La Fabrication à la ferme de la fourme de Cantal
Le fromage de Cantal dont l'origine remonterait à plus de 2000 ans est
depuis 1956 une appellation d'origine contrôlée.
La zone de production délimitée comprend le département
du Cantal, le nord de L'Aveyron, le sud du Puy de Dôme et l'est de la
Corrèze.
La production annuelle de Cantal est d'environ 19.000 tonnes; il est fabriqué
dans 31 laiteries coopératives ou privées et moins de 60 fermes.
Si la quasi-totalité est donc aujourd'hui produite en laiteries, il n'en
était pas de même au milieu du siècle dernier où
de nombreuses fermes fabriquaient leur propre fromage.
C'est ainsi qu'à Saint Illide plusieurs exploitations faisaient leur
Cantal suivant un procédé ancestral propre à ce fromage
et que nous allons décrire :
Le responsable, à
la ferme, de la fabrication du Cantal est le vacher dont il faut souligner le
rôle puisque de sa compétence dépend la qualité des
fromages, donc une part importante du revenu de l'exploitation.
La traite de la vache de Salers est spécifique car elle nécessite
la présence du veau auprès de sa mère ; en la tétant
il amorce la traite, il est ensuite attaché à une patte de la
vache pendant que le vacher poursuit la traite à la main assis sur une
petite selle en bois munie d'un pied et attachée par une courroie en
cuir autour de la taille; le lait crémeux gicle dans le seau (le guerlou)
que le vacher tient entre ses genoux. Lorsque le seau est plein, le lait est
versé dans un récipient en bois : la gerle, une fine toile posée
sur le dessus de la gerle permet de filtrer mouches et impuretés.
La traite terminée, le veau est libéré et tète le
restant du lait.
La gerle est alors posée sur un char et amenée au buron, le local
où est fabriqué le fromage ; dés son arrivée, on
verse dans la gerle de la présure (suc gastrique recueilli dans la caillette,
une des poches de l'estomac des veaux) qui va le faire cailler.
Cette opération doit s'effectuer dans un lait encore tiède.
La prise du lait se fait rapidement et le caillage complet dure environ une
heure.
L'opération suivante est le rompage : il s'agit de regrouper le caillé
en petits grains de manière à pouvoir le séparer du petit
lait (liquide contenant du lactose, des protéines solubles , des vitamines
et du calcium ) précieux pour l'engraissement des porcs de l'exploitation.
Pour cela, le vacher utilise
le fragmal sorte de disque en tôle ajourée et muni d'un manche
en son milieu que le vacher promène lentement dans la gerle en lui imprégnant
un léger mouvement de rotation ; le caillé est ainsi découpé
en petits cubes qui, peu à peu, perdent leur petit lait et deviennent
plus fermes.
Savoir à quel moment arrêter le travail est une question délicate,
celle où le rôle du vacher va être primordial; la couleur
du petit lait le renseignera : s'il est trop blanc c'est qu'il contient de la
matière grasse, signe que le rompage a été fait trop tôt
ou mené trop lentement, au contraire s'il a une couleur verte c'est que
le rompage a été démarré trop tard ou conduit trop
vite.
A la fin du rompage le caillé est constitué de petits grains qui
ont tendance à se souder entre eux; pour faciliter cette opération,
le vacher dispose alors d'une planchette de bois qu'il promène verticalement
tout autour de la gerle au fond de laquelle se forme finalement un gâteau
par agglomération entre eux des grains de caillé.
Avec une sorte de saladier en bois muni d'un manche court en son milieu le vacher
enlève le petit lait qui surnage au dessus du gâteau de caillé
; ce dernier est alors transvasé dans le presse-tomme , table en bois
inclinée vers l'avant munie d'un fond ajouré et d'un couvercle
que l'on referme sur le gâteau de caillé entouré d'une toile
que le vacher avait disposé à l'intérieur de la table avant
d'y verser le gâteau.
La pression du couvercle est réglée par des poids en fonte dont
on augmente progressivement le nombre afin d'obtenir un bon pressage.
Pendant cette opération, le vacher ouvre à plusieurs reprises
la table pour découper et retourner le gâteau de tomme afin de
faciliter l'évacuation du petit lait.
Le pressage fini, le vacher verse la tomme dans une autre gerle et l'y laisse
fermenter pendant une trentaine d'heures sous l'influence des ferments lactiques
et des microbes.
Cette maturation terminée, la tomme est broyée dans une sorte
de moulin aux dents peu espacées et réduite en grains irréguliers
de la taille d'un grain de blé à celle d'une noisette; ce mélange
est alors salé ( 20 à 25 g par kg ) avant d'être laissé
reposer plusieurs heures dans une maie.
On le verse alors dans des moules cylindriques qui vont donner à la fourme
sa forme traditionnelle de pièce de 30 à 40 kgs et qui, munis
d'un couvercle de bois sont placés sous le pressoir. En exerçant
une pression progressive sur le contenu du moule, ce qui reste de petit lait
sera extrait tandis que les grains de tomme se souderont entre eux pour donner
une pâte fine et homogène; pendant cette opération qui dure
environ 48 heures, on procède à plusieurs retournements de la
fourme et on change deux ou trois fois la toile fine qui l'enveloppe en la remplaçant
par une toile sèche.
Le pressage terminé,
le vacher porte la pièce en cave, un local au sol en terre battue, obscur,
peu aéré, humide et très frais. C'est dans la cave que
va lentement se poursuivre l'affinage du fromage; sous l'action des moisissures,
la robe c'est-à-dire la croûte de la fourme va prendre une couleur
grise tachetée de points orangés.
Au bout de 30 à 60 jours d'affinage le fromage rst vendu comme "cantal
jeune", porte le nom d' entre-deux au bout de 90 à 210 jours, au-delà
c'est du "cantal vieux".
Pour être complet, il faut ajouter qu'il existe une appellation d'origine
protégée "Salers" réservée aux seuls fromages fabriqués avec le lait
des vaches d'un même troupeau et une autre appellation, encore plus contraignante "Salers fermier", que ne reçoivent que les fromages issus de vaches de race Salers, d'un même troupeau, élevées sur des pâturages d'au
moins 850 mètres d'altitude et pendant la période d' estive de
mai à octobre.
Les zones concernées sont les monts du Cantal, du Cézalier et
des Monts d'Or.
A proximité de Saint-Illide (10 km), Gille et Chantal Benech fabriquent, dans les règles de l'art, de délicieux fromages (plus de renseignements ici). N'hésitez pas à leur rendre visite.