La souffrance des Miraliers

Cette souffrance, elle ressort des délibérations qui tentent de la soulager, à commencer par celle des nombreux jeunes partis sur le front, laissant derrière eux, une grande inquiétude sur leur sort.
Le 15 octobre 1914, le conseil municipal décide à l'unanimité d'accorder " 100 francs sur les fonds libres pour acheter de la laine en vue de confectionner des vêtements chauds pour nos combattants. Le conseil décide en outre qu'une 2éme quête sera faite dans la commune en vue de recueillir des fonds ou des objets de lingerie destinés également à nos soldats."

Mais les quêtes deviennent vite trop nombreuses, voire insupportables pour une population très durement éprouvée, surtout les 2 premières années, 1914 et 1915, qui comptent le plus grand nombre de morts et de blessés.
Le Maire comprend que les Miraliers sont à bout de ressources lorsqu'il communique au conseil, le 16 février 1915, " une lettre par laquelle la Fédération des blessés du Cantal le charge d'ouvrir une souscription dans la commune . M. le Maire rappelle que déjà plusieurs quêtes ont été faites dans la commune pour diverses oeuvres patriotiques et que les quêtes ayant été assez fructueuses, un nouvel appel à la générosité publique risquerait en ce moment de n'être pas entendu."
Avec beaucoup d'à propos, le Maire, M. AUMONT, suggère de voter une somme de 100 francs en faveur de la Fédération des blessés du Cantal et le conseil, à l'unanimité, adhère à cette sage solution.

Le pain, denrée de base, et divers autres produits alimentaires (sucre, huile, etc.) viennent à manquer : vite, la mairie organise le rationnement , ce qui exige la confection et la distribution à tous les Miraliers de cartes d'alimentation, système qui sera repris, mais à l'échelon national, lors de la 2éme guerre mondiale, 39-45.
A la fin de la guerre, en février 1919, la secrétaire de mairie, Melle AUMONT (la fille du Maire ?), qui a effectué seule ce lourd et délicat travail pendant toute la durée de la guerre, sans qu'elle ait rien demandé, sera récompensée par le conseil qui vote, en sa faveur, une gratification de 150 francs.

SAINT ILLIDE doit s'organiser : Le départ de la plupart des hommes jeunes et valides obligent les plus âgés et surtout les femmes à accomplir les travaux agricoles, sous peine d'être privés de toutes ressources.
Quand on le peut, on a recours aux "ouvriers militaires", réservistes, hommes non indispensables au service actif, ou encore aux prisonniers allemands.
Le 26 octobre 1915, le Maire rappelle que "le chef d'équipe des ouvriers militaires qui sont venus travailler à St Illide" a droit à une pension de 57 francs, à la charge de la commune.

Tout le pays doit participer à l'effort de guerre.
L'armée a notamment besoin de paille et de foin pour ses nombreux chevaux et ses services d'intendance.
Les réquisitions sur la population civile sont prévues par la loi et sont donc obligatoires. Nul ne peut y échapper.
Le 10 mars 1918, en particulier, le conseil délibère sur la demande de la Commission de Ravitaillement d'AURILLAC qui donne ordre à la commune de SAINT ILLIDE de lui livrer "cent quintaux métriques de foin."
Grand émoi du conseil, même si ce n'est pas la première fois qu'il doit prendre une décision difficile, car il faut répartir cette grande quantité de foin réquisitionné entre les différents fermiers et propriétaires, déjà affaiblis par le manque de bras. La tâche est d'autant plus ingrate qu'il faut en même temps organiser le transport du foin jusqu'à AURILLAC...
"Après en avoir délibéré, le conseil est d'avis de répartir également la fourniture et le transport entre tous les propriétaires un peu importants (?) de la commune. Néanmoins, comme le transport nécessite des attelages pour cette distance de 30 kms qui ne sont pas en possession de tous les propriétaires, le conseil décide que seuls seront réquisitionnés les propriétaires des bœufs de travail et des vaches qui font d'ailleurs le charruage, et que les autres propriétaires les dédommageront en conséquence."
On imagine ces lourds transports en chars, sans doute en convoi, au pas lent des bœufs, sur de mauvais chemins, sur 60 kms aller-retour...

Il y aura d'autres réquisitions de foin, même après la guerre, et cette fois, en 1919, le Centre de Ravitaillement n'est plus à AURILLAC mais à LAROQUEBROU.
Les réquisitions sont devenues de plus en plus lourdes, 150 quintaux métriques le 24 février et encore 152 quintaux métriques le 25 du même mois. Cette fois, le conseil proteste car "il n'est pas admissible que nos propriétaires puissent sacrifier chacun trois jours pour conduire leur foin à LAROQUEBROU. On leur avait accordé une première fois d'opérer la réception du fourrage à la gare de PARIEU. Il prie instamment les autorités compétentes de vouloir bien décider de nouveau que la réception aura lieu à notre gare."
La guerre est finie, l'esprit de polémique reprend ses droits...