Le château du Belestat

Alors que le château de La Bontat reste un souvenir vivace dans bien des esprits miraliers et que celui de Barriac éveille encore un faible écho dans quelques mémoires, le château du Belestat semble être totalement oublié des habitants de la commune. Son emplacement et son existence même sont inconnus de presque tous les gens que nous avons interrogés.

Le château du Belestat avait donné son nom à une famille dont faisait partie Feydit du Belestat, légendaire troubadour du XIIIe siècle. Jean de Belestat fut inscrit à l’Armorial de 1450. La seigneurie de Belestat a été possédée en tout ou en partie par la famille de Croset (ou Crozet ou Crouzet). Cette famille s'est unie avec les familles de Plaignes, de Prallat, de Caissac et de Léotoing.
On rencontre un Guérin du Croset vers 1300 et Jean du Crozet était seigneur de Belestat en 1390. Antoine de Crozet, seigneur de Belestat épousa Louise de Montclar-Montbrun en 1415. Jeanne de Crozet, peut-être la dernière de son nom, épousa vers 1551 Jean de Plaignes dont les descendants possédaient le Belestat en 1666. Au XVIIIe siècle, on retrouve Jean-Pierre de Belestat comme garde du corps de Louis XVI.

Là où les choses se compliquent, c'est qu'il existe en Auvergne une autre famille de Crozet n'ayant rien à voir avec le Belestat. Il est ainsi difficile de savoir si les armes ci-dessous sont celles qui nous intéressent. D'autant plus que la famille de Belestat possédait un autre blason ... (voir également ci-dessous).

Le blason de la famille de Crozet : d'azur à la bande d'argent semée de trois roses de gueules.

Mais est-ce bien la famille de Crozet de la commune de Saint-Illide ?

Le blason de la famille de Belestat : écartelées aux 1er et 4ème de gueules, au gonfanon d’or ; aux 2ème et 3ème d’argent, à la tour de sable .

Comme vous le voyez, nous ne possédons que peu d'informations sur cette noble famille.

Le château est mentionné dans "Géographie du département du Cantal" d'Adolphe Joanne - Hachette, en 1875.
Un autre ouvrage, "le Dictionnaire statistique et historique du département du Cantal de M. Deribier-du-chatelet" daté de 1850, précise : "le château, en 1610, avait deux corps de logis et deux tours".

Nous avons décidé d'utiliser le cadastre de 1824, appelé à tort "cadastre de Napoléon" (ce document est consultable sur le site des archives départementales du Cantal), pour essayer d'y voir plus clair.

Nous avons constaté que le Belestat était alors un tout petit hameau ne comprenant que deux constructions, l'une d'elles étant peut-être le château (voir ci-dessous). Il nous a semblé que c'était le bâtiment le plus au sud qui pouvait prétendre à ce titre, l'autre évoquant davantage par sa forme un local agricole.

La matrice du cadastre (qui mentionne le propriétaire et la nature de chaque parcelle indiquée sur le plan) nous a laissés perplexes. Si le bâtiment le plus au nord était bien une grange, l'autre édifice était recensé comme "maison" et la tout petite construction comme "four". Le propriétaire était alors M. de Léotoing, marquis d'Anjony.

Nous avons comparé ce plan avec une photo satellite actuelle. Malgré quelques changements, on peut reconnaître la topographie générale. Le hameau ne s'est pas développé. Au nord, se trouve toujours le local agricole (en allant sur place vous verrez qu'il s'agit bien d'une grange) et au sud, à la place du grand bâtiment recensé en 1824, deux belles maisons auvergnates.

Tout cela n'avait pas grand sens mais nous avons poursuivi l'enquête ...

Le plan cadastral (1824)
Le Belestat vu du ciel
Les deux maisons

Nous nous sommes donc rendus sur place.

Nous avons été reçus très chaleureusement par M. Montagut et sa petite fille, actuels propriétaires des deux maisons. Voici les explications qu'ils nous ont fournies :

Contrairement à ce qu'indiquait Adolphe Joanne en 1875 dans "Géographie du département du Cantal", le château, à cette époque, n'existait déjà plus depuis longtemps. Il avait été détruit par un incendie, peut-être pendant la Révolution. Comme c'était l'usage, les pierres du château ont été réutilisées pour construire les deux maisons actuelles. Certaines poutres intactes on également été recyclées.

Mais alors, pourquoi le cadastre de 1824 indique-t-il une longue bâtisse et non pas deux maisons ? Un schéma va éclairer les expications de M. Montagut :

Les deux maisons actuelles (en rouge) étaient jointes par une sorte de passerelle (en bleu) et prolongées par une remise (en bleu). Les géomètres du cadastre n'ont pas tenu compte de la séparation entre les deux bâtiments et ont dessiné une longue bâtisse. Le four (en vert) a plus tard été déplacé et adjoint à la seconde maison.
En gris l'emplacement supposé du château.

Vers 1875, M. de Léotoing d'Anjony a vendu le domaine à M. Apcher, grand-père de M. Montagut, actuel propriétaire.

Les vestiges du château.