La réquisition des chevaux
Le décret du 18 germinal an II (7 avril 1794) est très clair : la Convention ordonne une levée extraordinaire des chevaux pour le service des transports militaires sur tous les cantons et arrondissements de la République (ci-contre un artilleur à cheval).
Redoutant probablement la réaction de leurs concitoyens devant une demande aussi impopulaire, les membres du Conseil municipal ont fait la sourde oreille et ont laissé passer le temps. Peut-être, après tout, la République pourra-t-elle épargner les chevaux miraliers ...
Six mois se sont écoulés quand le Maire, le citoyen Parra, reçoit un courrier du citoyen Dubuisson, Maire de Laroquebrou, chef-lieu de canton (Saint-Illide ne dépend pas encore du canton de Saint-Cernin).
Ses propos le démontrent, le citoyen Dubuisson est animé d'une conviction révolutionnaire beaucoup plus ardente que celle de son collègue miralier...
Sa lettre commence par : "Laroquebrou le 18 vendémiaire troisième année républicaine [9 octobre 1794] Liberté, égalité, fraternité, la République une et indivisible ou la mort" et également "Le maire et officiers municipaux de la commune de Laroquebrou, chef lieu de canton aux citoyens maire et officiers municipaux de la commune d’Ilyde".
"Ilyde", le nouveau nom républicain de la commune (voir Illide) !!
La suite est sans équivoque, le citoyen Dubuisson explique au maire qu'il n'est plus possible de retarder la levée des chevaux, que cette levée est "nécessaire et utile à la prospérité de la République". Le ton devient ensuite injonctif : "occupez vous donc dans les vingt quatre heures à faire la liste de tous les chevaux et mulets qui sont dans votre commune".
Il s'agira ensuite pour le citoyen Parra de repérer parmi ces chevaux "s'il s’en trouverait quelques uns de luxe ... sont réputés chevaux de luxe tous ceux qui servent à la selle et qui sont de pur agrément pour les individus sans être d’une utilité réelle pour la chose publique".
Tous les chevaux et mulets "de luxe" devront être conduits à Laroquebrou le 1er brumaire an III (22 octobre 1794), "D’après l’article huit, il convient qu’un ou deux officiers municipaux y soient, pour décider les contestations qui pourraient s’élever, au reste nous ferons en sorte d’avoir un commissaire qui nous aidera dans cette opération et qui jugera les chevaux propres au service des armées."
Le citoyen Dubuisson conclut
par un magistral : "Nous espérons avec confiance que votre patriotisme
et votre zèle pour la chose publique vous porteront sans peine à
vous occuper de suite de ce travail.
Salut et fraternité".
Nous ne savons pas comment le citoyen Parra a pu se tirer de cette épineuse situation ...