Le retour de la religion

Robespierre et le Comité de Salut public le voient bien : la déchristianisation de la Nation est allée trop vite, trop loin et menace la cohésion de la République.

C'est curieusement en province que le mouvement s'est le plus radicalisé. Sous l'impulsion de certains représentants en mission (voir le culte de la Raison), l'iconoclasme, le vandalisme et les blasphèmes anti-chrétiens ont été officiellement encouragés. Les prêtres et les évêques, jureurs ou non (voir les jureurs) ont démissionné en masse, les églises ont été fermées, les cloches se sont tues et les populations rurales, très attachées à leur ancien culte, sont dans le plus grand désarroi.

Dès la fin de 1793, le gouvernement comprend qu'il faut faire machine arrière. Ce reflux ne sera pourtant que très progressif et ce n'est qu'après la chute de Robespierre que la Convention votera un décret sur la liberté des cultes (3 ventôse an III - 21 février 1795) qui stipule que "nul ne peut être empêché d'exercer, en se conformant aux lois, le culte qu'il a choisi" et que les lois "doivent garantir le libre exercice des cultes par la punition de ceux qui en troublent les cérémonies, ou en outragent les ministres en fonctions ".

A Saint-Illide, comme ailleurs, la réouverture de l'église et le retour du prêtre constitutionnel (le curé Jean-Baptiste Darnis) vont marquer ce mouvement de rechristianisation.
Cependant, sans doute pour éviter un contrecoup trop brutal, le discours officiel affiche, jusqu'au Directoire, une sévérité de façade vis à vis des manifestations religieuses. Cette lettre du préfet du Cantal au maire de Saint-Illide, datée de 1801, en témoigne :

Aurillac le 9 prairial an 9 de la République française une et indivisible [29 mai 1801]

Le préfet du Cantal au maire de St Illide

Le ministre de la police générale se plaint, citoyen, par la lettre du 23 floréal [13 mai 1801] que malgré les lois qui proscrivent tout signe extérieur de culte, les prêtres abusent de la tolérance du gouvernement dans plusieurs communes, en cherchant à donner aux cérémonies la même publicité que s’il était encore dominant, que les cloches se font entendre de nouveau, que les processions recommencent etc, etc

Il exige des maires et adjoints l’exécution sévère de la loi du 7 vendémiaire an 4 [29 septembre 1795], sur la police des cultes et de celle du 22 germinal même année [11 avril 1796] qui défend la sonnerie des cloches afin de prévenir les abus qui résulteraient de cette coupable contravention et de maintenir le bon ordre et la tranquillité dans les communes.
Il recommande plus que jamais que sous aucun prétexte on ne compose avec les dispositions de ces deux lois, qu’il est tenu enfin que les ministres du culte donnent l’exemple de la soumission au gouvernement.

Mais l'église de Saint-Illide n'en a pas fini avec les bouleversements puisque Bonaparte s'apprête à signer avec le pape un concordat qui va de nouveau plonger la commune dans la discorde (voir la petite église).