La Truite


La truite est , sans conteste , la reine de nos rivières et de nos ruisseaux .
Elle vit et ne se reproduit que dans des eaux vives , claires , pures et fraîches .
Ce poisson de la famille des salmonidés n’existait , à l’origine , dans nos rivières d’Auvergne que sous la forme de la variété dite "fario": truite à dos sombre et aux flancs tachetés de points noirs et rouges .
L’introduction massive d’alevins de la variété "arc en ciel", originaire d’Amérique , a provoqué , depuis les années 50 , la disparition quasi-totale de la fario ; ces alevins sont produits en pisciculture et déversés par les sociétés de pêche pour enrichir la faune des cours d’eau .
Certes cette méthode permet aux "vrais" ( titulaires d’un permis de pêche ) pêcheurs de s’adonner à leur sport favori de façon plus fructueuse et surtout d’éviter que les rivières ne deviennent de quasi déserts mais la disparition d’une espèce endémique est tout de même une chose à déplorer ; encore un élément de la diversité biologique qui disparaît !

Mais les vraies causes du dépeuplement de nos cours d’eau et de l’appauvrissement des êtres vivants qui les habitent ( vers , larves d’insectes ,mollusques , petits crustacés c'est-à-dire autant de proies pour les poissons ) sont dues aux pollutions accidentelles ou diffuses qui les agressent , l’ emploi des pesticides et des engrais chimiques , les rejets d’eaux usées non ou mal traitées , l’érosion des sols conduisant au colmatage du fond des lits et notamment des frayères ...
Soulignons les efforts par les responsables des Services de la Pêche en France pour réglementer les prélèvements : taille des prises, périodes de pêche limitées dans le temps , limitation du nombre des prises , efforts pour réduire les sources de pollution …
Pour en revenir à la truite , quel spectacle fascinant que de voir dans le courant d’une de nos rivières notre poisson en quête de nourriture : grâce à une nage quasi stationnaire , il se tient à l’affût à proximité d’un obstacle (rocher ou branche d’arbre ) en guettant la proie que le courant lui emmène , elle la regarde venir , la laisse passer puis soudain se retourne et en un éclair s’en saisit .
Ce poisson solitaire est , en position de repos sous une pierre ou dans un trou de la berge et dans le courant en période de chasse .
Dans nos rivières du Cantal , ses cousins (qui sont aussi ses proies ) sont : les vairons , les goujons, les loches et , hélas de plus en plus , ceux appelés chez nous "poissons blancs", terme de mépris tant la qualité de la chair et le plaisir de la pêche sont loin de ceux de la truite .
Pour terminer et sans vouloir un seul instant en faire l’apologie car ce sont des modes de pêche prohibés de nos jours et qualifiés de braconnage , je voudrais tout de même parler de ceux pratiqués par nos ancêtres ; il ne faut pas , en effet , oublier que ces hommes de la terre ne pouvaient se permettre , une ligne à la main , d’attendre que ça morde ; le poisson était nécessaire à leur alimentation et il leur fallait des moyens de pêche rapides et efficaces bien que loin d’être faciles à utiliser : pêche à la main , pêche au filet et notamment à l’épervier ; nos rivières étaient riches en poissons et supportaient de telles techniques de pêche, c’était de la "cueillette" de ce qu’offrait généreusement la nature !