L'architecture intérieure (1)

Notre promenade autour de l'église est achevée.

Rentrons maintenant dans l'édifice pour en apprécier l'architecture intérieure.
L'examen du mobilier, tableaux et objets liturgiques fera l'objet d'un dernier chapitre.

 L'accès se fait par le beau portail Ouest, seul point d'accès à l'édifice depuis la démolition au milieu du XVIIIème siècle de la tourelle située sur le flanc Sud qui donnait accès à l'église et au clocher, comme aujourd'hui à la chapelle d'Albart.

A cette époque, existait encore au dessus du portail, un toit, sans doute un auvent protégeant les fidèles des intempéries.
Ce toit n'est certainement pas un porche comme à St Martin Cantalès  sinon il en resterait des traces sur la façade au dessus du portail.
L'auvent, simple avancée recouverte de lauzes, est mentionnée en 1815 où il fait l'objet de réparations.
Un siècle plus tard, les photos en font foi, il a disparu, rendant toute sa pureté à la façade médiévale.

La double porte en bois de l'église est sans doute du XIX ème siècle, peut-être un peu antérieure. On y accède par une marche constituée d'une belle et large dalle en pierre installée en 1892 en remplacement des anciens pavés, beaucoup moins confortables.

Le sas d'entrée actuel ou tambour d'église, où sont encore affichées les annonces paroissiales, a certainement été bâti au début du XXème siècle ou un peu avant, pour des raisons de commodité, afin de protéger les fidèles du froid, du vent et des bruits extérieurs.


Sans déparer vraiment l'intérieur de l'église, il est tout de même en saillie dans la dernière travée, il interdit surtout d'accéder directement devant la nef tourné vers le centre du choeur.

En prenant la porte latérale droite du tambour, on est devant un grand bénitier-cuve probablement très ancien, en pierre de granit, sans autre ornement qu'une gorge semi-circulaire, puis  on  est  déjà   dans le bas-côté Sud.

Si, au contraire, on emprunte la porte latérale gauche, on bute presque sur un curieux et très étroit escalier en fer de forme  hélicoïdale, qui dessert la tribune.
Escalier et tribune, qui remplace l'ancienne tribune du XVIIIème siècle, sont sans doute comme le tambour d'entrée, de la fin du XIXème siècle ou du début XXème.
Là, juste après l'escalier, nous sommes déjà dans le bas-côté Nord devant un bénitier de marbre blanc et, tout de suite, devant le baptistère installé dans la dernière chapelle construite en 1846 à la demande de l'évêque de St Flour.

On se souvient que lors de sa visite pastorale du 22 mai 1840, Mgr de Marguerye avait préconisé la construction de la dernière travée de l'aile Nord pour y installer les Fonts Baptismaux.

Six ans plus tard, son voeu était exaucé. On connaît même la somme versée au maçon pour cette construction : 630 F, soit environ 8.000 euros d'aujourd'hui... On connaît aussi la durée du chantier : 25 jours, parce qu'il a fallu pendant ce délai que le sacristain couche toutes les nuits dans l'église pour prévenir les intrusions. Il n'a d'ailleurs reçu que 10 F pour ce travail…
Ce sacristain, Louis Clamagirand, sera, en 1879, le dernier mort inhumé dans l'ancien cimetière près de l'église.

 

Pour mieux se replacer dans l'atmosphère de l'époque et pour le plaisir de l'anecdote, précisons que l'église de St Illide employait, en plus du sacristain, deux chantres et un "Suisse" qui devait être superbe en grande tenue : hallebarde, bicorne à plumes, culotte à la française et manteau chamarré. En 1858, il en coûtait à la paroisse, en "dépenses pour l'habillement et l'équipement du suisse"  la somme de 130 F (environ 1.600 euros).
Il est vrai qu'à l'époque et pendant presque tout le XIXème siècle, trois prêtres exercaient ensemble dans le bourg de St Illide.

Mais revenons au baptistère octogonal sur colonne ornée, en belle pierre calcaire à motifs floraux et géométriques.

Les comptes de la Fabrique  signalent sa "construction" par le maître-maçon en 1847, pour la somme de 8,50 F ! Il ne peut s'agir, à coup sûr, que du rescellement des anciens fonts baptismaux qui, dans les années précédentes, avaient coûté assez cher en frais de  rétamage.

Mais ce n'est certainement pas le baptistère actuel, en très bon état, qui ressemble trop aux décors de la chapelle d'Albart pour ne pas en être issu. Même matériau, même sculptures, même profil néo-roman. De plus, il n'y a pas, ou plutôt  il n'y a plus, de baptistère à Albart…
Il est donc très probable qu'il ait été transféré d’Albart à St Illide.

Plaçons nous maintenant devant le tambour, au centre de la nef et du choeur.
C'est à l'évidence, devant nous,  la plus belle perspective et la partie la plus ancienne du sanctuaire.

La première impression devant la nef n’est pas de regarder un sanctuaire écrasé, trop large, disproportionné, reproche souvent adressé  au bâtiment vu de l’extèrieur.

Au contraire, la nef est assez élancée pour un édifice roman du XIIème siècle, la hauteur sous voûte, 7, 20m, est importante pour une largeur de 5,15 m et une longueur de 14,20 m.

Le chœur vu dans la perspective de l’entrée, renforce cette vision d’une église bien proportionnée car s’il est légérement moins haut (6,60 m) que la nef, il est aussi moins large (4,90 m).

Quant aux bas-côtés ou nefs latérales, qui ont remplacé les anciennes chapelles, elles paraissent beaucoup moins massives qu’à l’extérieur, principalement en raison de la forte épaisseur des murs, 1,40 m  sur tout le périmètre de l’église.

Le déséquilibre entre le bas-côté Sud, large  de 3,50 m, et le bas-côté Nord, plus large de près d’un mètre, contribue encore à privilégier la position éminente et élégante de la nef et du chœur.

Le savant abbé Bouissou, vicaire puis curé de St Illide de 1905 à 1919, soutient que la hauteur sous voûte était plus importante encore avant qu’en 1735 le sol de l’église ait été remis au niveau du cimetière qui l’entourait. On combla le dénivellé, l’église avait dû s’enfoncer au cours des siècles, avec du sable et de la terre.

Le résultat est que les socles des colonnes sont désormais à peu près complétement enfouis dans le sol.

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