Le Conseil de Fabrique (2)
2- Mais l'église
de St Illide a changé d'aspect
L'idée
de démolir l'église ancienne pour en construire une plus grande
ou, au moins, d'agrandir celle existante, se retrouve partout en France au 19éme
siècle, époque de relative prospérité et de rétablissement
de l'église catholique, après les secousses de la Révolution.
St Illide n'échappe pas à la tentation et l'église, primitivement
composée de la seule nef romane, qui a déjà été
élargie aux siècles précédents, va encore s'épaissir.
Le Conseil de Fabrique, sur proposition du curé, décide en effet
la construction d'une nouvelle chapelle au Nord ( à gauche en entrant),
en raison "de l'augmentation de la population de cette paroisse" et
pour " la régularité de l'église". En effet,
le Bas-Coté au Nord comprenait déjà une chapelle, là
où sont placées les stalles et, au Sud, les deux chapelles existantes
aujourd'hui étaient déjà là.
Le Conseil de Fabrique achève donc l'église dans sa forme actuelle,
sauf la toiture et le clocher qui seront encore modifiés.
Pour faire bonne mesure dans les transformations, le Conseil décide aussi
"l'ouverture d'un oeil de bœuf d'une plus grande dimension que celui
qui existe présentement au dessus de la porte, pour éclairer la
nef de l'église."
Tant pis si l'ouverture primitive, qui remontait au XIéme ou XIIéme
siècle disparaît, modifiant encore l'équilibre esthétique
de l'église.
3
- Les Chaises de l'église
La location des chaises dans les églises...Beaucoup d'entre nous l'ont
connue s'ils ont plus de 50 ou 60 ans. Comme dans les squares et les parcs,
il fallait payer sa place et la "chaisière", souvent une vieille
demoiselle à la mise digne mais modeste, faisait le tour des fidèles
pour réclamer à chacun son dû, discrètement mais
fermement.
Honte à vous, si vous n'aviez pas les quelques sous demandés,
il fallait déguerpir et assister debout à l'office, dans un coin
de l'église.
A St Illide, pendant tout le 19éme siècle, le système a
fonctionné sous forme de bail à ferme consenti pour trois ans
au plus offrant. En 1835, les preneurs sont le sieur APCHIN et une demoiselle
Marianne LAGOUTTE, fille de l'ordre de Ste Agnès.
Les "fermiers" versent à la Fabrique un loyer annuel de 114
francs, servi par moitié à Noël et à Pâques.
En échange, ils font payer la location des chaises et des banquettes,
mais les tarifs sont réglementés par le conseil de Fabrique :
Pas plus de 2 Francs par an par chaise et 1 franc par place sur les banquettes.
Bien sûr, M. APCHIN et Melle LAGOUTTE doivent prendre grand soin du matériel
qui appartient à l'église et sont tenus, chaque samedi et veille
de fête "d'arranger dans l'église les chaises et banquettes
d'une manière convenable."
Mais, comme toujours, quelques privilégiés échappent au
paiement !
D'abord, évidemment, les membres de la Fabrique auxquels les fermiers
doivent "fournir une chaise quand ils assisteront aux offices."
Même les vieilles stalles peuvent être payantes, mais attention
! pas si elles sont occupées par les membres de la Fabrique ou du Conseil
municipal. A l'église de Labontat, le Maire de St Illide a même
droit à un banc de trois places et 2 autres places sont réservées
gracieusement aux instituteurs...
La gratuité peut parfois s'obtenir provisoirement, par exemple en échange
d'un carré de potager prêté au curé ou d'une ou deux
charretées d'engrais.
Le système de la ferme tiendra tant bien que mal jusqu'au début
du 20 ème siècle.
Il n'y a plus de banquettes à l'époque, seulement des chaises
dont l'usage est gratuit et peu à peu les paroissiens sont autorisés
à avoir leur propre chaise qui leur est donc réservée à
un emplacement précis, si possible bien en vue de l'autel... et des autres
paroissiens.
Chaque famille, tant soit peu bourgeoise, rivalise alors d'opulence : le large
accoudoir porte le nom de la famille, gravé dans le bois ou, mieux, sur
une belle plaque de cuivre. La chaise elle-même est ornée, cloutée,
recouverte de velours et, comble du luxe, comporte un double fond, l'un pour
s'asseoir, qui se soulève, l'autre pour s'agenouiller...
Petits (ou gros ?) péchés d'orgueil auquel le curé mettra
fin dans les années 1970 en remplaçant les chaises par des bancs,
tous pareils.
Quelques chaises subsistent encore, dans les chapelles latérales et à
la tribune, là où seuls les hommes et les garçons étaient
admis pour suivre l'office !
Aujourd'hui, les bancs sont toujours là, bien délaissés
et la chaisière ne s'enrichirait pas lors des rares offices qui animent
encore l'église.