Le moulin de Barriac

C'était le seul à être sur la Bertrande, son voisin le plus proche, un peu en amont à Treize Vents, n'appartenant pas à la commune de Saint-Illide.

Ce moulin, très ancien puisque déjà mentionné en 1459 sous le nom de "moulin de Berthanne"*, avait en fait une double fonction avec des mécanismes bien distincts : un moulin à grains et un moulin à huile.

Le moulin appartenait à l'origine au prieuré mais on le retrouve en 1663 comme propriété du seigneur de Barriac, il était proche du château et surtout de la tour de guet.

Le trafic entre les différentes fermes et le moulin devait être assez important, les charrettes chargées de blé ou de noix (unique matière première de l'huile produite à Saint-Illide) empruntaient le chemin entre Albart et la Bertrande en passant par Lapauze. Ce chemin, très en pente, devait, au retour, épuiser les boeufs chargés de sacs de farine et de bonbonnes d'huile, les obligeant à faire une pause à mi-parcours. De là vient probablement le nom du hameau : la pause.

Le moulin de Barriac a fonctionné jusqu'à la fin du XIXe siècle, un rapport le mentionne encore en 1894 et précise : "Les meuniers d’ici ne travaillent que sur commande. Le client porte son  grain et le reprend aussitôt que la conversion en farine a eu lieu. Il n’y a donc jamais de quantité en réserve au moulin."

Il semble que le moulin ait été détruit par un incendie peu avant 1900.

Le chemin est facile qui mène à Barriac.
2 à 300 mètres, à gauche avant le pont de Treize-Vents, un sentier s'amorce au bord de la route, protégé par une clôture. Nous sommes dans la propriété de M. Vialor.
Le chemin, presque plat, passe à travers pré et mène à une vieille grange, bien encombrée par les taillis mais encore utilisée pour stocker le foin.
Au dessus, assez haut, une maison inhabitée qui paraît en bon état. 
La grange, très proche de la rivière, et la maison sont assez anciennes (au moins un siècle).
Ont-elles un rapport avec le moulin (maison du meunier, moulin à huile secondaire ...) ? C'est très possible.

La Bertrande est là, un peu plus bas, à quelques mètres de la grange.

L'accès est plus compliqué à cause de la végétation très dense qui envahit les bords de la rivière, sur 30 à 50 mètres de profondeur.
 
La Bertrande est forte à cet endroit avec un courant rapide et des tourbillons. Beaucoup d'eau...Pas de pente douce pour y accéder. L'humidité a permis à la mousse de prospérer et de recouvrir partout, sol, pierres, talus et même les arbres.
 
Où sont donc les ruines du moulin signalées par la carte IGN 2335 qui mentionne également le chemin, la grange et la maison ?
Dans le fouillis végétal, une dépression se devine à la régularité de sa forme en bassin. Elle pourrait être la retenue d'eau servant à régulariser l'alimentation du moulin. 
 
En arrachant l'épaisse mousse, on découvre en effet un empilement de pierres sèches. C'est donc bien une construction humaine et il faudrait du temps et de la patience pour en dégager davantage...
M. Vialor confirmera un peu plus tard cette hypothèse de bassin de rétention.
Plus loin, une proéminence plus élevée : est ce un accident naturel du terrain, une souche d'arbre ou une construction ?
A nouveau, les plaques de mousse cachent une muraille construite. Sans doute, cette fois, un des murs écroulés du vieux moulin
Un chantier de "démoussage" serait nécessaire pour en savoir plus long.
 
Deux autres indices attestent de la présence d'un moulin à cet endroit.
D'abord, le très beau four situé quelques mètres au dessus (voir l'article
Indice beaucoup moins net, le déversoir empierré, relativement reconnaissable malgré la mousse omniprésente au bord de la Bertrande. 

*On sait que "Berthanne" était l'ancien nom de la Bertrande et qu'il existe encore un grand pré, près de la rivière, appelé "la terre d'en Bertanne".