Rapaces nocturnes

Les animaux nocturnes ont longtemps souffert d’une sinistre réputation. Leurs mœurs très discrètes, leur étrange morphologie adaptée à une vie dans l’obscurité … il n’en fallait pas plus à nos ancêtres pour les associer aux forces du mal et leur faire subir un sort cruel. Ainsi trouvait on, jusque dans les années 1970, des chouettes ou des chauves-souris clouées sur les portes des granges miralières pour éloigner les mauvais esprits.
Ces siècles de superstitions sont bel et bien révolus et ces animaux jouissent à présent dans le Cantal d’une relative tranquillité, leurs effectifs sont stables et leur utilité n’est plus remise en question. Mais avant de passer en revue les différentes espèces de rapaces nocturnes présentes sur la commune, précisons tout d’abord que les chouettes en sont les seules représentantes, les hiboux (et notamment l’impressionnant Grand Duc) ayant irrémédiablement disparu. Un rappel : Le hibou et la chouette ne sont pas le mâle et la femelle d’une même espèce, il s’agit bien de deux animaux distincts. La différence entre eux tient simplement à la présence chez le hibou d’une sorte de toupet de plumes ressemblant à des oreilles pointues. La devinette « Pourquoi le hibou a-t-il de la chance ? - Parce que sa femme est chouette » est donc absolument sans fondement (et pas très drôle).

Hulotte
Effraie
Chevêche

La présence de trois espèces de chouettes est avérée sur la commune de Saint-Illide :
- La chouette hulotte : On aurait pu l’appeler la chouette variable car, à l’instar de sa lointaine parente diurne, la buse variable, son plumage peut varier du beige très clair au brun roux en passant par le gris. C’est, après le Grand Duc, le plus gros rapace nocturne, son envergure atteint un mètre et elle pèse environ 400 g (600 g pour la femelle qui est plus grosse que le mâle). Elle partage avec la chouette effraie la particularité de posséder des yeux entièrement noirs et non cerclés de jaunes comme les autres nocturnes. C’est une forestière qui change d’arbre presque tous les jours. Vous connaissez certainement son cri très caractéristique : Hou houhouhou ! Sachez que ce ululement identifie à coup sûr la hulotte car le cri des autres chouettes est très différent. Son audition (dix fois supérieure à la notre), sa vue binoculaire et son vol silencieux lui permettent de surprendre ses proies. Elle les avale entièrement et rejette plus tard ce qu’elle ne peut pas digérer (poils, os …), ce sont les pelotes de réjection. Ces pelotes permettent de connaître son menu, essentiellement composé de mulots et de campagnols.

- La chouette effraie : Plus petite que la hulotte, elle est aussi moins forestière. C’est un animal très gracieux à la belle couleur orange avec des nuances dorées mais son masque facial lui donne un aspect fantomatique. On la trouve près des habitations et elle niche souvent dans les charpentes d’où son surnom d’effraie des clochers, les anglais l’appellent « barn owl » (chouette des granges), c'est elle qu'on entend parfois marcher dans son grenier avec un pas presque humain ! Un très beau spécimen a récemment été repéré dans la chapelle d’Albart. Son cri n’est pas un ululement mais une sorte de craquement : Krrrruuu !
Son vol, très bas et incroyablement silencieux, lui permet de repérer les petits cris des rongeurs dont elle se nourrit.

- La chouette chevêche : Elle est de la taille d'un gros merle et a un air plutôt hargneux à cause de ses sourcils froncés. L'iris de ses yeux est jaune citron. Dans l'antiquité, elle était l'attribut de la déesse Athéna et on la retrouve sur la pièce grecque d'un Euro. C'est un oiseau de bocages et de vergers qui se nourrit de rongeurs mais aussi de gros insectes, il n'est pas rare de l'apercevoir même en plein jour. Une petite famille de quatre individus a été observée près de Parieu Bas. Son cri est une sorte de Wi-You, tenant du miaulement et du jappement.

L'examen très détaillé de milliers de pelotes de réjections de chouettes a permis d'établir très précisément leur alimentation. Plus de la moitié des proies sont des petits rongeurs nuisibles. Les rapaces nocturnes sont donc des auxiliaires très précieux des agriculteurs. Ils bénéficient d'ailleurs d'une protection sur tout le territoire français, certains depuis longtemps (1902 pour la chouette effraie !)

Une pelote (probablement d'Effraie) recueillie au Bouissou.

La même "décortiquée". On distingue deux crânes de musaraignes et deux crânes de campagnols.