LES CHEVRES

« Encore ! » me direz-vous ? Eh bien oui, encore ! Encore une fois l’Auvergne a failli voir disparaître une race locale d’animaux domestiques au profit d’autres variétés plus rentables mais moins bien adaptées à notre région.
Ce qui s’est passé avec la vache et le cheval s’est déroulé presque de la même manière avec la chèvre.

Mais rendons tout d’abord hommage à cet animal trop souvent sous estimé. La chèvre est une très ancienne compagne de l’homme, la plus ancienne peut-être avec le mouton puisqu’elle a été domestiquée dès le début du néolithique, il y a plus de 10 000 ans. A cette échelle, la vache, avec ses 7 000 ans, fait figure de nouvelle venue.
Nos ancêtres préhistoriques avaient bien compris tout le profit qu’ils pouvaient tirer de cet animal aux dimensions modestes et donc bien moins dangereux à manipuler qu’un aurochs. Très vite, ils surent exploiter son lait, sa viande et sa peau, le tout à peu de frais puisque la chèvre se contente d’un menu très frugal : végétaux sauvages, épineux, feuilles d’arbustes …
Sympathique, intelligente et affectueuse, elle présente néanmoins l’inconvénient d’être indisciplinée et fantasque … M. Seguin en sait quelque chose !

On voit peu de chèvres dans le Cantal, c’est vrai mais n’oublions pas que leur nombre était très important jusque dans les années 1960, ainsi à Saint-Illide, on en recensait 163 au début du XXe siècle ... Car, enfin, le Cabécou et la Briquette du Forez ne sont-ils pas des fromages auvergnats ?.
La chèvre auvergnate n’avait pas de couleur très définie, elle pouvait être blanche, noire, marron foncé, voire bicolore (jamais chamoisée), son poil était plutôt long, ses cornes recourbées vers l’arrière et ses oreilles horizontales. Très rustique, elle pouvait résister aux rigueurs de l’hiver cantalien et n’était pas difficile à nourrir.
Son déclin a été très rapide, en quelques années, l’Alpine Chamoisée et la Saanen (deux races suisses), meilleures laitières, l’ont supplantée  … et puis les pâturages n’étaient ils pas destinés en priorité à la princesse du Cantal : la vache de Salers ?
Heureusement, en 1994, une association d'éleveurs a créé l'Association pour le Renouveau de la Chèvre du Massif-Central (ARCM) pour tenter de sauver les dernières lignées d'animaux. Pour plus d'informations sur cette variété en plein renaissance, n'hésitez pas à consulter le site de l'ARCM : ICI
En 2000, on a pu recenser  plus de 500 animaux dans environ 50 élevages. Ce n’est qu’un début mais il est prometteur ! La chèvre auvergnate produit moins de lait que ses concurrentes (environ 500 litres par an, contre 750 litres pour une chèvre suisse) mais son arôme et son goût sont incomparables pour la fabrication du fromage.
N’espérez cependant pas voir de chèvres à Saint-Illide, elles y sont absentes … pour le moment.
Il y eut, un temps, à Saint-Cirgues de Malbert, la commune voisine, un élevage d’une quarantaine de bêtes (des Alpines chamoisées) mais cette entreprise a fermé il y a quelques mois (cf ci-dessous).

La traite à Saint-Cirgues de Malbert.
Les chevreaux

Reste un élevage assez proche et très authentique, c'est celui de Jacques LESMARIE à Apcher, près de Saint-Cernin. Son troupeau est constitué exclusivement de chèvres auvergnates élevées de la façon la plus naturelle qui soit (en extérieur dans un pré !) et soignées par des médecines douces (huiles essentielles ...). M. LESMARIE vend de délicieux fromages ! Seul inconvénient : vous ne le trouverez pas à Apcher de mai à novembre car il emmène son troupeau estiver dans la montagne (tout de même 80 km parcourus à pieds !!)

Un bel exemple de la diversité morphologique des chèvres auvergnates.
M. LESMARIE fait bien sûr partie de l'ARCM (association mentionnée plus haut)