La rage

On a du mal à se rendre compte aujourd'hui de la gravité de ce fléau et à quel point une morsure de chien enragé était autrefois chose courante. Nos aïeux savaient, par exemple, reconnaître un chien infecté à sa manière d'aboyer.

C'est Louis Pasteur qui, en 1885, remarqua qu'on pouvait prévenir la maladie, même en cas de morsure, à condition de s'y prendre avant que n'apparaissent les premiers signes, c’est-à-dire pendant la période d'incubation, en appliquant une vaccination curative. Avant cette date, cette maladie du système nerveux était incurable et mortelle.

Déjà sous la Révolution, le Conseil municipal de Saint-Illide évoque le problème et précise qu'il faut trouver "quelles sont les personnes qui peuvent avoir été mordues pour de suite leur dire de faire les remèdes convenables comme aussi pour faire tuer de suite tous les chiens qu’on suspecte d’avoir été mordus".

Outre le problème sanitaire, la rage a un coût que la commune doit prendre en charge quand les familles touchées sont indigentes. Ainsi, en 1897, le Conseil évoque le cas du jeune Léon Laporte du Couderc, mordu par le chien enragé de son voisin, M. Lafon .

"... il est par suite indispensable d’envoyer cet enfant à l’Institut Pasteur, (...) mais le jeune Renan Louis a été mordu aussi par un autre chien présumé enragé et il est prudent de prendre à son égard les mêmes précautions.
Attendu que les famille Renan et Laporte sont indigentes.
Considérant qu’il est à craindre que d’autres cas identiques se produisent,
Le Conseil décide qu’il y a lieu de voter, à titre de provisions, la somme de deux cent cinquante francs qui sera mise à la disposition de M. le Maire, chargé de faire au besoin, les avances nécessaires pour envoyer les malades indigents à l’institut Pasteur. Cette somme devra être prise sur les fonds libres".

La période d'incubation, durant laquelle la maladie peut être combattue, ne durant que quelques semaines, on voit que le Conseil se devait de prendre une décision rapide !!

Il faudra attendre 1906 pour que la Municipalité prennent des mesures drastiques pour enrayer le fléau. Ces mesures, extrêmement contraignantes, ont-elles pu être réellement appliquées ? Cela semble difficile même si l'amende qui devait frapper les contrevenants a pu être incitative.

"Considérant que des accidents déplorables sont trop souvent causés par des morsures de chiens enragés, qu’un chien soupçonné atteint de la rage a parcouru dernièrement la commune, qu’il y a lieu par conséquent de prendre des mesures pour prévenir tout accident, arrêtons :

Article 1 : Tout chien circulant sur la voie publique en liberté, ou même tenu en laisse, doit être muni d’un collier portant, gravé sur une plaque de métal, le nom et le domicile de son propriétaire.

Article 2 : les chiens trouvés sans collier sur la voie publique, les chiens errants, même munis du collier seront saisis et mis en fourrière ; ceux qui n’ont pas de collier et dont le propriétaire est inconnu seront abattus sans délai.

Article 3 : Les chiens qui portent le collier prescrit et ceux sans collier, dont le propriétaire est connu, seront abattus s’ils n’ont pas été réclamés avant l’expiration d’un délai de trois jours francs.

Article 4 : En cas de remise au propriétaire, ce dernier sera tenu au payement d’une somme de deux francs.

Article 5 : M. le garde-champêtre de St Illide est chargé de l’exécution du présent arrêté.

Fait et arrêté à St Illide, le 20 août 1906 ."

La rage est maintenant pour nous un lointain souvenir (le dernier cas de rage humaine en France remonte à 1924) mais n'oublions pas qu'elle tue encore chaque année environ 70 000 personnes en Afrique et en Asie.