Le moulin de Puech-Mège

Le moulin de Puech-Mège, même s'il n'est plus opérationnel, a encore fière allure. Outre son relatif bon état, c'est son histoire qui mérite toute notre attention.

Quel âge a le moulin de Puech-Mège ? Nous n'avons pas la réponse mais il est certainement antérieur aux années 1820 date à laquelle la maison du meunier qui lui fait face a été construite. On retrouve sa trace au début du XXe siècle, propriété de la famille Carles.

C'était alors un édifice de taille moyenne, à roue horizontale, construit sur la Soulane et comparable en puissance au moulin de Caussin, son voisin le plus proche (1 km). Il constituait à lui tout seul le hameau de Puech-Mège.

Le vieux moulin
La maison du meunier
Des restes de l'ancienne roue horizontale

Il est très probable que, comme presque tous les moulins de cette époque, celui-ci ait vu son activité décliner et peut-être même disparaître aux alentours de l'année 1910. C'est alors que son nouveau propriétaire, M. Combelle, eut l'idée de lui donner une seconde jeunesse. Il entreprit, en mai 1913, d'adapter le vieux mécanisme à une turbine hydraulique produisant de l'électricité. Il proposa de fournir l'éclairage aux particuliers de la commune mais également au bourg de St Illide à l'Hospice d'Albart et aux propriétés communales.

Ecluse de dérivation
La turbine pourrait facilement être remise en état.

Quelques mois plus tard, le 6 novembre 1913, le conseil municipal fixa très précisément les conditions de l'accord : 
Le concessionnaire installera « 10 lampes pour les voies publiques, la cabine du transformateur se trouvera derrière l’église. L’installation des lampes sur les voies publiques et dans la Mairie sera faite gratuitement par M. Carles. »
Le tarif est de « 24 francs par an et par lampe de 25 bougies, comprenant l’installation, l’entretien et le remplacement des lampes hors de service, mais non les lampes brisées (ces dernières seront fournies à la commune à prix coûtant ). La Mairie sera éclairée gratuitement au moyen de deux lampes de 16 bougies dans la salle du conseil municipal et d’une lampe de 25 bougies en bas de l’escalier conduisant à la Mairie. »

Certains anciens, notamment au Bouissou, se souviennent encore de cette époque où le courant était distribué, avec parcimonie, quelques heures par jour seulement ; on payait au forfait suivant le nombre d’ampoules souscrites et un petit appareil appelé "basculateur" se chargeait de couper le courant si l’on tentait, avec une ampoule supplémentaire, d’en augmenter la charge.

Pour augmenter la puissance de son "usine", M. Combelle se lança dans la construction d'un petit barrage (voir le plan ci-dessous)

A cette époque, la production d'électricité n'était soumis à aucune réglementation. L'Etat s'empressa de combler ce vide en légiférant dès 1919. La loi du 16 octobre de cette année est très claire : "Nul ne peut disposer de l'énergie des marées, des lacs et des cours d'eau, quel que soit leur classement, sans une concession ou une autorisation de l'Etat."

La puissance de "l'usine" de M. Combelle étant inférieure à 150 Kw, une autorisation de fonctionnement de 75 ans lui fut accordée. On pense que la commune de Saint-Illide fut autonome en électricité jusque dans les années 1940. Il va sans dire que la consommation était alors sans commune mesure avec celle d'aujourd'hui. C'est EDF qui, en 1946, prit le relai d'une initiative qui était somme toute plutôt avant gardiste ...