Place de l'église (1)
La Mairie dont, après Eugéne
Claux, Adrien Poujol de Lacroqueille sera le secrétaire, poste qu’il
occupera de longues années pendant lesquelles il sera pour la population
de la commune un conseiller précieux et écouté ; Mme Dauzonne
lui succédera puis, actuellement, M. Bédélis secondé
par Mme Boissiéres.
En seront les maires successifs : Léon Fleys de 1929 à 1940, Edouard
Bastid de 1940 à 1943 Pierre Cinqualbre de 1943 à 1945, Léon
Fleys de 1945 à 1946, P Cinqualbre de 1946 à 1953 Gabriel Dutrévy
de 1953 à 1959, P. Cinqualbre de1959 à 1971 et Marcel Verniol
de 1971 à 2001.
François Lachaze est maire depuis 2000.
Au rez-de-chaussée du bâtiment de la mairie, le bureau de poste
tenu par M. et Mme Parrot ; plus tard, et pendant de longues années,
Jeannot Espalieu en a été le receveur ; le personnel comprend
aussi deux facteurs , véritables champions de la marche à pied,
et une factrice pour le bourg ; se sont ainsi succédé : M.Chapsal,
amputé d’un bras, M Desplat , M Lacambre, M Sabatier victime d’un
accident mortel et remplacé par son épouse, puis M Vézole
…
Le personnel communal comprend aussi un cantonnier, homme à tout faire
ainsi qu’un garde champêtre M Auriacombe ; c’est ce dernier
qui, le dimanche à la sortie de la grand-messe, sous le chêne de
la Liberté planté devant l’église (ou son successeur
car les avis sont partagés sur l’âge de cet arbre qui pour
certains remonterait à la Révolution ? ), lit les annonces municipales
à faire connaître à la population.
En face de la mairie, la maison de la famille Maury
: Charles Maury, dont l’épouse Elisabeth Hugny est décédée
en 1935, y habite avec une de ses filles Marinette ; il a été
pendant de longues années le jardinier de la famille Malvesin dont le
fils a épousé Julie Maury , la sœur de Charles (une autre
de ses sœurs, Caroline a épousé Joseph Darnis du Bouissou)avec
Marinette il y tient une petite épicerie, quant à sa sœur
Henriette, avant de partir à Paris travailler à la Banque de France,
elle y a exercé le métier de couturière (son atelier était
dans la grande pièce donnant sur la rue).
Charles est décédé en 1946 et peu de temps après
Marinette est partie à son tour travailler à Paris (un poste à
l’intendance du lycée Saint Louis sur les conseils de son beau
frère Georges Freslon,le mari de sa sœur Henriette dont les enfants
Didier et Hervé sont nés respectivement en 1943 et 1945) ; à
la retraite elle est venue finir ses jours dans cette maison et à son
décès en 1998 à l’âge de 93 ans, ce bien familial
est revenu à son neveu Hervé.
Au-dessus et en face, le monument aux morts où sont inscrits les noms
des fils de la commune qui sont morts pendant cette première guerre mondiale
et à qui chaque année le 11 novembre on rend un juste hommage
; je voudrais souligner aussi le mérite de toutes les femmes de Saint
Illide qui pendant toutes ces années ont remplacé les absents
dans les fermes tandis que les vieux reprenaient également le travail.
En face du monument aux morts et à l’emplacement de ce qui a été
au début du 19éme siècle une auberge tenue par Joseph Robert,
l’épicerie et le café–tabac de Félix et Jeanne
Roche repris par leur fille Gaby et son époux Pierre Bruel auxquels succédera
leur fille Annie épouse de Jeannot Espalieu puis plus tard, à
l’épicerie, leur fille Florence : quatre générations
à la tête du même commerce, quel bel exemple de continuité
familiale et d’attachement au pays !
Dans le bâtiment au fond de la cour, Antonin Martin , cordonnier et frère
de l’institutrice directrice de l'école des filles Félicie
Guillaume.
Dans cette même cour, Pierre fit construire après la guerre un
grand bâtiment qui servit de salle de bal pendant plusieurs années
: le " Balapierre "; la pancarte qui porte ce nom et qui surmonte
l’entrée a été peinte par René Gali, un garçon
doué et d’une grande gentillesse, malheureusement décédé
jeune d’une maladie rénale ; la famille Gali connut un autre grand
malheur en la personne de son frère Pierre décédé
de la poliomyélite au grand séminaire de Saint Flour. Je me souviens
que lors de ses obsèques célébrées par l’abbé
Lauzet , son père spirituel, ce dernier ne put maîtriser son émotion
et pleurait à chaudes larmes ; seul est resté Jean, le troisième
garçon, qui a quitté Saint Illide et vendu la maison de ses parents
après le décès de ces derniers.
En contrebas de l’église, et certainement à l’emplacement
de l’ancien prieuré comme semble l’indiquer le cadastre de
1824 , l’entrée de l’école Sainte Virginie (fondée
en 1897 par Mme Bos-Darnis), le "couvent" pour les habitants de Saint
Illide, où enseignent Mlle Laddé, Mlle Galibert et Mlle Rieux
trois religieuses de l’ordre de l’Enfant Jésus dont les talents
pédagogiques n’avaient d’égales que leur gentillesse
et leur piété et auxquelles doivent beaucoup de nombreux garçons
et filles de Saint Illide; c’est la loi de séparation de l’Eglise
et de l’Etat (loi Combes) votée en 1905 qui les avait contraintes
à être sécularisées pour pouvoir enseigner; plusieurs
années après la guerre elles reprendront l’habit et leur
nom en religion (sœur Marie Agnès pour Mlle Galibert).
Marcelle, une femme diminuée mentalement, a été adoptée
par elles et participe, suivant ses moyens, aux tâches domestiques.
Mlle Laddé enseigne aux plus petits et sa méthode pour leur apprendre
à lire obtient des résultats surprenants, son claquoir en bois
scande les leçons et le bonnet d’âne est quelquefois utilisé.
Quant à Sœur Marie Agnès, elle avait 24 ans lorsque elle
est venue enseigner à Saint Illide, elle y restera jusqu’à
l’âge de 84 ans et finira ses jours à la maison de retraite
La Providence à Aurillac ; sur le tard elle apprit à conduire
car son handicap lui permettait difficilement de marcher ; au volant de sa 2CV
elle allait visiter les malades et les personnes âgées seules et
l’on voyait souvent passer cette petite femme dont la tête dépassait
à peine du volant , petite par la taille, certes, mais ô combien
grande par le cœur !
Après son départ, l’école a été dirigée
par Suzanne Defargues, l’épouse du menuisier.
Le certificat d’études, obtenu ou non, est pour la plupart des
élèves des trois écoles le terme de leur scolarité
car il est grand temps pour les garçons d’aider le père
à la ferme ou à l’atelier et pour les filles de participer
aux tâches de la famille. Pour ceux qui ont la chance de continuer, c’est
la pension à Aurillac au lycée Emile Duclaux ou au collège
Sainte Eugène.
A côté de l’entrée du couvent et au fond de la petite
rue, la maison des demoiselles Aumont qui surplombe le grand pré du Démérier
de la ferme du Bruel (ironie des dénominations locales, le grand pré
de la ferme Darnis qui fait face au Démérier s’appelle le
pré des Bragues, mais quoi de plus naturel pour ces lieux qui étaient
voisins d’une grande partie des maisons du bourg et qui servaient de commodités
avant que le réseau des égouts ne soit réalisé)
; pendant de longues années, leur père, le docteur Aumont, a exercé
dans cette maison.
En face du portail d’entrée du couvent, celle de la famille Combret-Maumuchon
(Mme Combret est une demoiselle Apchin).
A côté la boutique de la famille Darnis (branche dite ‘’Pureille’’,
originaire du Bouissou) le père Paul dit ‘’bijoux‘’
et son épouse Marie née Lérac ; avec son fils Tintin(Valentin),
il exerce le métier d’horloger–bijoutier et celui de marchand–réparateur
de cycles ; ils sont aussi électriciens et les fils torsadés qui
existent encore dans de vieilles maisons de la commune ont, pour la plupart,
étaient posés par eux ; la mamèe Pureille vit avec eux,
très âgée,elle n’a plus toute sa tête et lorsqu’elle
réussit à s’échapper de la maison, va quémander
de la nourriture dans le village en disant qu’on la fait mourir de faim.
On lui donne une friandise et on la ramène chez elle gentiment.
Tintin fut victime de la poliomyélite étant jeune, une hanche
complètement bloquée, il a marché toute sa vie avec difficulté
; il est allé à l’école d’horlogerie de Besançon
apprendre le métier.
Tintin a la charge d’entretenir l’horloge municipale située
sur la façade de la mairie ainsi que, et c’est une occupation quotidienne,
celle confiée par la paroisse de ‘’sonner’’ les
cloches de l’église. Tintin sera, pendant des années, celui
qui sonne l’angélus et donne ainsi l’heure aux gens du village
et à ceux qui travaillent dans les champs, celui aussi qui a marqué
les divers moments de la vie de ses compatriotes en sonnant les cloches des
messes du dimanche, les carillons joyeux des mariages et des baptêmes
ainsi qu’hélas le glas qui prévenait les habitants qu’un
des leurs venait de les quitter.
Je ne voudrais pas oublier sa sœur Jeannette, modiste et ce d’autant
moins qu’au moment où j’écris ces lignes, Jeannette
(bientôt 98 ans et l’actuelle doyenne de la commune) est en vie
et réside à la maison de retraite d’Albart, hospice créé
grâce à la générosité de Pierre Bos-Darnis,
bienfaiteur de la commune ; en 2009 a été célébré
le 200éme anniversaire de sa naissance.