Le corbillard de Saint-Illide

I - UNE LONGUE ATTENTE

Le corbillard de St-ILLIDE, s'il était toujours en service, aurait aujourd'hui plus de 100 ans...
Comme un peu partout en France, la commune venait d'organiser un service des pompes funèbres, pour offrir "aux transports des corps un mode plus digne et plus décent" [délibération du conseil municipal du 11 février 1906].
C'est aussi une ressource communale nouvelle en perspective.

Comment faisait-on jusque là ?
Depuis toujours, les familles des défunts s'organisaient comme elles pouvaient pour transporter le corps, le plus souvent cousu dans un simple linceul de grosse toile, la "sarpillière", puis placé dans un cercueil, oeuvre du menuisier local, sauf les pauvres enterrés directement dans leur sarpillière.
Pour aller de la maison à l'église, puis de l'église au cimetière, la famille faisait ce qu'elle pouvait, avec l'aide des voisins et du village. En charrette, en char parfois, mais souvent grâce à un brancard bricolé localement, tiré à force humaine, moyen qui paraissait respecter davantage le défunt que la traction animale.
Ces brancards n'avaient pas une vie bien longue sur les chemins cahoteux et mal empierrés.
Difficile, dans ces conditions de donner une quelconque solennité à ce moment si important où le mort quitte pour toujours son domicile.

Depuis le 19éme siècle, les villes avaient amorcé l'organisation d'un transport funéraire et mis en place les premiers corbillards hippomobiles en souvenir des "corbeillards", bateaux à fond plat qui faisaient la navette entre CORBEIL et PARIS pour le ravitaillement de la grande ville, puis lors des épidémies, pour le transport des défunts. Ce nom leur restera...

SAINT-ILLIDE, à son tour, rejoint son époque au début du 20éme siècle.
En 1908, le corbillard est commandé, avec ses tentures : M. CAVAILLAC construira le véhicule et M. CLERGUES fournira les tentures. [Ces artisans sont-ils de ST ILLIDE ??].
C'est une grosse dépense, supérieure à 500 francs, et il faut voter un crédit spécial. On fait aussi appel à la commission administrative de l'Hospice qui versera une subvention. En échange, l'Hospice pourra se servir gratuitement du corbillard pour ses besoins propres.

Le corbillard n'est pas encore en service que la municipalité, prévoyante, se préoccupe de son logement.
Autre dépense importante à prévoir, plus de 300 francs. " Après avoir examiné plusieurs emplacements, le conseil est d'avis d'élever la construction dont il s'agit dans le terrain vague situé à l'entrée du cimetière."

Le bâtiment, bien dimensionné, est solide avec ses garnitures de brique, puisque 100 ans plus tard, il est toujours là, en bon état, à peine décrépit, juste devant le cimetière... et il abrite toujours le vieux corbillard d'origine, au repos depuis plus de 40 ans.

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