Pourquoi les Miraliers (ou Miralliers) ?

Les habitants de St Illide sont aussi appelés les Miraliers. Depuis longtemps, très longtemps sans doute, chez eux et ailleurs : parlez donc des miraliers à St Cernin ou à Pleaux et vous serez compris.
Quel est l'origine et le sens de ce surnom ? est ce un sobriquet, une appelation ironique, ce qui n'étonnerait pas dans un village [comme certainement dans toute l'Auvergne et bien au delà...] où les familles, voire les personnes, sont fréquemment affublés de surnoms narquois ou imagés souvent fondés sur un signe distinctif ou une particularité physique.
N'est ce pas la "Trompette", la "Rafalette" ou encore la "Patinette" la "Bastidoune" ?

Beaucoup pensent à "mouraillé", vieux mot patois qui désigne le visage sali par les mûres ou plus largement barbouillé, malpropre. Le terme s'emploie encore beaucoup, surtout pour les enfants gourmands, qui grappillent et dévorent sans retenue mûres, framboises ou fraises..
Souvenez-vous aussi de la célèbre chanson en patois interprétée autrefois par Martin Cayla :

Vai vai vai mourailliada
vai vai vai te lavar (bis)
Quand tornaràs, mourailliada,
Quand tornaràs dansaràs.

(Va va va la barbouillée
Va va va te laver
Quand tu reviendras la barbouillée
Quand tu reviendras tu danseras).

Mais pourquoi à St Illide ? y avait-il plus de ronciers qu'ailleurs dans les villages et le long des chemins ?
Les St Illidois avaient ils l'habitude de se présenter le visage maculé de jus de mûres ou tout simplement le museau sale ?
Pas impossible, bien sûr, mais étonnant...

Une autre explication, souvent donnée, vient du miroir : les "Miraliers" s'admirent beaucoup, se contemplent avec plaisir dans le miroir, se croient supérieurs aux autres. En un mot, "ils se la pètent", comme disent les jeunes d'aujourd'hui.
Vaniteux, pourquoi pas ? odieux aux autres qu'ils traitent de haut...?
St Cernin, Tournemire, Arnac ou Pleaux seraient peut-être bien d'accord avec cette version..

En bon Miralier, il faut rejeter cette méchante idée : les St Illidois n'en savent pas plus que les autres et n'ont aucune raison de faire un complexe de supériorité (encore que...)

Plus sérieusement, il faut sans doute rester près du miroir, mirailh en occitan, miralhet, petit miroir.
Le "miralier" ou mirallier" au 13éme siècle n'est autre que le miroitier, le fabricant de miroirs.

Le terme est cité dans l'admirable " dit de maitre Aliboron", lorsqu'il énumére les métiers au Moyen Age :

Fustier, cloistier, serrurier, fourbisseur,
Bon pavisseur et d'images faiseur,
Relieur, doreur, brodeur et argentier,
Tournier, gaisnier, mirallier, essaveur,
Bon armurier, coustelier, souffletier.

Le mirallier, avec un ou deux "l", est donc le miroitier, mais le mystère ne s'éclaircit pas pour autant.

Pourquoi, les miraliers à St Illide ? y fabriquait-on des miroirs ? pour cela, il fallait des fours, et le bois de chauffage ne manquait pas, certainement. Mais pour fabriquer du verre, il faut de la silice, c'est-à-dire du sable. Où en trouver à St Illide ou à proximité ?
Puis, pour passer du verre au miroir, il fallait du plomb, de l'étain ou de l'argent.
On parlait bien, il n'y a pas si longtemps, d'une mine de plomb argentifère exploitée puis fermée entre Parieu Bas et St Santin. Les archives mentionnent effectivement une décision du 18 octobre 1897 "relative à l'adjudication au sieur SOREL de la concession de la mine de plomb argentifère de St Santin Cantalès".
Où était située cette mine ? un habitant de longue date de cette commune pourrait peut-être le savoir...

Encore une question ouverte sans réponse qui n'attend que vos contributions.