Cimetières d'hier
et d'aujourd'hui
Le "Champ de Repos",
car telle est l'origine du mot cimetière, de St Illide, est demeuré
pendant des siècles proche de l'église paroissiale actuelle, donc
certainement à partir du XIIème siècle.
C'était en effet la coutume dans toute la chrétienté d'être
enseveli près des lieux consacrés au culte. Le grand Saint Augustin
n'avait-il pas affirmé, dès le IVème siècle, que
cette proximité était "profitable à l'âme des
défunts" ?
On sait qu'à St Illide le cimetière occupait la place de l'actuelle
mairie, une délibération de la municipalité du 7 juin 1889
ayant décidé que "sur l'emplacement de l'ancien cimetière,
il sera fait une construction pour l'établissement du bureau postal et
télégraphique, de la Mairie et du logement de la receveuse."
La Mairie était précédemment dans les locaux de l'actuelle
école laïque, à l'époque école des garçons,
qui sera par la suite agrandie et réaménagée.
Mais, revenons à l'ancien cimetière : il occupait certainement
tout l'emplacement situé derrière le choeur de l'église
( Mairie, Square Bos-Darnis, château d'eau) mais sans doute, débordait-il
aussi sur l'aile nord de l'église, vers l'actuel monument aux morts.
Le laisse penser une délibération du conseil municipal de mai
1886, qui entend profiter de l'enlévement du cimetière pour "l'embellissement
de la place publique". Cette hypothèse est d'ailleurs confirmée par l'extrait de la matrice cadastrale. La place actuelle n'existait pas et la route conservait le même profil avant et sur toute la longueur du cimetière, jusqu'à l'actuelle poste comprise.
Malheureusement, aucun témognage ni aucune photo ( il était encore
là en 1886) ne permettent aujourd'hui de connaître son emprise
exacte ni de savoir s'il était enclos de murs, contenait une chapelle,
etc.
Jusqu'à la Révolution de 1789, comme dans toutes les paroisses,
le territoire du cimetière de St Illide appartient à l'Eglise
qui tire d'ailleurs bénéfice de la vente des sépultures.
Quelques privilégiés, aristocrates et religieux surtout, pouvaient
être enterrés dans l'église même.
Les dalles de notre église paroissiale n'en portent pourtant plus aucune
trace, même si on sait que le caveau de la noble famille de Barriac, d'Albart,
est situé sous le maître-autel, le dernier à y être
inhumé le 14 avril 1754 étant Joseph-François de Barriac,
dernier représentant de cette famille aujourd'hui éteinte.
A la Révolution, tout change. Non seulement le cimetière devient
la propriété des autorités communales mais une loi de 1791
en ordonne le déplacement.
Un décret impérial de 1804 reprend cette obligation en exigeant
de chaque commune que le cimetière soit établi à l'écart
du village.
A des préoccupations, à l'origine anti-religieuses, succèdent
le légitime souci sanitaire d'écarter les risques d'infection
et surtout, ce qu'il faut bien appeler la pression foncière, tant les
cimetières pouvaient gêner le développement des agglomérations
dans un XIXème siècle en plein essor démographique.
Mais, à St Illide, comme dans beaucoup d'autre communes, le déplacement
du cimetière, malgré les textes, n'est pas la priorité
des élus.
Il faudra attendre une pétition des habitants pour qu'en décembre
1856, le conseil municipal décide le principe du transfert.
Vingt années passent encore avant que, le 28 mars 1875, la municipalité
décide d'acheter à M. SALVET le champ dit "Croix des Cros"
et vote en même temps un crédit de 8.200 francs pour l'achat (2.000
francs) et la construction du mur de clôture.
En 1878, on organise l'intérieur du cimetière en concessions avec
des tarifs différents selon la durée de la concession : 12 francs
le mètre pour une concession perpétuelle, 11 francs si elle est
trentenaire et 10 francs pour 15 ans...
La fermeture de l'ancien cimetière eut lieu le 17 août 1879 et
le dernier à y être enterré fut Louis CLAMAGIRAND, sacristain,
âgé de 70 ans.
La bénédiction du nouveau cimetière se fit solennellement
quelques mois plus tôt, le 27 avril 1879, présidée par l'abbé
BADUEL, curé-doyen de Saint Cernin, entouré de tous les curés
des paroisses environnantes.
La population de St Illide atteint alors 1651 habitants, soit presque le triple
d'aujourd'hui.
C'est seulement en 1886 que l'ancien cimetière disparaîtra complètement
pour faire place, trois ans plus tard à la construction de l'actuelle
Mairie et de la Poste. Il n'en subsiste aujourd'hui aucune trace.
Le témoignage des Miraliers serait très utile sur tous ces points.
Entre temps, en août 1888, la municipalité vote un crédit
de 100 francs pour l'acquisition d'un corbillard "qui
sera déposé à l'église. Sans rétribution
aucune, les familles pourront le prendre à l'église à la
seule condition de l'y rapporter."
On voit mal aujourd'hui comment ce corbillard pouvait, sinon entrer dans l'église
, du moins être commodément installé à proximité.
C'est sans doute un peu plus tard qu'un petit édicule, toujours debout,
sera construit à l'entrée du cimetière pour recevoir le
corbillard...certainement le même que celui qui s'y trouve aujourd'hui
mais qui n'est plus utilisé depuis longtemps, car là aussi, les
modes ont changé et les morts à St Illide ne circulent plus en
charrette ...
Très vite, le nouveau cimetière
se révèle trop petit et il est question, dès 1900, de l'agrandir.
En effet, les terrains réservés aux fosses communes ont été
prévus trop largement et sont à peine occupés.
Aussi, en juin 1907, le conseil municipal décide t-il "de renoncer
à l'agrandissement et d'affecter aux concessions à perpétuité
une partie des terrains destinés primitivement aux fosses communes."
Sont ainsi réservés aux concessions individuelles, à partir
du fond du cimetière et en remontant, 40 mètres dans la longueur
(et sur toute la largeur du cimetière).
Le conseil en profite pour fixer les tarifs : 40 francs pour une concession
perpétuelle de 2 m2 (1 x 2m), 32 francs pour une concession trentenaire
et 24 francs pour une concession temporaire.
Quarante ans plus tard, en mai 1948, pour la même superficie, les tarifs
sont près de 20 fois plus chers, ce qui permet de mesurer l'inflation
permanente depuis la fin de la première guerre mondiale : 800 francs
pour une concession perpétuelle, 500 francs pour une trentenaire et 240
francs pour une temporaire.
Dans les années 60, le cimetière s'avère décidément
trop petit, car "tout le monde opte pour la concession perpétuelle."
et le conseil municipal décide de l'agrandir en janvier 1966.
Plus de 40 ans après, l'occupation des terrains du "nouveau cimetière"
est largement amorcée mais il s'écoulera beaucoup de temps encore
avant que la question se pose à nouveau.
Nos morts peuvent reposer en paix.
Ces pierres tombales à l'allure "celtique" sont celles de : - Ludovic Lascombes, notaire et ancien maire de St Illide de 1858 à 1890, DCD en 1907 - son épouse, Justine Lascombes - Louis Lascombes, curé retraité, natif de St Illide, DCD en 1908 |
Deux chefs
d'oeuvre des tailleurs de pierre. |
La partie du
cimetière ouverte en 1907 |
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Le nouveau
cimetière ouvert en 1967 |
Une belle perspective |
A
LABONTAT, le petit cimetière actuel n'a pas une aussi longue histoire.
Quelques concessions familiales, toutes très simples, dans ce petit cimetière
bien enclos et entretenu dans lequel on entre par un beau portail noir, fraîchement
repeint.
On y accède par un petit chemin qui tourne, monte, descend avant d'arriver
au petit cimetière, plein de charme mélancolique, isolé
et niché dans une belle campagne vallonnée.
Ce chemin, au début du 20 éme siècle, était dans
un état pitoyable et rendait son usage difficile.
Il sera à plusieurs reprises réempierré avant d'être
"viabilisé", c'est-à-dire rendu carrossable en 1972,
sur décision du Conseil Municipal du 2 juillet.
Au cours de cette même séance et "sur intervention des conseillers
municipaux de Labontat", il est aussi décidé de faire réaliser
"un plan d'aménagement par le traçage d'allées pour
que soit bien situé l'emplacement des sépultures de chaque famille."
Dans la première tombe, à droite en entrant, marquée d'une
simple croix, la plaque nominative ayant récemment disparu, reposerait
Mme Anne Magnac, veuve Pallat, décédée en 1899, à
laquelle l'église de Labontat doit beaucoup grâce à l'important
legs de 4.000 francs qu'elle a consenti en sa faveur, destiné aux réparations
et, surtout, à sa décoration intérieure.
Selon les souvenirs d'une très vieille dame de Labontat, aujourd'hui
presque centenaire, ce cimetière aurait été créé
au début du XIX éme siècle, au temps de son arrière-grand-père
Larroumets qui dût céder une parcelle de terrain sur laquelle l'école
devait être construite, pour obtenir en échange, une grande concession
familiale de six places dans le nouveau cimetière qui s'organisait.
De fait, selon le registre des délibérations de la Fabrique de
Labontat, c'est en février 1851 que ce nouveau cimetière fut béni
et aménagé.
Et avant ? Où étaient inhumés les défunts de Labontat
?
Nul ne le sait aujourd'hui avec certitude mais fort probablement , comme partout
ailleurs et comme à St Illide, près de l'église. Le confirmerait
le cadastre de 1824 qui fait apparaître, à gauche de l'église,
une parcelle qui doit correspondre à l'ancien cimetière qui n'occupait
alors qu'un tout petit espace.