Place de l'église (2)
Les travaux de la nouvelle
maison de retraite, au cœur du bourg, vont démarrer en cette fin
d'année 2010; pour la commune, ces installations, aux normes les plus
récentes, représentent beaucoup; non seulement elles permettront
d'accueillir la soixantaine de futurs résidents dans des conditions optimales
mais aussi , et peut être surtout, elles vont donner un plus très
appréciable à l'économie locale : puissent plusieurs miraliers
en bénéficier après avoir suivi les formations correspondantes,
quand à celles et à ceux venus de l'extérieur qu'ils soient
nombreux à venir s'installer avec leurs familles sur la commune ou à
proximité afin que commerçants, artisans et écoles bénéficient
des retombées de ce projet.
Il faut en remercier tous ceux et toutes celles qui ont œuvrés pour
que la commune ait, d'abord, été choisie pour accueillir cette
réalisation puis pour que les dossiers et procédures complexes
qui y sont liés aient été bouclés dans des délais.
Au-dessus et au niveau de la place : la maison Laporte, café-hôtel-restaurant
tenu par Jean et Eugénie Laporte ; à l’origine cette maison
a été la résidence du notaire maître Lafont (successeur
de maître Basile Rengade) ; .après sa faillite et sa mort, elle
fut vendue à la famille Laporte par la veuve .qui partit à Paris
avec ses trois filles; l’une d’elle fit des études de pharmacie,
l’autre des études dentaires, toutes deux revinrent s’installer
à Aurillac (cabinet dentaire de Mme Quetin sur le square et pharmacie
de l’avenue de la République).
Pendant ces années Jean Laporte a fait fonctionner un moulin dans un
de ses bâtiments et ce moulin a rendu de grands services à la population
; un moteur électrique, grâce à un système de poulies,
de courroies et d’engrenages, fait tourner l’ensemble de l’installation
: le grain est versé au centre des deux meules en pierre, en tournant
la meule supérieure écrase le grain qui s’écoule
alors à la périphérie; pour obtenir une mouture plus fine
et faciliter l’écoulement du grain écrasé, des rainures
sont creusées en rayons dans la pierre, elles s’usent, aussi faut-il
périodiquement les refaire à l’aide d’un marteau spécial
(on" rhabille" la meule). Le grain écrasé tombe dans
le tamis, longue cage cylindrique inclinée animée d’un mouvement
de rotation dont les parois sont tapissées, suivant le grain moulu, soit
d’un tissu de soie soit de plaques en cuivre finement perforées
; du tamis tombe sur toute sa longueur d’abord de la fleur de farine puis
de la farine de plus en plus grossière et au bout, du son , aliment précieux
pour engraisser les animaux.
Les céréales moulues sont le froment et le seigle mais on fait
également de la farine de sarrasin (blé noir). Paradoxalement
les mois qui suivent la fin de la guerre connaissent de graves difficultés
en approvisionnement de céréales aussi Jean doit-il se résoudre
à moudre du maïs ; le pain fabriqué avec est vraiment très
compact car la pâte faite avec cette farine ne lève pas ; en automne
le moulin presse les pommes pour faire du cidre.
Depuis le décès de ses grands parents, leur petit fils Raymond
Dauzet veille attentivement sur ce qui reste de ce patrimoine.
Un souvenir que lui a raconté son grand père : à la suite
du vote de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat,
la famille Laporte aurait abrité quelque temps chez elle un prêtre
rebelle à l’application de cette loi ; c’est dans le petit
réduit sous l’escalier qui monte au premier étage (qui servait
à stocker le vin) qu’on avait caché le prêtre.
Pour être complet il faut souligner le rôle important qu’ont
aussi joué pour l’alimentation de la population les moulins installés
sur la Bertrande et la Soulane à Treize Vents, Barriac, Caussin et Puech
Mége.
A côté et faisant le coin de la place, la maison Dauzet : l’épicerie
‘’l’Economat ‘’ tenue par Jeanne Dauzet ; après
la fermeture de ce commerce, ce local a servi de salle de cinéma.
En face, la maison Totie- Bachélery : boulangerie-épicerie-café
; Yvonne Totie a épousé Ernest Bachélery et c’est
elle qui est à la boutique, il ont trois enfants : Jean Louis, Ginette
et Michèle.
Des années après ce commerce a été acheté
par la famille Rebeyre : Juliette puis Odette aidée de sa fille tiendra
l’épicerie (malheureusement quelque années plus tard , après
le décès de son beau-père, plus de boulangerie car c’est
lui qui faisait le pain) ; à côté le cafè-marchand
de revues et de journaux ; c’est Jean Claude Rebeyre qui fait quotidiennement
les tournées dans les villages ce qui rend de grands services, en particulier
aux personnes âgées qui résident loin du bourg.
Enfin, et nous aurons fait le tour de la place, l’école laïque
des filles (créée grâce à une donation de Mme Para
en 1827) où enseignent dans les années 40 Mlle Guillaume et Mlle
Martin ; Je voudrais rendre un hommage tout particulier à Mlle Guillaume
: en sortant de l’Ecole Normale, pendant la guerre de 14, elle a été
nommée à Saint Illide où elle a remplacé un instituteur
parti au front ; elle a succédé ensuite à M Romeuf à
l’école des filles. C’est ainsi qu’arrivée à
Saint Illide à l’âge de 20 ans, elle a consacré à
l’enseignement des enfants de cette commune toute sa carrière pour
ne pas dire toute sa vie ; ses anciennes éléves ont conservé
d’elle un souvenir respectueux, reconnaissant et ému ; l’une
d’elle me confiait récemment que pendant ces années, et
comme il n’y avait pas de cantine à l’école des filles,
avec sa fidèle Mathilde elles cultivaient le jardin et y récoltaient
des légumes pour faire une soupe aux enfants des hameaux de la commune
afin qu’ils ne repartent pas le ventre vide ! Mlle Guillaume est de ces
quelques personnes admirables envers lesquelles la commune de Saint Illide et
ses enfants ont une dette de reconnaissance.
Dans les années 60 l’école a fermé faute d’un
nombre suffisant d’éléves et les bâtiments ont été
transformés par la commune en logements sociaux.
Depuis avec la diminution de la population, les effectifs scolaires ont continué
progressivement à fondre à tel point que pour la rentrée
2009 il n’est prévu que trente élèves dans chacune
des deux écoles laïque et privée (à comparer aux 3
classes de 90 éléves que la seule école laïque comptait
en 1829).
Il est maintenant temps de faire une pose que nous mettrons à profit
pour assister à la messe du dimanche ; Tintin a sonné les grandes
cloches depuis un moment et le tintement de la petite cloche signale aux fidèles
que l’office va commencer ; y assistent les femmes, les enfants et les
plus pieux des hommes. Notre curé, l’abbé Lauzet sort de
la sacristie précédé de deux enfants de chœur aux
sons de l’harmonium tenu par Jeanette Darnis entourée des sœurs
et des membres du chœur de chant ; c’est le début de la messe
au cours de laquelle, à l’heure du prône, notre curé,
du haut de la chaire, fera son sermon sur le thème le plus souvent emprunté
à l’Evangile du jour et qui commencera par"mes bien chers
frères.
Pendant ce temps, les hommes se retrouvent au café Roche où Pierre
Bruel sert les consommations en commentant avec ses clients les dernières
nouvelles de la commune ; l’animation est tout aussi grande parmi les
habitués du café Bachelery.
L’abbé Lauzet a été le curé de la paroisse
pendant de longues années puis il s’est retiré dans sa famille
à Thiezac où il est décédé et inhumé.
L’abbé Rezongle lui succédera et sera le dernier curé
de Saint Illide à plein temps, il vivait à la cure avec ses vieux
parents ; c’est l’abbé Vilmont, curé de Saint Cernin.qui
célébrera ensuite les offices dans sept paroisses dont celle de
Saint Illide puis actuellement le père Jean Marie Tetika Ki Phua .
A la sortie de la messe, les familles se retrouvent sur la place pour échanger
des nouvelles puis se hâtent d’aller chez les commerçants
faire leurs courses qui, pour ceux qui habitent les hameaux les plus éloignés,
sont souvent celles de toute la semaine.
Le retour chez soi, comme l’aller d’ailleurs, se fait à pied
; en effet l’essence est très rare et réservée à
quelques professions (médecin, autobus .) et comme les voitures à
cheval sont l’exception, on marche beaucoup à pied.
Même les petits écoliers sont soumis à ce régime
; pour ceux qui habitent les hameaux éloignés (seul Labontat possède
sa petite école qui a accueilli jusqu’à 33 éléves
ainsi que son église et son cimetière), il faut partir, en sabots
ou en galoches, le matin de très bonne heure (à la nuit pendant
les mois d’hiver) ; les plus grands aident les plus jeunes car, outre
le cartable, il faut emporter la gamelle du repas de midi que le maître
ou la maîtresse fait chauffer sur le poêle à bois de la classe.
Le soir c’est le retour vers la maison ou la ferme familiale.
Certes quelques privilégiés sont mis en pension au couvent pendant
les mois d’hiver, pour les autres, seul le très mauvais temps (grosse
pluie ou neige abondante) est une excuse valable pour manquer la classe et il
faut dire que pendant ces années, nous n’avons pas été
gâtés tant quelques hivers ont vu la neige tomber en abondance
avec souvent le vent à l’origine de congères qui bouchaient
rues et chemins et qu’il fallait déblayer à la main pour
se frayer un passage. Pour être complet, il faut dire que pour diminuer
la longueur du chemin à parcourir par les marcheurs, il existe vers les
différents hameaux des raccourcis, sentiers qui coupent au plus court
à travers prés, bois, landes et ruisseaux. Dans les années
qui suivirent, de moins en moins pratiqués, envahis par la végétation,
ils finiront par se "fermer" ; aujourd’hui, on parle d’en
rouvrir certains pour permettre des randonnées.