Mulots et campagnols

C'est Buffon qui utilisa le premier le mot "campagnol" car les naturalistes d'autrefois désignaient indifféremment ces deux petits rongeurs sous le nom de "rats des champs".

Il y a fort à parier que nos ancêtres miraliers ne prêtaient pas un grand intérêt à ces animaux même s'ils connaissaient et redoutaient leur pouvoir de nuisance.

Le mulot

Par sa taille et sa couleur, il ressemble beaucoup à la souris même si ses grands yeux lui donne un aspect plus élégant (ci-contre un spécimen photographié au Bouissou). Une autre différence essentielle avec sa cousine : il vit exclusivement à l'extérieur des maisons.

On trouve le mulot dans les bois, les champs, les jardins, les broussailles et les haies. On le rencontre jusqu’à 2 500 m d'altitude. Il s’adapte à presque tous les milieux. Il confectionne, dans un terrier parfois très profond, un nid de feuilles, de mousse et d'herbes déchiquetées. C'est un habile grimpeur qui se déplace souvent par bonds (d'où son surnom de "souris sauteuse").

Son régime est varié : graines, jeunes plantes, bourgeons, fruits secs, légumes, champignons, mûres, mousses, escargots, arthropodes, vers de terre, chenilles. Ce rongeur, plutôt solitaire et nocturne, ne mérite pas, contrairement au campagnol, sa réputation de nuisible.

Les petits naissent nus et aveugles vers le début du mois d'avril.

L'espérance de vie du mulot est assez faible : un peu plus d'un an. Beaucoup ne survivent pas à l'hiver, d'autre sont tués par les nombreux prédateurs qui les chassent (belette, hermine, blaireau, sanglier, fouine, chat domestique, chouettes hulotte et effraie, hiboux, renard).

Le renard a même développé une technique spécialement adaptée à la capture de ce rongeur, on dit alors qu'il mulote (voir l'article sur cet animal).

Le mulot partage avec le lézard (mais à un degré moindre) la capacité de laisser la peau de sa queue se détacher en cas de capture par un prédateur, c'est ce qu'on appelle "l’autotomie".

Le campagnol

Le Campagnol commun est une espèce de petits rongeurs appelée aussi Campagnol vulgaire ou Campagnol des champs. Il fréquente des milieux ouverts, prairies ou lisières forestières.

Le campagnol à de petits yeux, des oreilles courtes, un corps trapu et arrondi. Sa queue est également beaucoup plus courte que celle du mulot et de la souris.

Il vit dans des terriers et creuse des galeries comprenant de nombreuses ouvertures. Il se nourrit de plantes herbacées, de graines et de légumes ce qui fait de lui un redoutable ravageur de plantes cultivées. Ce phénomène est accentué par le fait que le campagnol peut pulluler de manière cyclique.

Au cours des 30 dernières années, le Cantal a cruellement souffert de ces pullulations. En quelques mois, la densité de ce rongeur peut en effet passer de moins de 200 individus à plus de 600 par hectare !

Les prédateurs du campagnol sont heureusement nombreux : buse, chat domestique, belette et fouine. L'examen des pelotes de réjection de la chouette montre qu'il est aussi le menu presque exclusif de ce rapace nocturne.

Bien qu'ils constituent une importante ressource alimentaire pour tous les petits carnivores de nos forêts, ne plaignons pas trop le sort du mulot et du campagnol. Souvenons-nous de la conclusion de la fable "le rat des villes et le rat des champs" et admettons avec La Fontaine que ces rongeurs jouissent à la campagne d'une relative tranquillité !

-C'est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi.
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de roi ;

Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc. Fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre !