Le téléphone à Saint-Illide
« Mr. Watson, come here, I want to see you. » ("M. Watson, venez ici, je veux vous voir").
Non, il ne s'agit pas d'une réplique tirée de Sherlock Holmes mais de la première phrase mythique prononcée par l'inventeur anglais Graham Bell, le 10 mars 1876, dans ce qu'on allait appeler un "téléphone". Cette phrase s'adressait à son assistant qui travaillait dans une pièce voisine.
L'invention va très vite connaître un succès considérable et, même si la Grande Bretagne, l'Allemagne et surtout les Etats-unis ont une longueur d'avance, la France ne veut pas être en reste. On compte des abonnés dès 1881. En juillet 1889, une loi nationalise le téléphone et le réunit aux Postes et Télégraphes. En 1890, on compte 10 000 abonnés en France.
Dès 1889, alors que Saint-Illide n'est pas encore raccordé au réseau, le Conseil municipal anticipe une proposition qui ne lui sera faite que 3 ans plus tard.
Entre temps, les citadins et particulièrement les Parisiens, ne manquent pas de faire discrètement sentir aux Miraliers leur supériorité technologique. Témoin cette lettre à en tête de Maître Notin, le notaire parisien de Virginie Bos-Darnis.
Le 13 octobre 1902, enfin, le Maire reçoit une lettre de la Préfecture lui annonçant que "le Conseil Général a voté la construction d'un réseau téléphonique comprenant toutes les communes du Cantal qui désireraient posséder un bureau téléphonique."
Pour couvrir les frais d'installation, la municipalité devra payer une annuité de 150 F pendant 20 ans.
Le réseau met Aurillac, point aboutisseur, en relations avec une vingtaine de départements et villes, principalement avec Bourg, Troyes, Moulins, Montluçon, Vichy, Marseille, Lyon, Valence, Grenoble, Saint-Etienne, Le Puy, Nevers, Clermont-Ferrand, Riom, Mâcon, Chambéry, Avignon, Versailles, Melun, Paris.
Les autre localités sont toutes en communication avec Paris et avec une certains nombre de villes et localités.
Le Conseil Général fixe la "taxe des conversations" comme suit :
1) Dans le département :
2) Avec les autres départements :
Le conseil Général conclut :
Malgré leur rattachement au réseau, les Miraliers considèreront longtemps le téléphone comme un objet de luxe réservé aux privilégiés. Ils finiront pourtant par s'équiper.
La France compte aujourd'hui environ 41 millions d'abonnés au téléphone fixe dont 264 à Saint-Illide.