La taupe

Petit mammifère fouisseur , cauchemar des propriétaires de pelouses , des jardiniers et des agriculteurs .
Elle mesure 10 à 15 centimètres de long et pèse environ 100 grammes ;
La taupe a un corps cylindrique couvert d’une belle fourrure sombre , un museau pointu et des yeux minuscules ; sa tête est par ailleurs dépourvu d’oreilles apparentes .
Ce qui la caractérise surtout ce sont ses deux pattes avant aux doigts munis de longues griffes et réunis par une membrane ce qui en fait des outils parfaitement adaptés pour creuser des galeries et en évacuer , comme avec de véritables pelles , la terre à l’extérieur d’où la présence sur les terrains où elle vit de petits monticules de terre : les « taupinières « .
La taupe se nourrit essentiellement de vers de terre ( lombrics ) et aussi de larves et insectes qu’elle trouve sous la terre ainsi que de limaces lorsqu’elle sort rarement à l’air libre , situation où elle est très vulnérable et à laquelle elle se résout quand la nourriture lui fait défaut ; elle ne peut , en effet , supporter que des jeûnes de courte durée et comme de plus elle n’hiberne pas , elle est amenée à se constituer un véritable garde manger en stockant dans ses galeries des vers auxquels elle sectionne , tout en les gardant vivants , les organes leur permettant de se déplacer .
La taupe est un animal solitaire qui ne se regroupe qu’à l’occasion de l’accouplement , une fois par an ; la femelle a une portée de 4 à 6 petits qui naissent et sont élevés dans une galerie profonde à l’intérieur d’un nid tapissé d’herbes et de feuilles sèches .
Sa durée de vie est de 4 à 6 ans ; cette courte espérance de vie serait due au fait qu’en mangeant ses proies enrobées de terre ses 44 dents s’useraient vite au contact du sable jusqu’à devenir inopérantes .
Si elle voit peu ( mais à quoi lui servirait des yeux puissants dans l’obscurité permanente où elle vit ? ) , elle a par contre un excellent odorat et une ouïe très fine ainsi que des poils tactiles sur le museau , autant d’atouts qui lui permettent de détecter à distance ses proies souterraines ( avantages que ne possèdent pas ceux que par dérision on qualifie de myopes comme une taupe ! ) .
C’est un animal très actif , il creuse jusqu’à 20 mètres de galeries par jour à des profondeurs de 20 à 50 centimètres ; les trous par lesquels elle évacue la terre ( environ 3 kilos à chaque fois ) servent aussi à aérer les galeries , néanmoins l’air qui y règne a un taux d’oxygène réduit , aussi la taupe a-t-elle un système pulmonaire très développé ainsi q ’une masse sanguine et un taux d’hémoglobine lui permettant de vivre dans de telles conditions .

Pourquoi dans le Cantal , la taupe est elle de tous temps considérée comme un animal nuisible qu’il faut éliminer ?

Si elle ne mange pas les racines des plantes , lorsqu’elle creuse des galeries dans un jardin potager ( lieu de prédilection pour une taupe tant la terre aérée et enrichie de fumier et d’engrais contient de très nombreux lombrics ) , elle sectionne au passage les racines des légumes qui y sont plantés pouvant causer ainsi de sérieux dégâts , toutefois moindres que ceux causés par le campagnol ( ou rat taupier ) qui lui aussi vit sous terre et mange les racines. .
Les taupinières , lorsqu’elles sont nombreuses sur un gazon , agacent le propriétaire soucieux de l’entretien de ce tapis végétal .

Mais il y a plus ennuyeux : dans les prés , les taupinières sont des obstacles redoutables pour les lames des faux et des lames des faucheuses mécaniques qui viennent buter contre ces tas de terre ( parfaitement invisibles lorsque les foins sont hauts ) ce qui nécessite de la part du faucheur des arrêts fréquents pour affûter voire remplacer les lames ou les dents de la faucheuse sérieusement abîmées .
Pour toutes ces raisons , diverses méthodes de lutte sont employées :
- avoir dans son jardin certaines plantes répulsives pour les taupes : ail , oignon et surtout euphorbe mais à vrai dire ce procédé s’avère peu efficace .
- se servir de piéges métalliques utilisés depuis des siècles ( il y avait à Versailles du temps des rois 30 taupiers qui sans relâche traquaient leurs proies ! ) : gros ressort dont les tiges sont maintenues écartées par une petite palette métallique ; placé dans les galeries , le piége se referme lorsque à son passage la taupe fait tomber la palette .
C’est à la fois un procédé écologique et très efficace lorsque l’on sait bien l’utiliser et que l’on place le piége dans la bonne galerie.
Des sociétés spécialisées existent pour effectuer ce genre de travail , elles oeuvrent , en particulier sur les terrains de golf ou de sport .
Il y aurait même une école nationale des taupiers !
- autres procédés : un gaz toxique injecté dans les galeries , des appâts empoisonnés autant de méthodes pas forcément très efficaces et qui peuvent s’avérer dangereuses donc à proscrire .

A noter que la belle fourrure de ce petit animal a été à la mode dans les années trente , il fallait 800 à 900 peaux pour confectionner un manteau aux élégantes de cette époque

Aujourd’hui , on constate que leur présence est en diminution par rapport aux années passées à tel point qu’il est maintenant très rare , même au printemps , de voir des prés ou des jardins avec une forte densité de taupinières .
Pourquoi ? Sans doute la diminution du nombre de proies susceptibles de les nourrir ; faut il incriminer les variations climatiques ou plutôt l’utilisation de certains engrais ou produits de traitements utilisés dans les jardins ou dans les prés ?
On observe ce phénomène un peu partout en Europe , à tel point qu’en Allemagne la taupe est désormais une espèce protégée . Faudra- t- il bientôt faire de même en France ?
En attendant si à Saint Illide , comme ailleurs , vous voyez quelques taupinières sur votre pelouse ou dans votre jardin , ne vous énervez pas et contentez vous de ratisser ces petits monticules ; ils sont le signe que sous terre la vie animale est présente et qu’il y a là une richesse qui deviendra de plus en plus précieuse et qu’il faut préserver .