Les cloches

A la veille de la Révolution, les deux cloches de l'église de Labontat sont bien installées dans les deux dents de l'élégant clocher à peigne. Hélas, elles vont connaître le même sort que leurs sœurs de St Illide.

En vertu des dispositions d'un décret de Thermidor an II, une des deux cloches doit être réquisitionnée et remise à l'État pour être fondue et transformée en pièces de monnaie ou, plus probablement, en canon.
L'autre est sauvée, car elle fera office d' "horloge civique", sonnant les heures au service des citoyens de Labontat.

Mais, sur place, l'exécution des instructions n'est pas chose facile. Heureusement, la police veille au respect de la Loi !
En effet, les hommes envoyés pour enlever la cloche (celle de droite), accompagnés de policiers, sont très mal reçus à l'auberge de la Veuve Bos qui déclare que les cloches n'appartiennent pas à la commune et que, si on en prend une, il faudra bien ensuite la remonter...
Dans sa protestation, elle se sert de termes si violents (on ne sait pas lesquels) que la police exige qu'elle se rétracte et s'excuse.

On profite de l'accalmie pour descendre la cloche "et la déposer chez Cabane".
Mais l'histoire n'en reste pas là.
Tandis que les policiers repartent, suivant le chemin qui mène aujourd'hui au petit cimetière, Antoine Lalande (un élu de St Illide) étant resté derrière, deux inconnus viennent le rejoindre et lui appliquent de vigoureux coups de bâton "qui heureusement, ne firent aucune cicatrice apparente".
Aussitôt les policiers courent à leur poursuite mais pas assez vite pour les rattraper... Ils retournent alors à Labontat se rafraîchir à l'auberge mais, là encore l'accueil de la Veuve Bos est glacial. Elle n'est pas seule, il y a les frères Lapié, Pierre et Antoine qui ne sont pas contents non plus de ce qui se passe et qui le disent. Le ton monte vite et la discussion s'envenime à tel point qu'Antoine sort son couteau.
Heureusement, la police parvient à le calmer, le couteau rejoint la poche d'Antoine et la cloche, récupérée chez Cabane, s'en va vers son nouveau destin...

La remplaçante de la cloche de 1873
La cloche de 1681


Aujourd'hui, pas de dent creuse au clocher de Labontat. Mais, à côté de la rescapée de 1681, presque contemporaine de l'église elle-même, une toute petite cloche, presque une clochette, a pris la place de la disparue en 1873.

Comme à St Illide, la municipalité a veillé à l'électrification des cloches qui, comme dans toute la chrétienté, sonnent l'Angelus deux fois par jour, outre les rares offices encore célébrés.