Il y a encore soixante
ans, les activités religieuses à Saint Illide rythmaient, avec
les travaux des champs, la vie des habitants de la commune à un point
tel que ceux qui n’ont pas connu cette époque ont du mal, aujourd’hui,
à l’imaginer .
La présence permanente d’un prêtre ainsi que celle des sœurs
de l’école Sainte-Virginie y contribuaient pour beaucoup .
Les fidèles, surtout les femmes, assistaient régulièrement
aux cérémonies et aux offices et ceux-ci étaient nombreux
: bien sûr, les messes du dimanche, les baptêmes, mariages et obsèques
mais aussi les grandes fêtes religieuses, les messes célébrées
chaque matin , quelquefois à la petite église de Labontat , les
vêpres, la prière du soir chaque fin d’après midi
surtout au mois de Marie , les chemins de croix de la Semaine Sainte , les confessions,
sans parler des leçons de catéchisme pour les jeunes et des répétitions
pour les enfants de chœur et les membres de la chorale .
Des processions et des pèlerinages organisés pendant la belle
saison, étaient suivis par de nombreux fidèles :
Au cours de la procession des Rogations qui menait jusqu’à la chapelle de Vergnes (voir photo ci-contre) le curé bénissait récoltes et troupeaux .
La procession de la Fête Dieu avait lieu dans le bourg avec des arrêts devant les reposoirs fleuris que les familles se faisaient un honneur d’installer devant leur demeure . Le curé , revêtu de sa plus belle chasuble à broderies d’or , marchait sous un dais porté par quatre hommes en tenant un ostensoir doré qu’il posait successivement sur chacun des reposoirs ; des chants et des prières accompagnaient la procession .
La procession du 15 août se déroulait de Saint Illide à Albart : en tête , la bannière de la Vierge de chaque côté de laquelle pendaient deux cordons tenus par deux jeunes filles ; des cantiques en l’honneur de la Vierge étaient chantés tout au long du chemin. A l’arrivée, une courte cérémonie se déroulait à la chapelle d’Albart puis on allait se recueillir un instant derrière la chapelle sur la tombe de M. et Mme Bos-Darnis, bienfaiteurs de la commune .
Pour le Dimanche des Rameaux, il n’y avait pas à proprement parler de procession mais les jeunes enfants venaient à la messe en portant de petites branches de buis garnies de rubans et de sucreries. On accrochait le buis bénit au crucifix et aux images pieuses qui ornaient le mur des maisons, même les étables avaient droit à un rameau bénit ; quant à ceux de l’année précédente, ils ne pouvaient être que brûlés sous peine de péché .
Les Pèlerinages donnaient lieu à de longues marches à pied mais cet exercice était, pendant les années de guerre, pratiqué quotidiennement par chacun et des raccourcis permettaient de diminuer le chemin à parcourir. C’était l’occasion de cheminer en bandes d’amis, l’atmosphère était joyeuse et après la messe chacun sortait de son panier, de son sac ou de sa musette de quoi se refaire des forces avant d’entamer l’étape du retour.
Le
12 août, c’était le pèlerinage de notre Dame du Château
à Saint Christophe les Gorges (voir photo ci-contre), chapelle située
sur un surplomb rocheux qui domine les très belles gorges de la Maronne.
D’anciens manuscrits font état d’un château qui existait
à la fin du 5ème siècle (il sera rasé par les Anglais
pendant la guerre de Cent ans ) ...
Plus tard , en 1099 , le seigneur de Scorailles participa à la 1ère
croisade et ramena une statue de Vierge noire qui orne actuellement la chapelle
les jours de pèlerinage .
De nombreuses grâces furent reçues en ce lieu et on a, en particulier,
le récit d’une guérison miraculeuse survenue en 1699 en
la personne d’Elisabeth Fraissier, jeune fille de 22 ans dont une attaque
d’apoplexie avait paralysé la langue et le bras droit .
Dans l’été, on se rendait en pèlerinage à la petite chapelle de Saint Victor qui domine la vallée de la Soulane .
Le 8 septembre, pour aller
en pèlerinage à Enchanet qui était le plus éloigné,
il fallait partir à quatre heures du matin pour assister à la
messe de fin de matinée. (voir notre article : le
pélerinage d'Enchanet)
Le dernier jeudi d’août,
à la fête des bergers, c’est en autobus, étant donné
la distance, que l’on se rendait au pèlerinage de La Font Sainte
( commune de Saint Hyppolite ) à 1 220 mètres d’altitude
sur les pentes du Puy Mary.
La légende veut, qu’expression naturelle de la Trinité,
une source jaillit en trois points lorsque la Vierge des bergers toucha du doigt
le rocher .
Au-delà de la légende, un peu d’histoire sur ces lieux qui
ont été, depuis des siècles, très fréquentés
par les pèlerins :
La source fut probablement le lieu d’un culte druidique. Après
la christianisation, le culte de la Vierge succéda au culte de l’eau
et la tradition raconte q’une statue fut rapportée au 12éme
siècle des croisades et placée dans un petit oratoire là
où l’eau jaillit de la roche. Au milieu du14éme siècle
les bandes anglaises le détruisirent et la statue disparût : il
aurait été reconstruit puis à nouveau détruit lors
des Guerres de Religion au 16éme siècle.
Au 17éme siècle la Vierge est apparue à une paysanne, Marie
Galvain et lui a demandé de construire un oratoire sur la source ainsi
qu’une chapelle. Sur les conseils de son curé, Marie se rendit
à Saint Flour ( la légende veut qu’elle s’y soit rendue
à pied et en sabots ) pour en rendre compte à l’évêque
Monseigneur Jean Baptiste Massillon, le célèbre prédicateur.
Non seulement ce dernier prit en considération son récit mais
l’autorisa à rassembler des fonds auprès des fidèles
afin de construire l’oratoire et lui remit une statue en bois doré
de la Vierge tenant l’Enfant Jésus sur son bras gauche .
Les travaux prirent du retard faute de
moyens et c’est en 1744, après la mort de Marie, que l’oratoire
fut achevé et devint un lieu de pèlerinage très connu .
Ce n’est que beaucoup plus tard , en 1835 , que débutèrent
les travaux de construction d’une première chapelle qui fut bénie
le 8 septembre 1837.
En 1880 on entreprit la construction d’une deuxième chapelle mais
les travaux furent suspendus faute d’argent et finalement le nouvel édifice
conserva la nef de la première chapelle.
Dés lors la statue revêtue de son habit d’apparat monte passer
les mois d’été dans l’oratoire de la montagne avant
de redescendre à l’automne dans la chapelle à Saint Hyppolite.
Nous ne citerons, enfin, que pour mémoire le grand pèlerinage
à Notre Dame de Lourdes, bien loin du Cantal, que chaque catholique essayait
de faire au moins une fois dans sa vie.