Les Jureurs

En 1790, l'Assemblée Constituante imposa aux évèques et aux prêtres un serment de fidélité à la Constitution. Ceux qui refusèrent furent appelés insermentés ou réfractaires, ceux qui s'y plièrent étant les assermentés, les jureurs ou les constitutionnels. Certains prêtèrent serment avec cette restriction : "en tout ce qui n'est pas contraire à la religion catholique".

De ce nombre fut le clergé de Saint-Illide : le curé Jean-Baptiste Darnis, le vicaire Buc (neveu du curé) et le chapelain de Labontat Salesse. Devant l'hostilité du pape, l'Assemblée Constituante exigea en 1792 que le serment fut renouvelé, sans restriction cette fois. Le compte rendu du Conseil municipal est sans équivoque :

Le diacre de Laveissière Antoine Delpuech se joignit également aux "jureurs".

Ce serment valut à Saint-Illide une période de calme où municipalité et clergé vécurent en bonne entente. Le Maire engagea même des réparations à la cure, à l'église et alla jusqu'à demander qu'on rassembla à Saint-Illide les ornements religieux provenant des églises fermées (voir aussi notre article : Un échange avantageux). Le vicaire Buc rendit des services à la municipalité en remplissant des missions à Laroquebrou ou Aurillac. Pendant ce temps les réfractaires furent obligés de s'exiler (souvent en Espagne) ou de se cacher. S'ils étaient pris, c'était la prison ou la mort comme l'atteste la tragique histoire du prêtre réfractaire François Filiol exécuté à Mauriac en mai 1793 (voir ci-contre un vitrail de l'église de Barriac-les-Bosquets).

En 1793, la Convention fit un pas de plus en encourageant ouvertement le mariage des prêtres. Quelques curés suivirent ce mouvement, comme l'abbé Fontanier de Saint-Flour qui épousa en grandes pompes soeur Marie-Artonne, une ancienne religieuse, mais ce fut pour beaucoup le point de rupture et, à Saint-Illide comme dans la plupart des communes du Cantal, le clergé abandonna son ministère jusqu'au relatif apaisement de 1795 (voir le retour de la religion)

Les serments laissèrent cependant des traces et, après la Révolution, auront parfois des conséquences dramatiques (voir notre article : la petite église de Saint-Illide)