Un siècle de fonctionnement de la gare (1)

En 17 ans, tout est achevé ! la gare de St Illide est pimpante pour recevoir ses premiers voyageurs.
Ce n'est pas n'importe quelle gare. Presque un modèle déposé ! En effet, alors que la plupart des gares de la ligne comportent un bâtiment voyageurs avec halle accolée, celle de St Illide présente un bâtiment voyageurs à 3 portes, desservant respectivement le bureau du chef de gare, la salle voyageurs et l'escalier montant au logement du chef de gare.
La halle marchandises, de grandes dimensions, est séparée, à plus 100 mètres, avec pente d'embarquement et quai de déchargement.

La gare
La halle marchandises

En vous promenant sur le quai, toujours très propre, quelques arbres bien alignés, des catalpas surtout, des haies bien taillées, des massifs de fleurs et une jolie perspective sur la vallée de l'Etze, avec ses grandes prairies, jusqu'à la garde-barrières située à droite sur la voie menant à Loupiac-St Christophe jusqu'au tournant au bout duquel s'amorce très vite, le premier des cinq tunnels du parcours.
A gauche, la petite maison de la garde-barrières est visible aussi. Beaucoup de tournants mais la vue porte plus loin sur la vallée, si bien que lorsque le train est à l'approche, venant de Nieudan-St Victor, on le voit et surtout on l'entend plusieurs minutes avant l'arrêt de St Illide.

La cloche Siemens, sur son socle tubulaire gris, actionnée électriquement, sonne : le train quitte la gare d'avant. Les voyageurs peuvent se préparer. Le train sera là dans 10 minutes environ.
Cet équipement d'information des voyageurs est, en réalité, un moyen de sécurité essentiel sur les lignes à voie unique.

Sur la façade de la gare, côté quai, une horloge ronde appelée régulateur de gare, donne l'heure exacte. Le chef de gare, comme tous ses collègues, a une grosse montre-gousset portant aussi la marque "régulateur".

A droite sur le quai, un petit édicule vitré. C'est la lampisterie où sont stockés divers petits matériels et les lanternes à carbure en cuivre utilisées à la nuit tombée, accompagnées du sifflet, pour les manœuvres et aussi pour l'annonce verbale, accent du cru inclus, " St Illide" devant les wagons à l'arrêt, permettant aux voyageurs ensommeillés de se repérer sur leur parcours.

Ces annonces, on les entendait dans toutes les gares du parcours depuis Paris dans le train de nuit qui s'arrêtait 36 fois avant d'atteindre St Illide...Bruit des pas du chef de gare crissant sur le gravier des quais, ombres créées par la lanterne SNCF, nom de la gare crié plusieurs fois. Le train prenait son temps et on savourait, sans le savoir, le charme et le dépaysement du voyage.

Hélas, le dernier train de Paris passe le 13 mai 1950 ! Le barrage de Bort interdit d'aller plus loin. Lors des négociations sur le projet de barrage, EDF s'est pourtant engagée à financer son contournement grâce au percement d'un tunnel de 6, 6 kms. Le gouvernement s'est engagé aussi, Henri Queuille, Président du Conseil et élu de la Corrèze, l'a déclaré formellement. Les travaux commencent dès 1950. Près de 1.500 mètres seront réalisés mais tout s'arrête en septembre 1955, faute de financement et de volonté politique. Bort est désormais dans un cul de sac et condamné à péricliter.

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