réveillés

Les Réveillés (ou Réveillez)... Qui, à St Illide, se souvient encore des Réveillés ?

Pourtant, il y a cinquante ans, peut-être moins, toutes les maisons du bourg et des villages de la commune, recevaient la visite de groupes de jeunes garçons venus chanter devant chaque porte, l'air des Réveillés.

C'était dans la semaine qui précède la Semaine Sainte, plusieurs soirs de suite, le vendredi, le samedi ou le dimanche des Rameaux, le soir tard, lorsque la nuit était tombée.

Et les "Réveillés" dans chaque maison, en réalité ne dormaient pas car ils attendaient cette visite.

Ils écoutaient ce petit groupe, quatre ou cinq garçons, pas davantage, leur chanter ce vieil air, accompagné à l'accordéon ou simplement au pipeau, selon les moyens du groupe...

"La passion de Jésus-Christ (bis)

Ah, qu'il fait bon l'entendre,

Entendez-là, petits et grands,

Tous les jours d'ordonnance."

C'était le premier couplet. Il y en avait d'autres que j'ai oubliés, mais l'air, triste et lent, sur une mélodie très simple, ne s'oublie pas.

Ce chant là était celui chanté à St Illide.

Ailleurs, dans le Cantal, car la tradition paraît propre au Cantal, il y avait d'autres chants, peut-être plus anciens ou plus expressifs encore, comme :

"Réveillez vous bonnes gens qui dormez,

Réveillez vous, songez à l'autre Monde,

Réveillez vous, songez à l'Avenir,

Souvenez vous qu'un jour, faudra mourir."

Ou aussi :

"Réveillez, réveillez
Car voici l'heure ...
Un Dieu pour nos péchés
Faut bien qu'il meure ..."

La tradition des Réveillés remonte certainement à très longtemps. Elle rappelait la Passion du Christ, le Vendredi Saint, puis sa Résurrection, le jour de Pâques.

Les chanteurs, après leur chant, appelaient et toquaient à la porte.

Alors, la porte de la maison s'ouvrait avec tous ses habitants sur le seuil. Les chanteurs se faisaient connaître et c'était alors un moment joyeux, plein de rires et de plaisanteries.

L'un des chanteurs tendait un grand panier pour y recevoir des oeufs ou, à défaut, des fruits ou des piécettes.

Le petit groupe passait alors à la maison ou à la ferme suivante et recommençait...

L'accueil était toujours sympathique et chacun savait bien devant quelles portes il ne fallait pas s'arrêter, pour cause de deuil récent, de pauvreté ou de mauvaise compagnie.

Au bout de la soirée, une belle omelette régalait les jeunes, avec quelques pièces pour chacun...

A St Illide, comme partout, cette belle tradition des Réveillés s'est perdue. Quel dommage ! Elle était simple et pleine de poésie. Quelques communes comme Pailherols l'ont rétablie récemment, mais elle appartient alors au folklore.

Quelques réactions d'internautes :

J’ai chanté “les Réveillés”!!

A 18 ans, en 1966, j’ai été institutrice à Allanche. Venue de la capitale, Aurillac, je fus très surprise , voire décontenancée d’être “fortement invitée” à suivre , disons surveiller, le groupe de pensionnaires du secondaire de l’école Saint Joseph qui déambulait le soir, après dîner, dans les rues d’Allanche pour quêter les oeufs . Le lendemain, la cuisinière les mettait en conserve dans de grandes jarres. La saveur de ces oeufs cuits en omelette dans les mois qui suivaient reste dans ma mémoire... Ce rite durait 2 semaines si ma mémoire est bonne..

La fin de chaque chant était suivi d’une imitation de bruit de la poule (ou du coq...???!!!). Et c’est à ce moment que la porte s’ouvrait.
Danièle

Pour ce qui est de la coutume de la semaine pascale, ma mère me racontait que dans son village (Siran), c'est tous les enfants, garçons et fillles, qui passaient de maison en maison accompagnés d'un accordéonniste et qui récoltaient des oeufs ou quelque menue monnaie.Elle gardait un très bon souvenir de ces moments partagés.
La coutume d'Halloween aux Etats-Unis est assez semblable car les enfants vont aussi chez leurs voisins déguisés en sorcières, monstres ou autres vilains personnages, récitent une petite comptine et récoltent en général des bonbons.
Simone