Premiers éléments sur le prieuré
de Saint-Illide


A l’inverse de la situation de l’hôpital-léproserie, il n’y a aucune tradition orale concernant le prieuré de St-Illide, personne ne se souvient de son existence ; en revanche beaucoup de sources écrites alors qu’il n’y en a actuellement aucune sur l’hôpital.

QU’EST-CE QU’UN PRIEURE ?
C’est généralement un établissement religieux créé par une abbaye plus importante sur un domaine foncier qui lui a été donné. Il est desservi par des moines de cette abbaye qui en gèrent le temporel sur place et envoient les revenus à leur abbaye.
Les prieurés sont dotés d’églises qui sont construites et entretenues par l’abbaye-mère.
Le prieur est nommé par l’abbé dont il dépend.
Le nombre de religieux est variable : souvent plusieurs dizaines.

Tel est le cas du prieuré de St Illide qui dépendait de l’abbaye bénédictine St-Géraud d’Aurillac et qui devait avoir lui-même une certaine importance pour disposer d’armoiries, d’une église d’assez grande dimension, d’archives encore consultables et de prieurs dont plusieurs ont appartenu, par droit de naissance, à une même famille de la noblesse.

L’ABBAYE- MÈRE ST GÉRAUD D’AURILLAC

des bénédictinsC’est une bulle de 1289 du pape Nicolas IV (Pape de 1288 à 1292) qui, donnant la liste des possessions de l’abbaye St Géraud, mentionne le prieuré de St-Illide. Ce prieuré est en bonne et nombreuse compagnie puisque la bulle mentionne plus de cent prieurés répartis sur 17 diocèses en France et en Espagne (Compostelle). Ces prieurés deviendront par la suite autant de paroisses puis de communes.
C’est dire l’importance de l’abbaye St Géraud qui, fondée en 885, est une des plus anciennes abbayes bénédictines de l’ordre de Cluny. C’est le comte Géraud qui l’a fondée et dédiée à St Pierre en lui donnant tout son domaine noble, enrichi très vite grâce aux immenses libéralités de son deuxième Abbé, Jean, puis de plusieurs Comtes de Toulouse et de Poitiers ainsi que de nombreux autres seigneurs.
Du Xème au XIIIème siècle, l’Abbaye connaît son apogée, reçoit le pape Urbain II lors de la première Croisade et devient un centre intellectuel de premier plan qui formera, par exemple, Gerbert d’Aurillac, le futur pape Sylvestre II, pape de l’an mille.

Après une période de déclin, l’Abbaye est presque entièrement détruite par les Calvinistes en septembre 1569, en même temps que la ville d’Aurillac est mise à sac pendant plus d’une année.

LE PRIEURE DE S-ILLIDE : LES SOURCES

1. Le document le plus ancien mentionnant l’existence du prieuré de St Illide est la bulle du pape Nicolas IV de 1289. La fondation du prieuré dédié à St-Illide, évêque d’Auvergne au IVème siècle est donc antèrieure.
Mais de combien d’années, voire de siècles ?
Aucune source écrite ne permet encore de dater cette fondation, si ce n’est la construction de l’église paroissiale actuelle qui date, dans ses parties les plus anciennes, du XIème ou XIIème siècle. Cette église romane a dû, à peu près certainement, être construite en même temps et pour l’usage du prieuré, sauf à imaginer, cette fois sans aucun indice, qu’elle a pris la place d’une église ou chapelle plus ancienne devenue trop petite pour recevoir la population desservie.

On retiendra donc la probabilité forte d’une fondation du prieuré au XIème ou XIIème siècle, à savoir à l’époque de la pleine expansion de l’Abbaye St Géraud.
On remarquera que le retable du XVIIème de l’église reçoit deux statues de saints : St-Illide, patron du prieuré et de la paroisse et St-Pierre auquel le comte Géraud a dédié l’abbaye-mère (voir le patron de St Illide).

2. Les Archives Nationales à Paris conservent dans leurs archives de l’Ancien Régime à la série S (biens des établissements religieux supprimés) quelques liasses sur le prieuré de St-Illide. A noter que ces liasses sont les seules conservées aux Archives Nationales pour le diocèse de St-Flour.
Ces liasses, sous le N° S 3224 traitent pour le prieuré de St-Illide « des déclarations et reconnaissances de 1328 et de 1420 au XVIIIème siècle ».
Sous réserve de consultation sur place au CARAN (centre d’accueil et de recherche des archives nationales), 11 rue des Quatre Fils à Paris 3ème, le prieuré aurait donc subsisté jusqu’au XVIIIème siècle, peut-être jusqu’à la Révolution.

3. La « liste du Parlement de François II et Charles IX » fait apparaître le nom de Denis Auroux comme prieur de St-Illide en 1572, à l’occasion de ses démêlés avec son père, Hièrosme Auroux, bourgeois et Président des Enquêtes au Parlement de Bretagne.

4. Le « recueil des généalogies » (Paris 1783) révéle que quatre membres de la famille des chevaliers de La Valette ont été prieurs de St Illide et pour les deux derniers cités, « commandeurs de l’hôpital près d’Aurillac » :
- Jean de La Valette, fils de Pierre, marié en 1599,
- Jacques de La Valette, fils de Pierre de La Valette III, marié en 1650,
- Jean-Jacques, fils de Pierre de La Valette IV, marié en 1676,
- Jean-Baptiste de La Valette, fils de Louis, marié en 1714.

« L’hôpital près d’Aurillac » serait-il celui de St Illide ? C’est peu probable.
5. En 1657, le prieuré de St-Illide est mentionné dans la nomenclature des fiefs de l’ancienne Baronnie de St Christophe, arrivée par héritage dans la famille des Médicis,

6. Dans le « Guide des Archives du Cantal », le prieuré de St-Illide (bénédictins) est traité sous le N° 28 H 1 « description physique 1614-1772) ». Ces archives à consulter révélent peut-être la localisation et l’emprise du prieuré, certainement à proximité ou autour de l’église actuelle.

7. L’ « Armorial général de France » établi par Charles d’Hozier, en exécution de l’édit royal de 1696 fait apparaître le blason du prieuré de St Illide, accompagné de sa description héraldique. En 1904, ce blason est repris dans l’ « Armorial des villes, monastères et communautés de la Province d’Auvergne ».