De nouvelles précisions

Pas de vraies bonnes nouvelles depuis 2010, année où les articles sur le chemin de fer à St Illide ont été écrits.
La voie a tout de même été débroussaillée, prête peut-être à recevoir les "draisines du Cantal" dans un avenir proche ??
 
Si, une très bonne nouvelle !  les courriers et les photos reçus de M. Bruno CALVET, dont la famille maternelle est originaire d'Aurillac et de Riom ès Montagne.
M. CALVET est un passionné des chemins de fer, membre actif du CFHA ( association des chemins de fer de la Haute Auvergne) dont il faut voir le site internet, qui exploite la ligne touristique Bort-Lugarde et au sein de laquelle il est plus particulièrement en charge du patrimoine historique.
M. CALVET se souvient des années où il passait quelques jours de vacances chez Mme FONTY, une cousine de sa mère, qui a tenu le passage à niveau (PN) 351 depuis le début des années 60 jusqu'à la fermeture de la ligne et qui logeait dans la maisonnette à la sortie de Parieu-Bas.
M. CALVET connaît beaucoup de choses sur le fonctionnement de la ligne Bort-Aurillac, au temps où elle était vivante et nous a donné une douzaine de photos, pour la plupart inédites, illustrant ses propos.
 
Mais laissons le parler..
 
Le PN portait le n° 351, " la numérotation se faisant depuis l'origine de la ligne, donc pour Parieu depuis Eygurandes, mais à l'époque de la construction, il y avait aussi bon nombre de PN non gardés, genre PN à vaches ou pour piétons qui portaient aussi un n°, ce qui gonflait pas mal le chiffre final."
 
 
La première photo noir et blanc montre le PN avant élecrification.
"On distingue au mur la grosse sonnerie du téléphone qui reliait le PN à la gare lorsque celle-ci annonçait qu'un train allait manœuvrer et qu'il fallait laisser les barrières fermées. Un peu à droite, au dessus du portillon pour piétons, on distingue un des boîtiers de sonnerie de l'annonce automatique type sud-ouest : un voyant et un "ting ting" annonçaient, sens pair ou sens impair, l'arrivée imminente d'un train. Il était temps de fermer les barrières...
Mme FONTY est derrière le portillon, côté St Illide.
Les cloches SIEMENS ont déjà été démontées et servent de support de pots de fleurs, une réutilisation qui valut à ma cousine le premier prix des PN fleuris...
 
Le PN était alors au temps de sa splendeur ! avec le potager qui apportait un complément de ressources non négligeable pour les petits salaires cheminots..."
 
 
" la photo couleur prise en 1971 montre les fameuses cloches SIEMENS dont il est question sur le site. Elles portent déjà le rond jaune qui signale qu'elles ne sont plus en service ( les dernières l'ont été jusqu'au début des années 80 sur le Lioran !). Elles encadrent l'interphone et la sonnerie du PN situé de l'autre côté de la gare : en effet, ma cousine pouvait ouvrir à distance et à la demande, aux tracteurs et aux rares visiteurs les barrières toujours abaissées de ce deuxième PN : il fallait des bras pour manier la manivelle du treuil que l'on voit derrière le portillon vert..
Le PN 351 a été l'un des derniers de la ligne à être automatisé, tout simplement pour des raisons de coût. Cependant, les manœuvres des trains de marchandises engageant le PN, il fallut tout de même maintenir les barrières automatiques abaissées pendant le refoulement des trains vers les voies de desserte de la halle à marchandises pour déposer ou reprendre les wagons de bois..."
 
 
" Ma cousine fut alors "licenciée économique" et lorsque la ligne ferma, elle quitta le PN dont elle avait pu racheter la maisonnette avec ses petites économies. Ce fut avec regret car c'était un cadre charmant mais c'était aussi une vie dure car, l'hiver, le soleil donnait peu et l'humidité se sentait très nettement au premier train du matin, de bonne heure. Il n'y avait pas de commerce de proximité, l'épicier ambulant et le boucher passaient dans la semaine..."
 
Dans l'article précédent, le trafic de la ligne, au temps de sa splendeur, est évalué à quinze passages par jour.
Sans doute faut-il revoir ce chiffre à la hausse, car dans les années 60 -70, alors que le trafic a déjà bien diminué, le chiffre de 15 est, à peu près, celui donné par M. CALVET qui a le grand mérite d'illustrer son propos de précisions et d'anecdotes pleines de vie..
 
 
" Si ma mémoire est bonne, il y avait 4 autorails dans un sens et quatre au retour, 3 le dimanche, le train de desserte marchandises quotidien qui devint ensuite tri-hebdomadaire, parfois des wagons à bestiaux, un train facultatif au besoin et l'été, un "transhumant" prenait le sillon du train facultatif.
S'y rajoutaient les trains de service, désherbeur, draisine, etc... et une fois par mois ou par trimestre le train de l'économat, composé de deux anciennes voitures de voyageurs et d'un wagon de stockage. Ce train s'arrêtait aux gares les plus importantes. Véritable magasin ambulant réservé aux cheminots, il fournissait de tout ( vêtements, outils, quincaillerie, épicerie...), le montant des achats étant prélevé directement par la SNCF sur les salaires. Ce train s'arrêtait à St Illide parce que, outre ma cousine, il y avait quelques familles de retraités cheminots qui habitaient dans le secteur et qu'il y avait une voie d'évitement ! "
 
Une photo, celle de l'autorail rouge " montre un autorail Renault ADP du dépôt d'Aurillac, montant vers Loupiac et Mauriac, sans doute un vendredi après-midi ou une veille de vacances, car il a attelé, fait assez exceptionnel sur cette ligne, une remorque, en raison d'un grand nombre de scolaires regagnant leurs foyers...Juste à droite du poteau, on devine la cheminée de la machine à vapeur fixe, qui permettait de pomper l'eau de la rivière pour alimenter le château d'eau de la gare.."
 
Sur l'autre photo, celle de l'autorail bleu, il s'agit " de l'autorail X 2800 montant à Mauriac dans les dernières années d'exploitation."
 
 
L'équipe de la voie était basée à Loupiac et la draisine descendait souvent dans les gorges pour inspecter la voie. L'hiver, elle poussait jusqu'au PN où Mme FONTY réchauffait volontiers la gamelle de l'équipe qui mangeait dans de bien meilleures conditions que dans le local de la gare ! souvent, les gars de la voie en profitaient pour déverser un peu de terre au niveau du jardin potager et repartaient avec quelques fleurs pour les épouses : solidarité cheminote !
 
 
" Sur une photo, on voit le détail du chargement du bois en gare. Il y avait un trafic important qui fut sacrifié au profit de la route...
En avant-plan, un taquet  anti-dérailleur, qui servait à protéger la voie principale de toute dérive de wagon venue de la voie d'évitement.
 
Sur l'autre photo, on voit la manoeuvre d'un train de desserte et les fameux wagons de bois, photo prise en 1987 depuis la chambre du haut du PN... On distingue très bien les grands sapins qui firent la réputation de la gare et, à l'extrême droite, la voie d'évitement qui servait, à la création de la ligne, à garer les machines de renfort avant d'escalader la rampe de Loupiac, ainsi que le petit abri qui servait aux équipes. Ensuite, la draisine et son équipe en profitèrent..."
 
 
" La vue de la gare montre une des dernières années d'exploitation avec un autorail X 2800 venant de Mauriac. Le bâtiment est fermé, un abri en béton minable accueille les rares voyageurs, les sapins seront bientôt abattus...
 
A l'époque, les installations autour du PN étaient bien entretenues. Il n'était pas rare que des pêcheurs viennent se garer et remontent la voie pour aller à leur coin de pêche, St Illide ayant toutefois la réputation d'être un coin à vipères...
Je suis repassé il y a quelques années, ce fut une erreur. Quelle tristesse ! les armoires techniques étaient éventrées pour récupérer le cuivre et la voie disparaissait sous les herbes folles."