Le corbillard de Saint-Illide (3)
III - VICTIME DU PROGRES
Le corbillard est victime d'une double évolution.
D'abord, bien sûr, la généralisation de l'automobile.
Déjà, en 1909, au moment même où le service hippomobile
des pompes funèbres est créé à SAINT-ILLIDE, les
premiers fourgons mortuaires automobiles circulaient aux Etats Unis...
Dès les années 50, l'automobile est partout et, bien avant, les
grandes villes ont remisé leurs vieux corbillards.
Il faut bien dire que le transport automobile des défunts est à
la fois moins onéreux, plus discret, plus rapide et plus souple que le
recours au corbillard.
Principal inconvénient : le caractère anonyme, moins solennel,
du dernier voyage. Mais cela coïncide avec l'évolution des mœurs
qui cherchent, peu ou prou, à escamoter la mort et les rites qui l'accompagnent.
A SAINT- ILLIDE, le réseau routier s'est beaucoup amélioré
et, dès les années 60, presque tous les villages et hameaux sont
desservis par des voies carrossables.
Et puis, il y a de moins en moins de chevaux de trait.
Les voitures à cheval sont si rares qu'en juin 1958, le conseil municipal
décide de supprimer la taxe sur les chevaux et voitures qui ne rapporte
plus rien.
Bientôt, le corbillard est le seul véhicule "traîné"
par un cheval, ce qui explique certainement les exigences répétées
du propriétaire du cheval.
Et l'inévitable se produit...
Le 14 juin 1970, " M. le maire fait connaître à l'assemblée
que la personne qui assurait le service du corbillard, ne possède plus
de chevaux et qu'en conséquence, il a déclaré ne plus pouvoir
exercer ce service.
Monsieur le maire demande donc au conseil municipal de délibérer
sur le mode d'exploitation à adopter dans la commune.
Le conseil...décide que le transport de corps sera assuré par
les deux transporteurs de la commune, au choix des familles..."
La suite est une autre histoire !
L'automobile a gagné et le vieux corbillard peut rejoindre sa remise.
Et aujourd'hui ??
Pourquoi ne pas s'inspirer de l'exemple de CRESSENSAC, petite commune de 650
habitants du département du LOT, à 15 kms de BRIVE ?
CRESSENSAC, en septembre 2010, a fait classer son corbillard monument historique.
Son corbillard a la même histoire que le nôtre et lui aussi, est
sans emploi depuis plus de 40 ans.
Le maire de CRESSENSAC souligne que son corbillard est le seul recensé
dans le LOT et un des derniers en France...
Il envisage désormais de le présenter dans diverses manifestations
et de le louer pour des films d'époque.
Notre corbillard de SAINT-ILLIDE est donc une pièce rare, à préserver
[ il y a d'ailleurs un musée du corbillard], s'il est encore temps de
le restaurer.
Pourquoi ne pas organiser son avenir, comme à CRESSENSAC ?