De la place de l'église à la maison Fleys
En quittant la place et en descendant,
sur la gauche, la maison Salvage : M Salvage est cantonnier (il décédera
tragiquement dans un incendie provoqué par un feu allumé pour
brûler des broussailles), son épouse portait les télégrammes
dans le bourg ; leur fille Marie Rose a épousé Antonin Rigal,
maçon ; après la mort de ce dernier, Marie Rose sera la dame de
compagnie de Mme Serres à Bort les Orgues et au Bouissou en été.
Lui fait suite celle de la famille Laporte avec leurs deux filles ; Jean Laporte
est le chef cantonnier, ses grandes moustaches ajoutent à l’autorité,
très respectée, de celui qui est le responsable des "travaux
publics"de la commune c'est-à-dire le représentant local
des Ponts et Chaussées ; sa fille Marie Louise, couturière, épousera
M.Lherm, peintre-plâtrier tandis que Juliette épousera Lucien Marel
plombier.
En dessous, la petite maison de la famille Lacroze : François et Hélène
Lacroze et leurs quatre enfants, François est sabotier car les sabots
de bois ( les "esclops" terme patois qui vient du latin "sculpo"qui
souligne la parenté du sculpteur et du sabotier ) sont encore couramment
portés ; lorsque je vais chez eux , je suis fasciné de le voir
travailler assis devant son établi ; il part d’un rondin de bois,
chêne, hêtre (le plus souvent) voire châtaigner car pas question
d’utiliser un bois résineux dont l’usure serait quasi immédiate
(cette façon de faire en trompant le client s’appelle ‘’saboter’’,
terme à l’origine de son sens actuel), il faut d’abord le
dégrossir avec une petite hache d’une forme adaptée à
ce travail puis continuer avec le paroir, cette grande lame courbe ; après
avoir formé le talon, il faut alors creuser l’intérieur,
opération longue et délicate (risque de faire éclater le
dessus et tout est à recommencer) qui se fait avec des tarières
puis avec différentes cuillers aux bords tranchants, ciseaux à
bois et râpes permettant la finition du sabot dont il cloute la semelle.
En ces temps difficiles, comme l’a également fait M Martin le cordonnier
cité plus haut, cet homme habile a rendu de nombreux services, réparant
et ressemelant les chaussures usagées avec des morceaux de cuir récupérés
ou de vieux pneus découpés en lamelles ; il confectionne aussi
des galoches aux semelles de bois et au dessus en simili cuir, compromis entre
un sabot et une chaussure.
Après le décès de François et le départ des
enfants, Hélène est allée tenir le petit café restaurant
du Couderc Majou .
De l’autre côté de la route donc à droite en descendant,
la maison dite maison des Rouges (du nom des trois vieilles filles très
pieuses qui en étaient propriétaires et qui léguèrent
tous leurs biens à l’évêché) achetée
par la commune et où loge Mlle Galtier, l’infirmière au
dévouement au dessus de tout éloge ; en 2009, presque centenaire,
elle vit en maison de retraite.
Le docteur Lachaze s’y installera à son arrivée à
Saint Illide avant d’habiter la maison Limbertie.
Lui font suite les locaux où Ernest et son fils Jeannot Bachelery font
le commerce des vins ; la vente se fait essentiellement en fûts de bois
de différentes contenances, du petit barriquou au tonneau de plus de
200 litres, que chacun garde dans sa cave ; dans les fermes et en particulier
pendant les durs travaux de l’été : fenaisons et moissons,
le vin a une place importante (le nombre de cafés où le vin est
la principale consommation en est aussi la preuve) ; c’est dire que pendant
les années de guerre où il a été difficile de s’en
procurer, le vin avec le tabac,l’huile, le chocolat, les pâtes et
le café (substitut : l’orge grillée) ont été
ce qui a manqué le plus, même si certains ont pu aller se ravitailler
en vin dans le midi sur les lieux de production avec comme monnaie d’échange
beurre, fromage, œufs, viande de porc ou pommes de terre autant de denrées
dont ils étaient là bas privés.
Lorsque Ernest a pris sa retraite, Jeannot et son épouse Jacqueline ont
continué ce commerce, Jeannot est décédé en mai
2009.
En descendant la route, toujours sur la droite et après la cave Bachelery,
la petite épicerie de lEconomat tenue par Germaine Delbos puis la ferme
et la maison Parlange, petite ferme de trois ou quatre vaches, tenue par Joseph
un homme aux jambes paralysées qui se déplace avec des béquilles
; il est secondé par ‘’la Marissou ‘’ dite de
‘’Courtou’’ avec laquelle il se mariera.
Lui fait suite la maison Tapie, M. Tapie est transporteur et à ce titre
fait le service quotidien de la gare de Saint Illide à Parieu Bas ainsi
que des voyages réguliers vers Saint Cernin et Aurillac ; dans sa jeunesse
alors qu’il conduisait une voiture attelée de chevaux, il a eu
un accident à la suite duquel il a perdu une oreille ; pour masquer sa
blessure, il porte en permanence, autour de la tête, une cravate nouée,
sous sa casquette, sur le haut du crâne.
Lui succéderont comme transporteurs M et Mme Visy puis M Cluse.
Plus bas et en face, donc sur la gauche, la maison et le grand parc de la famille
Malvesin –Fleys, Léon Fleys a épousé Jeanne Malvesin
décédée en 1927 et a occupé un poste éminent
à la Cour de Cassation dont il a été nommé Président
Honoraire ; il a été maire de 1929 à 1940 et de 1945 à
1946 ; il est décédé le 19 septembre 1965. Il a eu un fils
Jacques qui a épousé Mlle Marcelle Lherm (deux garçons
et deux filles) et deux filles « Gigi » et «Youyou »
qui a épousé Norbert Ameau (une fille).
Une anecdote le concernant : alors qu’il était maire, il dut recevoir
à la mairie un officier allemand qui le somma de lui donner des renseignements
sur les maquisards du secteur (ceux-ci venaient effectivement dans la commune
de temps en temps) ; il se comporta alors avec un courage et une dignité
dont on parla longtemps dans le pays.