Les cahiers de doléances
A la veille de la réunion des Etats-Généraux, le 1er mai 1789, le roi Louis XVI demande aux Français de rédiger des cahiers de doléances où ils pourront lui exprimer leurs griefs et leurs demandes. Chaque communauté (village, paroisse urbaine, corporation) doit rédiger des cahiers de doléances primaires qui seront ensuite fondus progressivement pour former enfin le cahier définitif qui sera présenté à Versailles.
En avril 1789, les Français
s’exécutent donc avec espoir. Les cahiers de nombreux villages
sont touchants de naïveté, de candeur et de confiance en la bonne
volonté de leur souverain.
Ce n'est malheureusement pas le cas des très brefs cahiers de Saint-Illide
qui ne brillent guère par leur originalité. On n’y trouve
nulle trace de l’esprit rural qui était pourtant le fond commun
de la paroisse. Sans doute les lettrés du village ont-ils concouru à
faire de ce texte un reflet un peu terne des idées de la bourgeoisie
éclairée de l’époque.
Cahier des principales plaintes et doléances de la paroisse et communauté de St Illide
1. les habitants de St Illide font des vœux pour que l’assemblée générale du haut pays d’Auvergne se fasse à Aurillac et non à St Flour.
2. pour que toute espèce de privilèges pécuniaires soient supprimés et que tous les ordres de l’état partagent toutes impositions présentes et avenirs suivant leurs facultés et le produit de leurs biens.
3. pour que les impôts soient répartis en juste proportion du produit des biens sur toutes les provinces du royaume et notamment sur la Basse et Haute Auvergne, cette dernière ayant supporté jusqu’à présent une grande partie des impôts de la Basse.
4. Pour que le sort des curés soit amélioré et que les portions congrues*. soient portées à la somme de quinze cent livres, les honoraires des vicaires à la moitié sous la condition que le casuel de l’église sera supprimé, ce qui est aussy onéreux aux peuples qu’avilissant pour l’état.
5. pour que les uniformités et les indivis en matière de cens et de rentes soient supprimés.
6. et enfin pour que les abus dans l’administration de la justice et des finances soient réformés.
Parra – Antoine Rantier – Carles – Cinqualbres – Rigal – Rongie – Loubière – Lacroze – Antoine Chapsal – Jean Darnis – Combret – Jean Montagu – Joseph Gary – Louis Martin – Cor – Lamoure – Delzangles – Antoine Lacharette –Thiezac – Antoine Rentier – Jean Verdier – Martin – Joseph Lauzé – Lascombes – Lagoutte chirurgien - Bruel
*La portion
congrue était la part de leurs revenus que les riches ecclésiastiques
devaient céder aux curés pour que ceux-ci puissent vivre. L'expression
s'emploie depuis dans son sens figuré et signifie qu'une chose est réduite
au minimum. Il est probable que cette quatrième "plainte" soit
propre à St Illide qui a pu, pendant plusieurs siècles constater
et s'indigner des abus auxquels aboutissait la "commande".
Les personnes les moins dignes ou les moins aptes, parfois des enfants, étaient
faits prieurs commandataires, ce qui leur donnait droit de jouir de tous les
revenus du monastère, sans parfois y venir une seule fois...
Ce système inique, jamais vraiment interdit par Rome, provoqua, à
St Illide et dans beaucoup d'autre lieux, la décadence, sinon la ruine
temporelle et spirituelle des monastères et aboutissait à priver
de ressources la communauté des moines et les prêtres desservant
la paroisse.