Un échange avantageux

Rappelons tout d'abord ce qui autrefois aurait été une évidence mais qui aujourd'hui est largement ignoré : la définition d'un ciboire et d'un ostensoir.

Il s'agit là de deux objets sacrés de la liturgie catholique. Le ciboire, souvent confondu avec le calice, est une sorte de coupe fermée par un couvercle, il est destiné à contenir les hosties consacrées par le prêtre. L'ostensoir est un objet ressemblant généralement à un soleil monté sur pied au milieu duquel une hostie est exposée à l'adoration des fidèles.
Ces deux objets sont, la plupart du temps, en métal précieux : or, argent, vermeil ...

Un ciboire
Un ostensoir

Mais revenons à Saint-Illide ...
Le serment de fidélité à la République prêté en 1792 par le curé et le vicaire (voir les jureurs) instaura un climat de confiance entre clergé local et municipalité révolutionnaire. Mais n'oublions pas qu'ailleurs dans le département, des prêtres rejetèrent le serment et que de nombreuses églises furent fermées.

Le curé de Saint-Illide profita de cette occasion pour demander que certains objets du culte de son église soient échangés contre d'autres, d'une valeur plus grande mais inutilisés puisque provenant des églises fermées.

Le directoire du département autorisa l'échange et, le 17 novembre 1792, le curé Darnis se débarassa de son ciboire et de son ostensoir en argent d'un poids de 2 marcs et 2 onces (environ 600 g) et obtint en échange les mêmes objets mais d'un poids de 5 marcs 7 onces (environ 1,5 kg). Pour que la transaction ait tout de même l'apparence de l'équité, le directoire exigea que l'échange se fasse à poids égal et notre brave curé, pour faire bonne mesure et arriver aux 5 marcs 7 onces, ajouta à ses vieux vases sacrés "couverts, vieilles boucles, petites croix et autre vieux argent le tout pesant ensemble 3 marc 5 onces" !

Il semble que le ciboire, fruit de cet échange, soit toujours à Saint-Illide. Inscrit au titre des monuments historique, il aurait été fabriqué vers 1780 par un orfèvre d'Aurillac. On appelle généralement "custode" ce type de petit ciboire sans pied. Il ne contenait qu'un petit nombre d'hosties et servait à distribuer la communion en dehors de l'église (malades, infirmes, etc).

On trouve la trace de semblables transactions dans d'autres communes du Cantal comme Prunet ou Badailhac.