Un siècle de fonctionnement de la gare (2)

Mais revenons à notre gare de St Illide... La salle d'attente est là avec ses sièges en bois, un poële à bois en fonte et son tuyau, quelques affiches publicitaires SNCF vantant les charmes de provinces lointaines et la bascule pour peser les objets lourds.
Le guichet est à gauche, où se renseigner et acheter les tickets, petits morceaux de carton imprimé qui seront poinçonnés par le chef de gare avant le départ.
Sortons sur le quai, un train est annoncé, la cloche Siemens a sonné, mais, vite, le chef de gare est aux aiguillages un peu plus haut. Il tire sur les manettes qui n'obéissent pas facilement. Elles sont, en effet, manuelles et l'opérateur doit tirer fort la manette qui tend les câbles qui passent sur des roulettes et vont jusqu'à l'aiguille.
L'ensemble sera électrifié dans les années 60.

Pourquoi cet aiguillage ? parce que le train a besoin de faire de l'eau... Les locomotives fonctionnent en effet au charbon et à la vapeur et il faut beaucoup d'eau. St Illide dispose d'une citerne circulaire d'assez grandes dimensions. Le train arrive. Grâce à l'aiguillage, la locomotive, libérée de son convoi, se dirige lentement, en marche arrière, vers la citerne. Le mécanicien descend de sa machine, tire sur une chaînette pour diriger le manchon de la réserve d'eau et recharger sa locomotive. On voit l'eau sortir à gros bouillons. Dans un vacarme terrible, la locomotive se met à cracher brusquement et le train s'efface dans un nuage de vapeur.

Prêt pour le départ ! les adieux sont finis, chacun est installé et les voyageurs de première, seconde ou troisième classe sont aux fenêtres ou à la portière (les premières voitures étaient en bois avec une porte par compartiment) pour suivre la manoeuvre avec intérêt.
Le chef de gare est là avec son drapeau. Il vérifie que tout est en ordre, un coup d'oeil à son régulateur et agite le drapeau. Le train repart lentement, de toute la force de ses bielles, vers la gare d'après...
Si vous allez à Loupiac-St Christophe ou plus loin en direction de Paris, alors vous traversez les voies et vous attendez votre train dans le petit abri couvert en face de la gare.

La ligne, à voie unique, sauf évidemment dans les gares, n'a cependant pas connu d'accident, contrairement à d'autres lignes où des drames se sont produits.
Un seul déraillement à notre connaissance, a eu lieu à St Illide le 26 janvier 1906, au km 518. Ce jour là, sans raison connue, la locomotive est sortie des rails pour aller buter violemment contre le talus. Le fourgon de tête a été entièrement démoli mais, par chance, il n'avait qu'un seul occupant, le chef de train, qui s'en est tiré avec quelques égratignures. Cet accident, qui a fait les gros titres de "l'Avenir du Cantal" n'a pas eu de conséquences humaines et dès le lendemain, le trafic pouvait reprendre. St Illide veillait sans doute...

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