) et même à Saint Illide un "chirurgien" ( M Lagoutte ).
En dehors de toutes les activités énumérées ci-dessus, l’essentiel de l’économie de la commune est lié aux productions agricoles de ses nombreuses fermes dont les travaux au fil des saisons mériteraient de longs développements ; les plus importantes transforment elles mêmes leur lait en fromage ( fourmes de Cantal ) , pour les autres le lait est ramassé et amené à la laiterie du Bel Air. La vente de veaux, vaches ou bœufs, plus rarement moutons et chèvres (la Bastidoune à Darnis est réputée pour ses cabecous, ces petits fromages de chèvre) ainsi que celles de volailles , lapins mais surtout de porcs apportent un revenu complémentaire appréciable.
Dans les années qui suivirent, peu à peu, de nombreuses petites fermes vont disparaître au point qu’en 2009, seules moins d’une dizaine restent sur la commune.
Je voudrais également signaler que la ligne de chemin de fer dessert quotidiennement la gare de Saint Illide y amenant voyageurs, marchandises et courrier. Cette ligne a été mise en service dans la deuxième quinzaine de décembre 1891 et aura fonctionné un peu moins de 100 ans avant d’être désaffectée.
En ce qui concerne les autres équipements de la commune , c’est au début des années trente q’un réseau d’eau potable et d’électricité a été installé dans le bourg.
Le courant était produit au moulin de Puech Mége sur la Soulane et distribué, avec parcimonie, quelques heures par jour seulement ; on payait au forfait suivant le nombre d’ampoules souscrites et un petit appareil appelé "basculateur" se chargeait de couper le courant si l’on tentait, avec une ampoule supplémentaire, d’en augmenter la charge.
Le réseau d’égouts date des années quatre vingt dix et son extension jusqu’à Albart n’a été réalisée que récemment. .


En terminant cette longue évocation du passé, et malgré les précieuses informations complémentaires fournies par des miraliers qui ont vécu cette époque et que je tiens à remercier, que celles et ceux qui seraient les victimes , bien involontaires , d’erreurs ou d’oublis de ma part veuillent le pardonner aux souvenirs de celui qui n’était alors qu’un enfant ; j’ai retrouvé ce jeune garçon en écrivant ces pages ; guérit on jamais de son enfance ?

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