Toujours le loup


Saint-Illide et ses alentours, terre d'élevage et de bétail a longtemps souffert de la cohabitation avec le loup. Son Histoire est jalonnée d'attaques plus ou moins sanglantes.

Ainsi en Xaintrie, pour la seule année 1755, on compte une trentaine d'enfants, gardiens de troupeaux, attaqués par des loups.

En janvier 1765, un petit berger de moutons est égorgé par un loup tout près du bourg de Sourniac. A ses cris, 3 hommes arrivent en toute hâte. La bête alors se tourne contre eux, arrache entièrement la joue du premier, laboure les bras des autres de ses puissantes griffes et s'enfuit en emportant le cadavre de l'enfant.
 
L'affaire fait grand bruit dans la région, d'autant plus que les gens de Sourniac sont convaincus que le loup est enragé.
 
Aussi l'émotion est-elle très vive lorsque, 30 ans plus tard, en fructidor an IV (1796), un loup dévore un enfant dans les bois d'Estouroc, entre Enchanet et le Pont du Rouffet.
Aussitôt, les habitants de St Illide, St Santin, Arnac et St Victor organisent des battues, mais sans résultat.
Ces bois des Estouroc étaient tristement célébres depuis qu'en 1710, un loup féroce y avait dévoré plusieurs enfants, avant d'être abattu par des paysans de Pleaux.
 
Un an plus tard, en 1797, des loups sont observés dans les étendues boisées des gorges de la Bertrande et de la Maronne. Les mêmes paroisses et toutes celles des cantons de St Cernin et de Pleaux, se remettent en chasse et cette fois avec succès : un loup est tué !
 
L'année suivante encore, en 1798, un arrêté décide qu'une prime de 20 livres sera versée par loup tué.

En 6 mois, on tue 12 loups et louveteaux dans le seul canton de Pleaux ... Comme le disait un pamphlet vengeur de cette époque :

Ce monstre affamé de carnage
Ce fléau des bergers, des chiens et des brebis,
Plus il causa partout d'horreur et de ravage
Plus il est sot quand il est pris.

Devant le péril, c'est à qui proposait des procédés infaillibles de destruction des loups.
Par exemple, d'habiller un mouton en fille, avec une coiffe, pour mieux attirer les loups amateurs de chair fraîche.
Ou encore, comme le propose un certain Dumont d' "exposer des enfants pour attirer les loups pendant que les chasseurs seraient à l'affût."

Gageons que les familles mirent peu d'empressement à réaliser ce projet...

Terminons par quelques vers du poète cantalien Gandilhon Gens-d'Armes qui, aussi bien que Vigny, sut exprimer son admiration pour la fierté farouche de ce bel animal.

Le froid, aux crocs aigus, mord le ventre des loups.
Et les chiens sont au chaud, là-bas dans les villages !
Les loups, maigres et durs, rebelles au servage,
Ne font pas à des chiens l'honneur d'être jaloux.