LES CHEVAUX
Il était assez rare, il y a une quinzaine d'années encore, de voir des équidés dans nos prairies cantaliennes. C'est maintenant chose courante (et tant mieux !). La commune de Saint-Illide ne fait pas exception et accueille, souvent par paires (la jument et son poulain) ou par trois, des chevaux ou même des ânes. Voici les quatre races que vous rencontrerez le plus souvent :
Le
Comtois |
Le
Percheron |
Le
Breton |
L'Ardennais |
Il
n'est pas rare de rencontrer des ânes (ici, à Darnis) et
même des mules (la jument "mulassière" est ici
une Percheronne) |
LA RACE AUVERGNATE :
Il existait jusqu'à la seconde guerre mondiale, une race locale dite
"cheval d'Auvergne". La légende dit que les Sarrasins, dans
leur retraite, laissèrent ces montures derrière eux. Il s'agissait
d'un animal rustique de petite taille, typé oriental et pourvu de nombreuses
qualités. Il était en effet adapté à la vie de montagne,
aux terrains accidentés et résistant face aux maladies et aux
intempéries.
On prétend qu'Henri IV possédait un cheval auvergnat de couleur blanc pommelé (le fameux cheval blanc d'Henri IV ?).
Un auteur du XVIIe siècle
déclare en parlant de cette race :
"...ces chevaux, mieux que les Limousins et tous les autres chevaux d'Europe,
gravissent les sommets les plus escarpés et courent sur les penchants
des précipices. Elevés sur de maigres pâturages, ils sont
faciles à nourrir et peuvent supporter de longues abstinences ".
Un des chevaux que possédait Napoléon s'appelait "Cantal"
et était de la race auvergnate, il était de couleur gris truité
et provenait de Choumanou, un élevage proche de Mauriac. L'Empereur l'aurait
monté à Austerlitz et à la Moskowa. On dit d'ailleurs qu'au
soir de cette dernière bataille, Napoléon, qui avait galopé
plus de 2 heures sur Cantal, le confia à Rapp (son aide de camp) en lui
demandant de lui ramener un cheval frais. Mais Rapp ramena Cantal une heure
plus tard, séché et bouchonné, car c'était encore
le meilleur de tous les chevaux disponibles...
Oui, mais l'historien Pascal Cazottes, auteur des "Chroniques Napoléoniennes" qui cite notre anecdote survenue à la Moskowa, ne croit pas, sans dire pourquoi, que Napoléon ait monté Cantal sept ans plus tôt à la bataille d'Austerlitz... Dommage !
Plus sérieusement, Laurent Pradier, président de l'association nationale des chevaux de race d'Auvergne" (ANCRA) soutient que "dire que le cheval de Napoléon était de la race d'Auvergne, c'est une bêtise !". Selon lui, "Cantal était un cheval pur-sang élevé dans le Cantal mais cela ne fait pas de lui un cheval de pays."
A l'époque, selon L. Pradier, l'Auvergne était un lieu d'élevage équestre important, "ce qui permettait de faire du profit ; élever des vaches ou des moutons ne rapportait presque rien."
La race Auvergne est une race rustique, cheval de petite taille et épais, à mi-chemin entre un cheval de selle et un cheval de trait. Elle présente également beaucoup de crin pour résister au froid. " Ce sont des chevaux de montagne, résistants. Cantal était un cheval arabe, d'apparat.. "
Il n'empêche, toujours selon le président de l'ANCRA, que "les chevaux de race Auvergne étaient la base de l'armée napoléonienne. Ils servaient notamment pour la cavalerie lourde." Et de rappeler qu'à la seule bataille d'Eylau, 10.000 chevaux ont été mobilisés contre l'adversaire, avec des pertes très élevées.
Employé pour les travaux agricoles, c'est entre la fin du XVIIIe siècle
et la fin du XIXe siècle que le cheval d'Auvergne connut son âge
d'or. La mécanisation provoqua ensuite un tel déclin que la race
faillit s'éteindre, c'est grâce aux efforts de quelques éleveurs
passionnés (dont Tyssandier d'Escous, plus connu pour son intérêt
pour les vaches) que le cheval d'Auvergne renaît
peu à peu de ses cendres. Nous espérons le revoir bientôt
dans les prés de la commune.
Au
musée d'Aurillac, Cantal (reproduction d'un tableau de Géricault
exposé à Rouen) trône à côté du
buste de son illustre maître. |