Sauterelles, criquets et grillons

Par une belle journée d’été en Auvergne, pénétrons dans un pré qui n’a pas encore été fauché.
Vous n’y pensez pas ! piétiner cette herbe alors que le fermier va la couper et la faner !
Rassurez vous, n’y faire que quelque pas sera suffisant pour découvrir l’incroyable variété d’insectes qu’abrite ce petit coin de nature ; nos pas les dérangent et autour de nous ça vole, ça saute, ça court sur la végétation et le sol : papillons, libellules, abeilles, guêpes, mouches, sauterelles, criquets, araignées, grillons, pucerons, chenilles, coccinelles, et j’en oublie, notamment ceux dont la petite taille échappe à nos yeux.
C’est pour nous l’occasion de constater ce que les spécialistes appellent la biodiversité du monde animal et végétal, biodiversité au milieu de laquelle l’Homme a la chance de vivre mais aussi le devoir de protéger son fragile équilibre.
De tout ce petit monde des insectes, nous dirons quelques mots aujourd’hui sur les sauterelles, les criquets et les grillons.

Sauterelle verte
Criquet
Grillon

Ils sont bien connus pour leurs aptitudes au saut qui leur permet d’échapper aux prédateurs et pour leur chant strident qui permet au mâle d’appeler sa partenaire.
Ils appartiennent tous à l’ordre des orthoptères, sauterelles et grillons appartenant au même sous-ordre et les criquets à un autre sous ordre.
Ils possèdent tous une vue et une ouie excellentes.
Sans trop entrer dans des détails fastidieux , voici ce qui les distingue :

Les grandes sauterelles( 6000 espèces dans le monde) représentée chez nous par la grande sauterelle verte, grand insecte d’une dizaine de centimètres possédant de fines antennes plus longue que son corps, 6 pattes articulées, les pattes arrières longues et puissantes se détendant comme des ressorts tandis que les pattes antérieures abritent les organes de l’audition. A noter que saisie par une de ses pattes postérieures, la sauterelle sacrifiera ce membre en contractant un muscle spécial situé à sa base, un petit diaphragme refermera immédiatement la plaie, évitant ainsi une infection ou une perte massive de sang.
Elle a aussi deux paires d’ailes, la supérieure étant des élytres aux nervures épaisses, l’inférieure constituée de fines et souples membranes qui déployées leur permettent, après le saut, de planer sur de courtes distances ; c’est en frottant ses élytres l’une contre l’autre que le mâle émet ces stridulations caractéristiques lors de nos soirs d’été.
Dotée de deux puissantes mandibules, elles se nourrit de végétaux mais dévore aussi de nombreux insectes.
L’abdomen de la femelle se prolonge par un long appendice en forme de sabre, tarière appelée oviducte ; c’est avec cet organe qu’elle creusera le sol pour y déposer ses œufs.
Il n’y a pas d’accouplement à proprement parler , le mâle se contentant de déposer son spermatophore( sac contenant les spermatozoïdes) à l’entrée des orifices génitaux de la femelle.
Après la ponte , mâle et femelle meurent.
Quant aux œufs(20 à 100), ils éclosent au printemps suivant , les larves connaissant plusieurs mues successives avant de devenir adultes.
Dans nos prairies existe également une sauterelle plus petite de ton brun marbré qui lorsqu’elle s’envole laisse apparaître des ailes aux jolies couleurs rouges ou bleues.

Les criquets( 10.000 espèces) ressemblent beaucoup pour certains aux sauterelles et c’et ainsi que nous les appelons couramment chez nous ; ce qui les distingue : des antennes courtes, des stridulations obtenues en frottant les pattes inférieures contre les élytres et une tarière souvent absente ou de dimension réduite.
Ce qu’il faut dire à leur sujet c’est l’existence d’espèces qui migrent sur de très longues distances en nuées de plusieurs milliards d’individus et qui s’abattent sur les récoltes en les dévorant entièrement ; notre pays en est épargné alors que c’est un véritable fléau sur le continent africain.

Les grillons( 2.000 espèces) sont des insectes de plus petites tailles et d’une couleur allant du brun clair au noir.
Le grillon des champs a un corps trapu , une tête presque sphérique munie d’antennes filiformes et de gros yeux saillants ; comme la sauterelle il possède 6 pattes, les postérieures servant au saut, des élytres avec lesquelles il émet des stridulations et chez la femelle une tarière lui permettant de déposer ses œufs dans le sol ; excellent fouisseur il creuse sous terre de profondes galeries et où il vit pendant le jour car c’est un insecte nocturne qui sort la nuit pour se nourrir et se reproduire ; contrairement à la sauterelle, le mâle introduit son appareil reproducteur dans les voies génitales de la femelle , les œufs( au nombre parfois de prés de 700) éclosent dans le sol au bout de quelques semaines et donnent naissance à des jeunes complètement formés.
Ils sont omnivores et leur durée de vie est d’environ un an.
Dans certains pays cet insecte est élevé pour plusieurs usages : combat de mâles de certaines espèces particulièrement agressives, mise en petites cages des mâles pour leur chant, consommation de grillons frits ou grillés car c’est un mets apprécié et très riche en protéines.
Chez nous le grillon du foyer, de couleur plus claire que celui des champs est un compagnon apprécié.
Si votre demeure dans le Cantal possède un cantou où l’on fait régulièrement du feu, le grillon y élira volontiers domicile ; ce gardien du foyer sortira à la faveur de l’obscurité dans la tiédeur du cantou où s’éteint le feu, pour venir s’y nourrir de débris végétaux et émettre son chant caractéristique si sympathique à entendre dans la nuit. Allumez la lumière et vous le verrez courir se réfugier dans sa cachette.